Nommé à la tête d’Unicredit à l’été 2016, le banquier français n’hésite pas à prendre de lourdes décisions afin de redresser son établissement. Les premiers résultats sont au rendez-vous et le nom de Jean Pierre Mustier est régulièrement cité pour des postes prestigieux.

Elles sont le maillon faible financier de l’Europe. La crise de 2008 a révélé au grand jour les difficultés des banques italiennes2008 a révélé au grand jour les difficultés des banques italiennes. Bien que leurs bilans subissent des cures d’assainissement, leurs créances douteuses ne rassurent pas les marchés, qui, régulièrement, lorsque le Vieux Continent connaît des tensions économiques ou politiques, les sanctionnent en Bourse. C’est peu dire que prendre la tête d’une banque italienne peut relever du défi. Un homme s’illustre pourtant dans l’exercice : Jean Pierre Mustier.

Couper dans le vif

Arrivé à la tête d’Unicredit en juillet 2016, ce Français d’aujourd’hui 59 ans, avait du pain sur la planche, l’établissement basé à Milan présentant des signes inquiétants de faiblesse. Jean Pierre Mustier lance alors une augmentation de capital de pas moins de 13 milliards d’euros de manière à éponger les pertes liées à ses crédits douteux. Depuis, il n’a cessé de restructurer et de faire le ménage dans le portefeuille de la banque. Il a notamment cédé à Amundi le gestionnaire d’actifs Pioneer ou encore une partie de sa participation dans le courtier en ligne Finecobank.

En 2019, l’homme fort d’Unicredit présente son plan stratégique pour 2020-2023. Et Jean Pierre Mustier n’hésite pas à couper dans le vif : 8 000 postes doivent être supprimés d’ici à 2023 (en sus des 14 000 déjà actés). "Au cours du plan, nous prévoyons de créer 16 milliards de valeur totale pour les investisseurs à travers une combinaison de dividendes et de rachats d’actions, ainsi que par une augmentation des fonds propres tangibles", commentait-il.

Le nom de ce banquier – souvent considéré comme l’un des meilleurs de sa génération – se  retrouve régulièrement cité pour d’autres postes prestigieux.

Un style radical mais efficace. Le nom de ce banquier – souvent considéré comme l’un des meilleurs de sa génération – se  retrouve ainsi régulièrement cité pour d’autres postes prestigieux. Pressenti il y a quelques mois pour prendre la tête de la plus grande banque européenne, HSBC, Jean Pierre Mustier a finalement décliné la proposition. Des rumeurs ont également couru sur ses velléités de rapprochement entre la Société générale et Unicredit. Si une fusion ne s’avère en réalité pas à l’ordre du jour, d'autres bruits de couloirs en disent long sur ses ambitions pour l’établissement italien.

Au-delà d'Unicredit

D’ailleurs, selon les informations de Challenges, le dossier de Jean Pierre Mustier fait partie de ceux à l’étude dans le cadre de la préparation de la succession de Frédéric Oudéa à la tête de la Société générale. Laquelle pourrait advenir en 2023. Les deux hommes se connaissent de longue date, s’étant croisés sur les bancs de Polytechnique. Plus encore, Jean Pierre Mustier (également diplômé des Mines) a travaillé pour la banque au logo rouge et noir dès 1987, principalement au sein de la division corporate & investment banking, où il a occupé plusieurs fonctions sur les différents marchés et dans des activités de financement, que ce soit en Europe, Asie ou encore aux États-Unis.

En 2003, il prend même la tête de CIB et devient également directeur général adjoint du groupe. Pendant cette période, il sera le N + 7 de Jérôme Kerviel. Jean Pierre Mustier rejoint deux ans plus tard Unicredit en qualité de DG adjoint, responsable de la banque d’investissement. En 2015, le banquier rallie Londres pour y devenir associé du gestionnaire d’actifs Tikehau Capital, où il planchera notamment sur l’expansion à l’international. Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’Unicredit le rappelle. Le conseil d’administration ne doit pas regretter son choix. 

Olivia Vignaud

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