Avec la Banque des territoires créée en 2018, la Caisse des Dépôts a souhaité rassembler ses outils de financement et d'investissement à destination des collectivités sous une même bannière. Comment la nouvelle entité articule-t-elle concrètement performance économique et proximité avec l’ensemble des territoires ? Quelle vision sous-tend son projet ? Entretien avec Olivier Sichel, son directeur.

Décideurs. En quoi votre mode opératoire est-il concrètement distinctif pour les collectivités ?

Olivier Sichel. La Banque des Territoires n’est pas une banque comme une autre. Elle remplit une mission d’intérêt général. Nous accompagnons les collectivités de bout en bout dans leur développement. Ceci, depuis l’élaboration d’une stratégie de territoire jusqu’au financement et à la mise en œuvre des projets, y compris dans les plus petits territoires (villes moyennes, territoires ruraux, etc.).
Notre particularité est que nous ne nous inscrivons pas dans une logique de subvention comme d’autres opérateurs publics, mais dans une logique d’investissement-prêt. Nous challengeons le modèle économique des projets pour en garantir la viabilité. Le cas échéant, nous finançons des études d’ingénierie territoriale afin que le projet soit le plus abouti possible. Notre préoccupation de l’intérêt général nous amène cependant à privilégier l’investissement à long terme voire à très long terme. Nous veillons à ce que nos investissements contribuent à une création de valeur qui ne soit pas seulement économique, mais aussi sociétale et environnementale.

Avez-vous le sentiment que votre marque est aujourd’hui suffisamment installée et votre action identifiée ?

Dès notre création, nous sommes allés à la rencontre de nos clients dans les territoires français pour expliquer notre mission et présenter nos offres, en insistant sur les valeurs qui nous animent : plus de lisibilité, de proximité, de simplicité et de réactivité. Les retours qui nous parviennent depuis quelques mois sont très positifs, notamment de la part des élus des collectivités locales. La marque Banque des Territoires est effectivement jeune mais elle jouissait déjà, six mois après sa création, d’une notoriété élevée : en novembre 2018, plus des trois quarts des collectivités affirmaient nous connaître, avant même la création du site banquedesterritoires.fr. Les collectivités locales sont plus d’un tiers à déclarer avoir plus envie de travailler avec nous qu’avant*.

Les prêts font partis du savoir-faire historique de la Caisse des dépôts.  Quelle est votre vision des nouvelles plateformes digitales se proposant de jouer les intermédiaires pour les collectivités ?

Les market places sont une tendance clé dans tous les secteurs de l’économie. Naturellement, nous sommes donc très attentifs à celles qui se créent dans nos domaines d’interventions : les prêts, mais pas seulement ! Le digital et l’innovation sont au cœur de l’ADN de la Banque des Territoires et nous avons nous-mêmes vocation à mettre en lien les collectivités avec les offreurs de solutions qui peuvent le mieux les aider dans leurs projets. Nous le faisons par exemple dans le domaine de la smart city sur notre plateforme.

Si vous deviez citer deux projets, réalisés ou à venir, incarnant au mieux votre raison d’être ?

Depuis 2018, la Banque des territoires s’investit dans le Bassin Minier en mettant en place une équipe dédiée qui fournit un travail dense d’échanges et de rencontres avec les équipes des collectivités territoriales. Ce travail a mis en évidence leur très forte attente pour la contribution en ingénierie et conseil de la Banque des Territoires. Ainsi, 59 projets ont été identifiés pour lesquels une trentaine d’études sont d’ores et déjà lancées. La Banque des Territoires, via CDC Habitat, filiale de la Caisse des Dépôts, est par ailleurs engagée aux côtés de Maisons et Cités pour la rénovation des cités minières, à hauteur de 34%. L’objectif est de réhabiliter 20 000 logements sur 10 ans. Premier bailleur social des Hauts-de-France, Maisons et Cités gère un patrimoine de 64 000 logements, principalement des maisons individuelles avec jardin, situé sur le Bassin minier. Il y a également l’accompagnement d’un projet autour de l’avenir de Fessenheim. Pour rappeler le contexte, la centrale nucléaire arrêtera définitivement sa production d’ici l’été 2020. Le développement économique, la transition énergétique et l‘industrie du futur sont des enjeux déterminants pour ce projet, afin de donner un nouvel avenir à ce territoire rhénan.

Propos recueillis par Laetitia Sellam

*Données issues de l’enquête « Suivi de l’impact du lancement de la Banque des Territoires » réalisée en novembre 2018 auprès d’un échantillon représentatif de collectivités locales, d’organismes de logement social et de notaires. 

Cette interview est extraite du guide Acteurs Publics et Entreprises qui sera disponible en décembre. 

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