D’après un sondage de la Fevad paru ce mardi, l’e-commerce voit son activité baisser depuis le 15 mars. Les cybermarchands font face à des problèmes logistiques et se montrent très pessimistes si le confinement venait à s’allonger.

Les Français n’ont plus la tête à consommer. Malgré le confinement, le secteur du e-commerce subit une baisse d’activité. C’est ce que révèle une étude réalisée par la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) réalisée du 23 au 25 mars auprès de 136 sites. Les trois quarts ont enregistré un recul de leurs ventes depuis le 15 mars et pour la moitié d’entre eux, le recul est de plus de 50%. La mode et l’équipement de la maison font partie des secteurs les plus touchés.

Les sites marchands sont par ailleurs nombreux à déclarer avoir déjà des difficultés d’approvisionnement (40%) et 48% s’attentent à ce que cela se produise.

La mode et l’équipement de la maison font partie des secteurs les plus touchés

Seule une minorité (18%) a vu son activité augmenter. L’alimentaire tire logiquement son épingle du jeu mais aussi la téléphonie-informatique en raison du développement soudain du télétravail. Les achats en ligne de produits culturels et éducatifs progressent également. Les ventes de puzzle ont, par exemple, augmenté de 122% sur un an. Pour rappel, l’e-commerce a atteint 103 milliards d’euros en 2019 porté par une croissance de 11,6%. Sur dix ans, les ventes en ligne ont été multipliées par quatre.

De fortes difficultés logistiques

Pour faire face aux nouvelles contraintes sanitaires et à la chute des ventes, les e-commerçants ont dû adapter leur organisation. Actuellement, 82% des entreprises pratiquent le télétravail, 66% ont recours au chômage partiel et 22% ont fermé certains sites.

Outre l’impact sur les ressources humaines, la logistique est également très perturbée aussi bien dans les entrepôts que chez les prestataires logistiques. Cela a notamment des conséquences sur les délais de livraison : 85% des sites notent un allongement des délais pour livrer les colis aux cyberacheteurs. 29% d’entre eux ont enregistré des annulations de commandes.

85% des sites notent un allongement des délais pour livrer les colis aux cyberacheteurs

Afin de pallier la fermeture des commerces servant de points retraits, un tiers des sites proposent la gratuité ou des frais réduits pour la livraison des commandes à domicile. Enfin, la majorité des sites propose aujourd’hui un allongement du droit de rétractation en offrant aux clients la possibilité de retourner les produits dans un délai de 30 à 60 jours, contre 14 jours en temps normal, afin de tenir compte des limitations de déplacements imposées par le confinement.

Un possible changement des habitudes de consommation

Une majorité des e-commerçants juge globalement satisfaisant le plan de soutien du gouvernement, une forte inquiétude domine malgré tout chez les professionnels quant à l’avenir car près de 40% des entreprises estiment qu’elles ne pourront pas résister économiquement si la situation actuelle venait à durer plus de trois mois.

Cette année marquera un coup d’arrêt pour le secteur, cependant la période de confinement pourrait changer les habitudes de consommation des Français.

La tendance des livraisons à domicile pourrait s'inscrire dans le temps

Dès le début du confinement, le cabinet Nielsen a observé une croissance de 30% des commandes pour les drives et la livraison à domicile. Cette évolution pourrait s’inscrire dans le temps, particulièrement « la livraison à domicile qui ne touchait qu’une faible part des foyers en comparaison du drive » note le cabinet.

En Chine, l’épidémie du SRAS de 2003 a contribué à porter la part du e-commerce dans les produits de grande consommation à 25%. Avant la crise sanitaire, elle se situait à moins de 6% en France.

Victor Noiret

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