Une exposition mise en place par la Fondation Bouygues Immobilier décrypte comment l’innovation et l’économie solidaire s’incarnent au cœur des villes en redynamisant le modèle associatif, à l’heure où les financements publics se réduisent.

À quoi la ville du futur ressemblera-t-elle ? Si l’on a longtemps abordé le renouvellement urbain sous l’angle technologique avec la smart city, depuis peu, cette conception tend à laisser place à la living city, remettant ainsi l’humain au centre du jeu. Si la ville fait preuve d’intelligence, c’est d’abord grâce et avec des citoyens intelligents. C’est sur cette conviction que s’appuie l’exposition de la Fondation Bouygues Immobilier intitulée « Décloisonnons la ville ! Quand les citoyens transforment leur mode de vie ». Mobilité partagée, habitat participatif, restauration solidaire, cultures maraîchères, occupation provisoire des friches urbaines… Plus d’une centaine d’exemples témoignent de ces nouveaux usages. « La Fondation Bouygues Immobilier veut contribuer à rendre la ville plus humaine en travaillant sur deux axes. D’abord, la ville durable et désirable de demain. Ensuite, les solidarités urbaines », rappelle Valérie Petibon, directrice communication, marketing et RSE chez Bouygues Immobilier, précisant qu’« explorer les formes d’innovation sociale émergentes pour cette exposition a permis de faire bien coïncider ces deux orientations ».  Au-delà d’un large panorama passionnant d’initiatives qui nous fait nous promener de Detroit (USA) à la périphérie d’Aubervilliers en passant par les rives de la Garonne, l’exposition se fait l’écho d’une nouvelle scène urbaine qui réinvente les modes de « faire la ville ».

Une hybridation du modèle associatif  

« On assiste à l’émergence d’un tissu de nouveaux acteurs. Certains sont issus de l’économie sociale et solidaire mais pas tous. Ces "nouveaux entrants" viennent en complément du tissu associatif classique et s’en distinguent par leur volonté de construire des modèles financiers plus robustes », remarque Valérie Petitbon.  
Ticket for Change illustre bien cette volonté en diversifiant ses sources de financement. Lauréate du French impact, l'appel à projets du ministère de la Transition écologique, la structure bénéficie également de mécénat d’entreprises privées. École « nouvelle génération », elle accompagne « ceux qui souhaitent avoir un impact positif sur la société par leur travail mais ne savent pas comment. » Entrepreneurs avec des programmes à vocation sociale et environnementale, salariés souhaitant contribuer à transformer leur organisation, personnes en reconversion en quête d’un emploi avec plus de sens… À l’aide de cours gratuits (MOOC) et de programmes intensifs, Ticket for Change a contribué à la création de plus de 1396 entreprises depuis sa création en 2014.

Ces nouvelles structures entendent moins compter sur les financements publics qui tendent à se raréfier. Le challenge est de se déployer plus largement sur l’ensemble du territoire une fois qu’une réussite locale est installée et de viser une certaine pérennité. L’exemple audacieux de Plateau urbain montre la voie. Cette coopérative d'urbanisme temporaire qui propose la mise à disposition d’espaces vacants à des entrepreneurs, a acquis un véritable savoir-faire pour valoriser des sites en déshérence. Les bâtiments en friche de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris, rebaptisés « Les grands voisins » se sont faits, depuis 2015, le laboratoire à ciel ouvert de multiples événements, ateliers et rencontres culturelles et sociales. Cette expérience, soutenue par la ville de Paris, préfigure la réalisation d’un écoquartier qui s’achèvera en 2023 où bailleurs et promoteurs testeront de nouvelles formes d’habitat.
Mais comment reproduire les mêmes réussites sur d’autres territoires ? « Il faut trouver une méthodologie qui s’adapte au local. Solidarité, durabilité, emploi, logement… Si les problématiques sont identiques, les territoires ne se ressemblent jamais », prévient Valérie Petitbon indiquant que le lien social et le mieux vivre sont des critères désormais intégrés aux programmes de Bouygues Immobilier, une préoccupation qui n’était pas à l’origine celle de l’opérateur privé.

Agriculture urbaine en devenir 

L’engouement généralisé des collectivités, des entreprises et des usagers pour l’agriculture urbaine pourrait bien illustrer le changement en cours en faisant converger de nouvelles manières de produire. « Les modèles économiques de l’agriculture urbaine ne sont pas encore avérés mais beaucoup d’acteurs très diversifiés s’y intéressent. C’est un sujet majeur de la fabrique de la ville de demain. Nous sommes en train d’observer cette émergence de près, afin d’identifier des modèles qui soient viables dans le temps », précise la directrice de la communication. Vertu écologique, bien-être, préservation de la biodiversité, éducation, emplois… Le besoin d’agriculture sur le bitume est avéré. La ville, terrain résolument fertile.

Laetitia Sellam
@Klaetitias


L’exposition est présenté à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris, jusqu’au 11 mars 2019. Elle se déplacera à Lyon puis Marseille dans le courant de l’année 2019.

 

 

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