Sauveur de PSA, Carlos Tavares, aux manettes du groupe depuis 2014, a su maintenir une marge opérationnelle positive malgré le contexte de crise sanitaire récent. L’ancien numéro deux de Renault est dorénavant à la tête du quatrième groupe automobile mondial.

Tapis. C’est sur un coup de poker que Carlos Tavares prend la tête du groupe PSA en 2014. Après trente ans chez Renault, dont deux dans l’ombre de Carlos Ghosn, ce diplômé de Centrale scelle son départ en faisant part de son ambition de diriger un constructeur automobile.

L’ascète du volant

Le pilote de course prend les rênes d’une entreprise alors au bord de la faillite. En trois ans, il remet le groupe dans le vert grâce à une gestion stricte. Réduction du nombre de références de véhicules, des frais de développement de nouveaux modèles, coupes dans les effectifs, etc. En 2017, il rachète Opel, qu’il sort de vingt ans de déficit. Sous sa houlette, PSA améliore ses marges avec un prix de vente moyen dépassant celui de ses concurrents.

Des efforts qui paient, puisque PSA demeure rentable au premier semestre 2020. Malgré une chute de 67,5 % du bénéfice net, dans un contexte de crise, à 595 millions d’euros, le groupe dégage une marge opérationnelle de 2,1 % - contre 8,5 % l’année précédente. Un résultat qui "démontre la résilience du groupe, récompense de six années consécutives de travail intense", commente le dirigeant. Une solidité de bon augure pour la fusion avec FCA, actée en janvier 2021. L’ingénieur, qui peut se targuer d’associer compétences techniques, opérationnelles et financières, a pris la tête du nouveau géant, Stellantis.

L’artisan de la fusion PSA-FCA

Le rapprochement avec le constructeur turinois a bien failli lui passer sous le nez. En dépit des différents projets d’alliance avec la marque au lion dans le passé, c’est Renault qui semble attirer les faveurs de Fiat Chrysler Automobiles, en mai 2019. L’idée ne plaît pas à Carlos Tavares. Il envoie une note le jour même à son conseil de surveillance : le deal serait à l’avantage des italiens. Ces derniers retireront leur offre quelques semaines plus tard. Les discussions entre les familles Agnelli et Peugeot aboutissent, à l’automne dernier, sur un Memorandum of Understanding. Lequel s’accorde sur une fusion entre égaux, présidée par John Elkann et dont la direction générale serait confiée à Carlos Tavares pendant au moins cinq ans.

L’ancien numéro deux de Renault, sauveur de PSA et redresseur d’Opel, s’apprête à diriger Stellantis, fruit de la fusion avec l’italo-américain FCA.

Alors que la crise aurait pu remettre en cause le mariage, le patron de PSA réitère les bénéfices à long terme du rapprochement, qui "s’apprécient sur une durée de dix ans, pour ne pas dire vingt". Quant à la question de rééquilibrer l’accord à la faveur du français, sans en écarter la possibilité, il rétorque que ce n’est pas le moment. Le Portugais élevé par une professeur de français et un assureur s’apprête donc à piloter le quatrième constructeur automobile mondial - derrière Volkswagen, Toyota et Renault-Nissan-Mitsubishi – avec 8,7 millions de véhicules dans le monde pour près de 167 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le communiqué d’entente entre les deux groupes précise que "la nouvelle entité aura le leadership, les ressources et la taille lui permettant d'être en première ligne de la nouvelle ère de la mobilité durable".

Le défenseur des constructeurs

En matière de mobilité durable, le groupe a pris des engagements. Premier dépositaire de brevets en France en 2019, PSA investit principalement dans des technologies visant à réduire les émissions de CO2, ainsi que dans la connectivité et les aides à la conduite. Celui qui dénonçait le "diktat" de l’Europe – qui impose de réduire de près de 40 % les émissions CO2 sur les voitures neuves d’ici à 2030 – prévient que certains constructeurs se retrouveront en difficulté. À propos de l’électrique, Carlos Tavares estime qu’il "reste encore beaucoup à faire". Son nouveau défi pour la prochaine décennie ?

Anne-Gabrielle Mangeret

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