N’avoir besoin d’aucun moyen de paiement sur soi, ne plus attendre à la caisse, quel consommateur ne rêve pas d’être libéré de ces contraintes ? Alors le paiement sans contact est plébiscité par les Français et devrait dépasser les deux milliards de transactions au cours de l’année 2018, il pourrait être rapidement dépassé. Quelles sont les innovations encore en matière de paiement invisible ?

 « Vous avez la carte du magasin ? » ; « Vous réglez comment ? » Ces sempiternelles questions entendues à chacun de nos passages en caisse ne seront, peut-être, bientôt plus que de lointains souvenirs. Les wallets, applications de paiement par téléphone mobile, sont déjà proposés par les plus grands opérateurs et les géants des nouvelles technologies. Le principe est simple. L’application fonctionne comme un portefeuille électronique relié au compte bancaire de l’utilisateur, dans lequel sont également stockés cartes de fidélité, coupons de réduction et offres promotionnelles. Le client a la possibilité de les utiliser aussi bien dans les magasins traditionnels que virtuels. 

Plus innovant encore et sans même avoir besoin d’utiliser son téléphone, voici « Smile to pay ». Mis au point par Alibaba et à l’essai sur les bornes en libre-service des restaurants KFC chinois. Ce système relie le terminal de commande au compte Alibaba de l’acheteur. Le consommateur est pris en photo, l’appareil compare les points de reconnaissance faciale de l’image à ceux du titulaire du compte et authentifie l'identité de la personne souhaitant réaliser l'achat.

Les concepteurs rivalisent d’idées pour aller encore plus loin dans la dématérialisation et l’absence de toute entrave pour l’utilisateur

Alibaba n'est pas le seul géant mondial de l'e-commerce à faire preuve d'imagination sur ces questions. Le 22 janvier 2018, Amazon a inauguré à Seattle son premier magasin sans caisse et annonce l’ouverture prochaine d’un deuxième Amazon Go à Chicago. Le concept est encore plus avant-gardiste. Le client entre dans la boutique, s’identifie via son téléphone, où sont enregistrées les coordonnées de son compte bancaire et de son compte Amazon, avant de remplir son panier. Chacun de ses actes d’achat est identifié par des capteurs et des caméras placés dans les rayons.  L’acheteur ressort sans avoir besoin de régler physiquement. Toutefois, son compte est débité du montant de ses achats et sa facture envoyée.
En France, Snapp’ a développé l’application Monop’Easy, à l’essai dans un Monoprix parisien. Elle fonctionne sur le même principe mais avec la nécessité pour le consommateur de scanner ses articles un à un.

Les concepteurs rivalisent d’idées pour aller encore plus loin dans la dématérialisation et l’absence de toute entrave pour l’utilisateur au moment de régler ses achats. Dans leurs cartons, on peut dénicher les paiements par bot via messagerie avec reconnaissance vocale. La Fnac, par exemple, a lancé un « voicebot » avec l'enceinte connectée Google Home pour que les adhérents de l'enseigne puissent consulter les nouveautés et acheter le produit de leur choix au seul son de leur voix.
Citons également les wearables, ces accessoires intégrant de la technologie et pouvant se présenter sous forme de casque, de montre, de bracelet ou de bague. Visa travaille même à l’élaboration d’une puce sous forme d’autocollant placée sur la main du client et détectable par le terminal de paiement.

Les consommateurs auraient donc tout à gagner avec ces innovations en matière de facilité, de gain de temps et de souplesse dans les actes d’achat. Pourtant plusieurs questions taraudent, ne serait-ce qu’en matière de sécurité et de protection des données.

Les principales inquiétudes face à toutes ces technologies visant à nous faciliter la vie au quotidien résident dans les risques d’utilisations frauduleuses. La capacité des développeurs à imaginer toutes les parades sera essentielle pour leur mise en œuvre. Les créateurs de ces solutions en ont bien conscience et proposent déjà des protections. « Le consommateur entre son numéro de carte bleue dans son wallet et, lorsqu’il veut réaliser une transaction, un token [NDLR : numéro à usage unique] est généré par l’application et communiqué au commerçant, sans qu’il ait en sa possession votre vrai numéro de CB », explique ainsi sur le site du Nouvel Economiste Olivier Gabrielli, responsable innovation et paiements digitaux chez Mastercard France. Une autre réponse consiste dans la reconnaissance digitale, déjà testée par quelques acteurs du marché pour valider un achat.

Il semble légitime, à l’heure où les données personnelles sont de plus en plus sujettes à être exploitées par les ténors de la Toile aux dépens de leurs propriétaires, d’avoir des garanties quant à leur protection de la part de ceux qui vont les récupérer. À ce sujet, malgré les dispositions et réglementations entrées en vigueur récemment au niveau européen, avec la directive sur les services de paiement (PSD2) et le règlement général pour la protection des données (RGPD), le travail de pédagogie et de réassurance vis-à-vis des consommateurs reste un enjeu majeur pour le succès du déploiement de ces moyens de paiement.

Les mots « Liberté, simplicité et fluidité » ne demandent qu’à se voir adjoindre celui de « sécurité » pour former un carré d’as gagnant pour les utilisateurs de ces innovations.

Philippe Labrunie
 

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