Face à une conjoncture marquée par des taux plus élevés, la dette privée s’affirme comme une classe d’actifs séduisante pour les investisseurs en quête de rendements attractifs offrant un profil de risque modéré. Responsable des investissements chez Althos Patrimoine, Maxime Defasy partage ses observations sur les tendances qui façonnent ce marché. Il met en avant l’émergence des fonds evergreen, et souligne à quel point cette dynamique représente pour les investisseurs individuels l’occasion de se positionner sur un segment en pleine expansion.
Maxime Defasy (Althos Patrimoine) : "La dette privée est une classe d’actifs assez magique"
Décideurs. Quelles tendances observez-vous en dette privée ?
Maxime Defasy. De façon structurelle, il s’agit d’une classe d’actifs intéressante. D’un point de vue conjoncturel, les taux étant plus élevés, les rendements le sont aussi. D’autre part, l’offre en dette privée se renforce à destination de la clientèle plus axée sur le retail. Nous étions déjà présents auparavant sur la dette privée, notamment à travers le fonds Eurazeo Private Value Europe 3. C’était l’un de nos seuls moyens de nous exposer à cette classe d’actifs. Depuis deux ans nous voyons arriver des fonds purs, au sein desquels nous nous intéressons principalement aux formats evergreen.
Quel est l’intérêt de la dette privée pour les investisseurs individuels ?
Outre la diversification, la dette privée a un profil de risque particulièrement intéressant. Depuis un an, elle procure des rendements de private equity, entre 10 et 12 %, avec un risque de dette senior, et une volatilité de 3 %. C’est une classe d’actifs assez magique. Mis à part en 2008, il n’y a eu aucune année négative, avec une performance moyenne nette à 9 %. Par ailleurs, avec les formats dits "evergreen", où la liquidité est améliorée, les fonds sont déployés à 100 % dès le versement, et l’intégralité du portefeuille est connue. D’ici à six mois ou un an les taux auront peut-être baissé. Nous aurons alors saisi ce qui pouvait l’être sur la partie des obligations cotées, et il est probable que nous allouions 50 % de notre poche défensive sur la dette privée.
Ce segment exige-t-il des investisseurs d’avoir un horizon de temps particulièrement long ?
Pas nécessairement. Dès lors que le fonds adopte le format perpétuel, ou "evergreen", et qu’il est possible d’en sortir tous les trois mois, la question ne se pose plus. D’autre part, la durée de vie d’un investissement dans la dette privée est en moyenne de trois ans, puisqu’il s’agit principalement de financements d’opérations de LBO. Un tiers du portefeuille est ainsi reversé chaque année. L’investissement est finalement assez liquide. L’horizon de placement visé est de cinq ans, mais dans les faits il tourne plutôt autour de trois, cinq ans.
Comment déterminer la part optimale de dette privée dans un portefeuille global ?
Selon les profils nous allouons entre 10 et 30 % de dette privée dans les portefeuilles. La dette privée a vocation à remplacer la poche des obligations cotées dans les mois et années à venir. Le non coté représente aujourd’hui 50 à 60 % de nos allocations.
Quels sont les critères spécifiques à examiner avant de sélectionner un fonds de dette privée ?
Nous menons une due diligence assez classique, où nous nous penchons sur l’historique et la performance des fonds, la stabilité des équipes et leur savoir-faire. Les bonnes équipes, établies sur le marché, sont connues. Nous voulons minimiser les risques. Nous veillons aussi à la diversification du fonds, en matière sectorielle, de taille de deals et de géographie.
Propos recueillis par Marc Munier