Rigueur et professionnalisme sont clés dans l’investissement non coté, et Private Corner l’a bien compris. Après trois ans d’existence et près de 600 millions d’euros collectés, la société affiche clairement ses ambitions pour la nouvelle année, avec notamment le déploiement de son offre en infrastructure et dette privée.
Estelle Dolla (Private Corner) : "Notre approche en volume nous permet d’être compétitifs"
Décideurs. Pouvez-vous présenter Private Corner ?
Estelle Dolla. Nous avons fondé Private Corner en 2019 sous l’impulsion de la loi Pacte avec pour objectif de faire converger deux mondes, que sont les sociétés de gestion et l’écosystème du wealth management. L’idée était de nous donner la capacité d’investir dans des sous-jacents de qualité en non coté, avec le modèle le plus intégré, lisible et transparent possible. Nous étions convaincus de la nécessité pour les clients privés d’accéder à cette classe d’actifs en étant accompagnés par des professionnels de la gestion de patrimoine et de fortune, seul moyen selon nous d’avoir une approche pérenne sur ce type de sous-jacents très techniques.
Quel est le positionnement de Private Corner ?
Private Corner est au cœur de son écosystème. L’année 2023 a été charnière ; 56 % de notre collecte est réalisée en architecture ouverte avec nos partenaires distributeurs et 44 % en fonds dédiés sur des projets sur mesure. Notre visibilité sur ces deux expertises est de plus en plus établie. Notre approche en volume nous permet d’être compétitifs en matière de coût final pour l’investisseur, et donc de préservation de création de valeur, toujours avec une vision à long terme. Enfin, nous avons fait le choix de viser une clientèle patrimoniale intermédiée avec un minimum de souscription de 100 000 euros déployés progressivement sur une période de quatre à cinq ans correspondant à la période d’investissement des fonds sous-jacents sélectionnés. Il est fondamental de répliquer le fonctionnement de la classe d’actifs.
Reste-t-il de l’éducation à faire sur le non coté ?
L’écosystème du non coté est très complexe aujourd’hui. Il existe de plus en plus de segmentations des stratégies et chaque équipe d’investissement fait valoir une expertise propre. La lecture de ce marché est compliquée même pour les partenaires les plus initiés à cette classe d’actifs. Notre rôle est donc de leur apporter une grille de lecture objective afin de leur permettre de positionner leurs clients sur des stratégies d’investissement adaptées à chacun d’eux.
"Les clients privés outre-Atlantique ont une exposition beaucoup plus importante (> 10%) au non coté que leurs homologues européens"
Nous accompagnons nos partenaires afin qu’ils comprennent au mieux toutes les spécificités de cette classe d’actifs. Nous leur permettons de construire une allocation singulière et en parfaite adéquation avec les besoins et les attentes de chacun des clients. C’est la raison pour laquelle nous ne souhaitons pas adresser le marché avec une offre "taille unique". La nature des sous-jacents, les modèles de création de valeur mis en œuvre par les fonds et leurs risques spécifiques méritent d’être compris et nécessitent une éducation permanente afin que l’investissement soit pleinement en adéquation avec les attentes du client.
Comment expliquez-vous la démocratisation de cette classe d’actifs ?
Les clients privés outre-Atlantique investissent entre 10 % et 20 % sur les actifs privés tandis que France Invest plaçait le curseur à moins de 0,01 % du patrimoine financier des particuliers à fin 2021. Partant de ce constat, je ne pense pas que nous puissions aujourd’hui parler de démocratisation, même si des initiatives comme Private Corner ou d’autres contribueront probablement à étendre progressivement cette classe d’actifs dans le patrimoine des particuliers français.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Ce début d’année marque une étape majeure pour nous, avec une collecte de 130 millions d’euros sur notre fonds exposé à la stratégie secondaire du fonds V de Committed Advisors, Private Corner Secondary Fund 2022, soit plus du triple de la taille cible envisagée lors du démarrage de la levée au cours du deuxième trimestre 2022. Nos ambitions : continuer notre croissance, atteindre le milliard de collecte d’ici la fin de l’année, et travailler avec nos partenaires implantés outre-Hexagone pour développer des connexions paneuropéennes. Nous venons de lancer un nouveau fonds PC Feeder Antin Infrastructure V, en partenariat avec Antin Infrastructure Partners, et nous nous apprêtons à lancer un fonds exposant à la stratégie de dette flexible d’un gérant paneuropéen, expertise complémentaire aux différentes stratégies proposées au cours des trois dernières années, mais également très pertinente dans un contexte inflationniste et de hausse des taux.
Propos recueillis par Marine Fleury