Dans un contexte où les performances de la gestion flexible ont parfois déçu, VIA AM propose une approche alternative basée sur l’écart entre création de richesse réelle et performance boursière des marchés plutôt que sur la volatilité. Guillaume Dolisi, cofondateur et gérant, nous explique comment cette stratégie vise à offrir de meilleurs résultats à long terme.

Décideurs. Comment la gestion flexible a-t-elle évolué ces dernières années, et quel est l’intérêt de ce type de stratégie aujourd’hui ?

Guillaume Dolisi. La gestion flexible et patrimoniale, notamment en France, est largement utilisée, particulièrement par les conseillers en gestion de patrimoine et les banques privées. Cependant, les performances ont pu décevoir. Bien que ces fonds affichent rarement des performances négatives à moyen terme, leurs performances peuvent paraitre faibles en relatif aux indices de référence. La gestion flexible repose souvent sur un double objectif : générer de la performance tout en contrôlant les risques, en particulier la baisse maximale du portefeuille. Toutefois, cette double promesse est difficile à tenir. La pression pour limiter les pertes tend à dominer, ce qui finit par freiner la performance globale. Pour autant, la diversification entre actions et obligations demeure le cœur de l’allocation patrimoniale.

Quelles sont les principales difficultés liées à la gestion flexible ?

Une des principales difficultés est liée à l’utilisation de la volatilité comme indicateur de risque. La gestion flexible intègre souvent des approches de type "risk parity", qui ajustent l’exposition aux actions ou obligations en fonction de la volatilité. Cela signifie que lorsque les marchés baissent et que la volatilité augmente, l’exposition est réduite, mais réaugmente lorsque les marchés se stabilisent, souvent à des niveaux plus élevés. Cette stratégie, bien qu’efficace pour contrôler la baisse, limite également le potentiel de hausse, créant un phénomène de "porte de saloon" où les investisseurs vendent à la baisse et rachètent à la hausse. Or, si l’on observe l’évolution des marchés sur longue période, il faut plutôt profite des fortes baisses pour investir et inversement. D’autres gestions flexibles vont miser sur leur capacité à prédire le timing de futures baisses de façon récurrente. Ici je rappellerai la célèbre citation de Yogi Berra : "il est difficile de faire des prédictions, surtout concernant l'avenir".

Quelle est la solution que vous proposez pour améliorer la gestion flexible ?

Nous avons adopté une approche différente. Plutôt que de se concentrer sur la volatilité ou d’essayer de prédire les fluctuations de marchés, nous pensons qu’il est plus pertinent de baser les décisions d’investissement sur l’écart entre la performance de l’économie réelle de la bourse. Notre recherche tend à démontrer qu’investir dans les marchés actions lorsque les niveaux d’évaluation sont plus faibles augmente statistiquement l’espérance de rendement. Si vous achetez des actifs lorsque les prix sont bas, vous augmentez vos chances de réaliser des gains.

"Les investisseurs devraient être plus exposés aux marchés lorsque ceux-ci sont sous-évalués et inversement"

Inversement, acheter quand les prix sont trop élevés réduit considérablement les rendements attendus. Les investisseurs devraient être plus exposés aux marchés lorsque ceux-ci sont sous-évalués, même si cela implique de supporter une certaine volatilité à court terme. Cette approche demande de la discipline, mais elle s’est avérée historiquement plus rentable.

Comment l’environnement macroéconomique actuel, en particulier la baisse des taux, affecte-t-il la gestion flexible ?

La baisse des taux d’intérêt peut modifier légèrement l’allocation entre actions et obligations, mais cela n’a pas d’impact majeur sur notre stratégie. Les marchés sont influencés par de multiples facteurs, et il est simplement très difficile de prédire les mouvements futurs. Plutôt que de chercher à anticiper les fluctuations des taux ou d’autres variables macroéconomiques, nous nous concentrons sur l’évaluation des actifs et la création de richesse. À long terme, la clé est d’augmenter son exposition aux actifs performants lorsqu’ils sont sous-évalués, plutôt que d’essayer de se rassurer en limitant la volatilité. On fait rarement de bonnes affaires lorsque tout va bien !

Quelle est votre vision de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la gestion flexible ?

L’intelligence artificielle peut être utile dans certains aspects de la gestion, notamment pour traiter rapidement de grandes quantités de données ou analyser des rapports annuels. Toutefois, en ce qui concerne la prédiction des marchés à moyen long-terme, l’IA n’a pas encore démontré de capacités révolutionnaires. Les marchés financiers sont complexes et réflexifs, ce qui signifie qu’ils évoluent en fonction des actions des acteurs eux-mêmes. Cela rend l’exercice de la prédiction extrêmement difficile, même pour des algorithmes avancés. Pour nous, l’IA est surtout un outil de productivité statistique qui permet de mieux gérer certaines tâches, mais elle ne remplace pas l’analyse fondamentale et sa dimension logique, causale.

 

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