Le fonds de capital-risque indépendant, sponsorisé par la holding de François Pinault Artémis, mise sur les entreprises françaises et européennes qui souhaitent se développer aux États-Unis. Son credo : les investissements dans la tech peuvent être dérisqués, pourvu que l’on fasse preuve de méthodologie.

Depuis sa création en 2017, Red River West joue peu la carte de la communication. Une posture qui n’est pas sans faire penser à celle d’Artémis, la holding de la famille Pinault, sponsor actif de cette plateforme de capital-risque. Mais, à l’occasion de la nomination de deux nouveaux partners (Olivier Huez et Camille Lacourt Munier), l’équipe spécialisée dans le développement des entreprises de la tech française et européenne aux États-Unis en profite pour revenir sur les débuts prometteurs de son premier fonds. Un véhicule de 120 millions d’euros, qui détient huit participations dans des start-up en pleine croissance.

En fait partie le média Brut dont l’influence ne cesse de grandir et qui a même réussi le tour de force de décrocher en décembre dernier une interview d’Emmanuel Macron. "Depuis le départ, ils adressent les valeurs des millennials, explique Alfred Véricel, managing partner et cofondateur de RRW. Ils partent du principe que ces valeurs transcendent les frontières et que lorsque l’on traite l’actualité à travers cet angle, celle-ci intéresse au niveau local mais aussi global. Et ça, ça change tout. Cela permet d’avoir un business model vertueux : on produit le contenu localement pour l’amortir mondialement."

Des start-up choisies avec minutie

Red River West a également investi dans The Collectionist, un Airbnb de l’immobilier de luxe qui connaît une forte croissance en 2020 malgré la crise sanitaire. Si le fonds n’a pris "que" huit participations, c’est parce qu’il entend choisir chacune d’entre elles avec attention et l’accompagner réellement dans son déploiement au pays de l’oncle Sam. "On ne va pas aux États-Unis la fleur au fusil", souligne Alfred Véricel qui connaît bien le sujet pour avoir monté Bestofmedia, un éditeur de sites d’information spécialisés dans la high-tech qui, non sans mal faute de réel soutien à l’époque, s’est déployé à l’international. "Notre portefeuille est volontairement restreint pour que l’on puisse passer suffisamment de temps dans les entreprises. Nous sommes persuadés que nous pouvons dérisquer cette classe d’actifs, mais cela requiert de la méthode."

"Notre portefeuille est volontairement restreint pour que l’on puisse passer suffisamment de temps dans les entreprises"

De la méthode, Red River West n’en manque pas. Le fonds a mis au point une plateforme qui lui permet de détecter les signaux laissés volontairement ou non par les start-up sur internet : nouvelles annonces pour recruter, augmentation du trafic sur les sites, etc. "Nous les traquons en temps réel, ce qui nous permet de conforter nos choix quand nous en avons sourcé par nous-mêmes ou de les repérer grâce à ces datas et donc de nouer des relations avec les entreprises peut-être plus rapidement que les autres fonds", explique Olivier Huez.

Un écosystème porteur

L’équipe est persuadée qu’avec peu de participations RRW affichera du rendement. D’abord grâce à ses méthodes mais aussi parce que le vivier de start-up françaises devient de plus en plus intéressant. "L’écosystème devient extrêmement riche, cela nous frappe depuis 10 ans, poursuit Alfred Véricel. Les entrepreneurs sont de plus en plus passionnés très tôt mais à la fois gagnent énormément en maturité."

Selon les données de RRW, une start-up française qui bénéficie d’une présence aux États-Unis voit son trafic web augmenter de 50 % plus vite que les autres. Et celles qui disposent d’un fonds d’investissement franco-américain ont quatre fois plus de chance d’attirer un investisseur du Top 30 mondial. D’où l’intérêt pour Red River West de compter des associés des deux côtés de l’Atlantique et de renforcer son bureau parisien, avec des profils complémentaires. Mais aussi d’accompagner des entreprises déjà solides puisque RRW s’intéresse aux séries B et au-delà, c’est-à-dire aux start-up en phase de croissance qui cherchent à amorcer leur phase suivante. De quoi rêver à d’autres licornes françaises.

Olivia Vignaud

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