Anaqua fournit des solutions de gestion de la propriété intellectuelle. D’envergure internationale, leur plateforme est utilisée par plus d’un million d’innovateurs, dont Servier, un groupe pharmaceutique international gouverné par une fondation. Engagé dans les maladies du métabolisme, les neurosciences et les maladies immunoinflammatoires, ce leader en cardiologie a pour ambition de devenir un acteur reconnu et innovant en oncologie. Jayne Durden, vice-présidente chargée de la stratégie juridique chez Anaqua, et Charlotte Courcelle, responsable du département marques chez Servier, reviennent sur les tendances et technologies propres à la propriété intellectuelle, et plus précisément dans le secteur pharmaceutique.

DÉCIDEURS. Dans l’industrie des marques, et particulièrement dans le secteur pharmaceutique, quelles évolutions avez-vous constatées au cours des douze derniers mois ?

Jayne Durden. L’année dernière, les dépôts de marques ont augmenté. Cela ne s’explique pas seulement par l’augmentation du nombre de produits mis sur le marché, mais aussi par de nouvelles collaborations entre marques et de nouveaux modèles commerciaux. Le Covid-19 a aussi entraîné la création de nouveaux produits ou une diversification chez les fabricants, comme les professionnels du textile qui se sont mis à produire des masques et des équipements de protection individuelle. Les marques et l’innovation sont liées. Si l’innovation augmente, le nombre de marques déposées augmente également. En parallèle, les processus liés à l’enregistrement et à la surveillance d’une marque sont de plus en plus complexes. Plus de marques déposées signifient plus de charge de travail. Avant qu’une marque ne soit mise sur le marché, nous devons procéder à l’évaluation d’au moins cinq marques potentielles, et dans le domaine pharmaceutique les marques potentielles peuvent se compter en centaines.

Charlotte Courcelle. Tout à fait. Dans l’industrie pharmaceutique, aux barrières juridiques de libération de marques s’ajoutent les barrières réglementaires avec les évaluations des agences de santé. Dans une volonté de protection des patients, ces dernières redoublent de vigilance afin que les noms de produits ne prêtent pas à confusion. La sécurité des patients est au cœur de nos préoccupations, aussi bien au moment de la création du nom, qu’au stade de sa sécurisation. L’objectif essentiel est bien d’éviter les erreurs médicamenteuses. Récemment, les règles d’évaluation des noms à l’agence européenne se sont encore renforcées. La " simple " recherche d’antériorité de marque n’est plus suffisante. Ainsi, nous effectuons également nos recherches dans des registres de marques pharmaceutiques en usage et des bases de données enrichies des noms inclus dans les Autorisations de mise sur le marché déposées.

" La “simple” recherche d’antériorité de marque n’est plus suffisante "

Dans ce contexte de vigilance accrue, comment les processus de dépôt de marque ont-ils évolué ?

J. D. Les professionnels des marques doivent effectuer davantage de recherches, plus rapidement. Pour ce faire, ils ont besoin des bons outils, et surtout de ceux adaptés aux spécificités de leur secteur. Un excellent exemple est Pharma-Check de Corsearch. Il s’agit d’un moteur de recherche alimenté par l’algorithme POCA (Phonetic and Orthographic Computer Analysis) de l’administration américaine FDA (Food and Drug Administration), qui regroupe des marques internationales et des bases de données pharmaceutiques. Cet outil permet de vérifier plus facilement les marques pharmaceutiques et montre également le risque potentiel associé à chacune d’entre elles. Nos clients utilisent la plateforme AQX d’Anaqua pour gérer les tâches administratives liées à la vérification des marques, la demande d’enregistrement, puis le suivi des dossiers et le contrôle de chacune des utilisations. Nous avons conçu AQX comme un canal de communication unique entre toutes les équipes impliquées dans la gestion des marques; les équipes marketing, les équipes juridiques et leurs conseillers externes. La plateforme permet de " briser le mur " entre tous les interlocuteurs, en mettant en place des workflows spécialement conçus et en étant la source d’information unique et commune à toutes les personnes concernées.

C. C. Ce mode collaboratif était un des paramètres pris en compte lors du benchmark de nos processus de gestion de marques. Du fait du rayonnement international de Servier, nous collaborons avec d’innombrables avocats spécialisés en PI à l’étranger, avec qui des interactions simplifiées sont de mise. En outre, plutôt que l’augmentation de nos ressources humaines, nous recherchions le perfectionnement de nos outils, tant en termes d’exigence de sécurité informatique, que de performance sur des tâches simples.

Selon vous, comment la protection des marques s’organise-t-elle ?

J. D. Les marques ont une immense valeur, mais le fait de les enregistrer ne suffit pas; elles doivent être surveillées et protégées. Les marques peuvent être contrefaites – lorsqu’une autre marque est identique ou similaire au point de prêter à confusion pour des produits ou services similaires – et peuvent également être victimes de contrefaçon. La contrefaçon est un problème important, d’autant plus que le grand public la considère souvent comme inoffensive. Pourtant, les dangers sont bien réels. Des vaccins contrefaits ont été découverts un mois seulement après le lancement du premier vaccin contre le Covid. Cette crise a permis de sensibiliser la population au danger de la contrefaçon et à l’importance d’avoir des marques authentiques.

" Cette crise a permis de sensibiliser la population au danger de la contrefaçon et à l’importance d’avoir des marques authentiques "

La meilleure façon de se prémunir contre les contrefaçons est de reconnaître que la valeur des marques est essentielle au succès des entreprises et de mobiliser tous les employés pour surveiller les contrefaçons potentielles. Anaqua a développé une application anti-contrefaçon utilisée par un de nos clients automobiles. Les employés peuvent prendre une photo avec leur smartphone et signaler un problème à l’équipe juridique de leur entreprise leur permettant d’agir rapidement si nécessaire. L’application permet également de rassembler de grandes quantités de données nécessaires pour soutenir une action en justice et pour prendre diverses décisions stratégiques.

À l’aune de la multiplication des outils informatiques, qu’en est-il de l’intervention humaine ?

C. C. Dans un groupe comme Servier, dont le portefeuille est composé de plusieurs dizaines de milliers de marques, je vous laisse imaginer les volumes de mails relatifs notamment aux numéros de dépôt ou de publication. Le classement automatique des courriels dans la base de données libérerait jusqu’à 50 % du temps d’un paralegal. Ici, il ne s’agit pas de remplacer les équipes, mais de les suppléer. Plus nous gagnons en productivité sur les tâches répétitives, plus nos équipes se concentrent sur celles à forte valeur ajoutée.

J. D. En effet, les outils Anaqua sont conçus pour être comme votre " meilleur assistant juridique ". Ils viennent en soutien aux équipes de brevets et de marques dans leurs processus de dépôt grâce à des workflows efficaces tout au long du cycle de vie des brevets et marques. AQX réduit les tâches administratives. La plateforme permet ainsi aux membres de l’équipe de passer de la simple saisie de données à des tâches de plus grande valeur. Elle garantit aussi que les avocats obtiennent très facilement et rapidement les bonnes informations, nécessaires pour répondre aux questions stratégiques ou mener des actions d’ordre juridique. Avec Anaqua Connect™, nous construisons également le pont entre les équipes internes des entreprises et leurs cabinets d’avocats, en aidant à automatiser l’échange de données. Toute cette technologie existe pour rendre la vie des gens plus facile et pour leur libérer du temps afin de faire ce qu’ils font le mieux – percevoir les nuances et les connotations, et penser de manière créative. En fin de compte, aucun outil ne peut remplacer la valeur ajoutée d’un cerveau humain.

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