Passé par un cabinet ministériel, homme d’affaires et chef d’entreprise, Jacques Veyrat a changé de cap en quittant la direction du groupe Louis-Dreyfus. Il a fondé avec succès sa propre entreprise en 2011, Impala, une holding française d’investissement.

Après un diplôme de Polytechnique et de l’École nationale des ponts et chaussées, Jacques Veyrat a bâti une partie de sa vie autour du groupe familial Louis-Dreyfus. Bras droit de Robert Louis-Dreyfus pendant 16 ans puis directeur général, Jacques Veyrat se voyait déjà jusqu’à la retraite dans l’entreprise. Mais en 2009, le groupe familial du négoce des matières premières et du transport perd son PDG Robert Louis-Dreyfus, ce qui entraîne le départ de Jacques Veyrat en 2011.

Des opérations habiles

Il saisit alors l’opportunité de fonder sa propre société, Impala, en 2011. Vitesse et initiative sont les maîtres-mots, représentés par l’animal impala qui donne son nom à la société d’investissement française. Impala détient aujourd’hui 2 milliards d’actifs nets. La société se concentre sur cinq secteurs différents : l’énergie, l’industrie, la gestion d’actifs, les marques et la sécurité.

Son intuition ne lui fait pas défaut lorsqu’il décide de saisir le moment opportun pour céder ses parts dans Direct Energie. En avril 2018 il réussit à vendre à Total sa participation de Direct Energie pour un montant de 630 millions d’euros, 12 fois supérieur à l’investissement initial. La même année, alors que les conditions de marché sont périlleuses, il mène une des plus belles introductions en Bourse de l’année avec Neoen, le producteur d’énergies renouvelables. Pour l’ambitieux Jacques Veyrat, c’est une opération à ne pas manquer car les économies et les entreprises se tournent de plus en plus vers le renouvelable. C’est pourquoi 80% des projets d’Impala se portent effectivement autour de l’énergie.

L’audace comme ambition

"J’aime oser des choses jugées trop ambitieuses", déclarait-il en 2018 au magazine Entreprendre. En réalité cette philosophie remonte à l’année 1998. Trouvant alors les prix de France Télécom trop élevés, il décide de lui constituer un concurrent par le biais de la création d’une start-up au sein du groupe Louis-Dreyfus. L’idée était de construire un réseau de tuyaux de télécommunication propre à sa société, à travers la France. Ce réseau est par la suite utilisé par SFR, Free ou encore Bouygues. Malgré de gros risques, dès la première année, ils investissent 500 millions d’euros dans la société. Pari tenu, son initiative est récompensée. Il a su saisir la double opportunité, celle de l’ouverture à la concurrence dans les télécoms et l’arrivée d’internet. Quasiment dix ans plus tard, en décembre 2007, il revend Neuf Cegetel à SFR. Sa hardiesse s’illustre également dans son choix d’entreprises. Les situations complexes ne lui font pas peur. En dehors de l’énergie, un autre attrait de sélection concerne les petites sociétés qui perdent de l’argent et qui n’ont pas encore atteint leur taille critique.

"J’aime oser des choses jugées trop ambitieuses"

Désormais il porte une triple casquette : chef d’entreprise, président et conseiller. Cet homme d’action est devenu, au cours de l’été 2017, le président non exécutif du conseil d’administration du groupe Fnac Darty, avec Enrique Martinez, et depuis deux ans, grâce à sa connaissance pointue de l’investissement, il conseille KKR, le quatrième fonds d’investissement mondial. Ce triple rôle n’impacte pas son efficacité et il voit cela comme une opportunité pour travailler sur des dossiers tous complètement différents mais pouvant aboutir, pour Impala, à des investissement potentiels et inédits à savoir le private equity dans la tech et en dette. Comme il aime bien le rappeler, "même pas peur".

Agathe Giraud

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