La fintech dirigée par Pieter van der Does s’adresse aussi bien aux petits commerces qu’aux multinationales. Une stratégie couronnée de succès puisque les performances du groupe sont meilleures que la moyenne du secteur. Et, selon les connaisseurs du milieu, ce n’est que le début …

Les Pays-Bas sont un pays renommé pour ses tulipes, ses digues et ses moulins. Mais aussi pour ses géants de la tech qui, grâce au soutien des pouvoirs publics, se portent bien, même s’ils restent méconnus du grand public. C’est le cas d’ASML, plus gros groupe de hardware européen, ou encore d’Adyen qui fait partie des géants mondiaux de la fintech.

Patron visonnaire

L’aventure débute en 2006 sous l’égide de Pieter van der Does, un homme qui a l’entrepreneuriat et la banque en ligne dans le sang. La légende raconte que, dès l’âge de 10 ans, il monte une petite affaire de réparation et de revente de mobylettes. L’argent gagné est immédiatement réinvesti dans des combinaisons et des planches de surf, sa grande passion avec l’alpinisme.

Après des études d’économie à l’université d’Amsterdam et de la Sorbonne, il commence son parcours professionnel chez ING, plus grande banque du pays des polders. Mais, très vite, l’envie d’être son propre patron le reprend. En 1999, avec quelques amis, il crée Bibit, l’une des premières compagnies de paiement en ligne revendue au prix fort à la Royal Bank of Scotland cinq ans plus tard. Atteindre un objectif puis se lancer dans un autre plus ambitieux. Voilà l’esprit d’Adyen qui, au Surinam, signifie repartir de zéro. Pour mieux se hisser vers les sommets.

Clientèle variée

La force principale du groupe est de travailler autant pour les petits commerces ou marketplaces, parfois snobés par la concurrence, que pour les géants du commerce en ligne. Deux mondes aux besoins différents qu’Adyen est parvenu à séduire, notamment grâce à ses tarifs « sur mesure » et sa capacité à livrer des reportings permettant aux clients d’améliorer leur stratégie.

La capitalisation boursière du groupe est plus élevée que celle de BNP Paribas

Côté "petits", le groupe qui a obtenu en 2021 la licence bancaire aux ÉtatsUnis, est présent dans pratiquement tous les pays du globe. Côté "gros", il compte parmi ses clients de nombreux géants américains tels que Airbnb, Uber ou Netflix. Mais aussi des entreprises plus traditionnelles qui mettent le cap vers la vente en ligne à marche forcée telles que LVMH, Boulanger ou L’Oréal.

Des résultats qui donnent le tournis

La stratégie définie par Pieter van der Does et son état-major porte ses fruits puisque le groupe peut se targuer de performances financières à faire pâlir de jalousie les banques traditionnelles mais aussi les rivaux de la fintech. La capitalisation financière d’Adyen atteint 80 milliards d’euros, soit quinze de plus que le français BNP Paribas. Sur le premier semestre 2021, la néo-banque a présenté des revenus nets de 445 millions d’euros, soit une hausse de 46  % par rapport à l’année précédente. Le volume des transactions, pour sa part, est de 216 milliards d’euros, soit une augmentation de 67 % par rapport au premier semestre 2020.

Certes, comme ses concurrents, Adyen a profité de la crise sanitaire qui a permis un formidable essor du secteur e-commerce et de la fintech. Pourtant, le néerlandais fait mieux que la concurrence. Selon une étude d’UBS, la croissance du chiffre d’affaires sur la période 2020-2023 est estimée à 42 % par an, soit plus que Square, le "bébé" de Jack Dorsey. De quoi donner tort aux pessimistes qui estiment que l’Europe est en retard dans la finance de demain…

Lucas Jakubowicz

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