Une année 2017 marquée par des résultats records, une politique R&D inchangée depuis près de dix ans et une joint-venture avec Siemens « qui dégagera 2 milliards de chiffre d’affaires d’ici à 2022 », Jacques Aschenbroich, P-DG de Valeo, revient sur les leviers qui permettent à son groupe de maintenir ses prévisions de croissance.

« Nous maintenons nos prévisions de 27 milliards d’euros pour 2021 »

Âge : 64 ans

Ancienneté : 9 ans

Secteur : Automobile

Chiffre d’affaires : 18,5 MD€

Taux de croissance : 52,9 % depuis 2013

 

Décideurs. Quels ont été les événements marquants de 2017 ?

Jacques Aschenbroich. Sans hésiter, je répondrais la croissance et la rentabilité. La croissance de Valeo a atteint en 2017 des niveaux records : non seulement le chiffre d’affaires a progressé de 12 % à 18,6 milliards mais nos prises de commandes ont atteint 27,6 milliards, soit 17 % de plus qu’en 2016. À cela s’ajoutent celles enregistrées par la joint-venture Siemens-Valeo qui ont ­représenté 6,1 milliards d’euros l’an dernier et 10 milliards à fin février. Cela fait de 2017 une année tout à fait exceptionnelle.

Comment expliquer que certains ­analystes se soient dits déçus à ­l’annonce de vos résultats ?

Du fait que je me sois montré prudent pour 2018, qui est une année de transition durant laquelle notre niveau de croissance organique ne devrait pas dépasser 5 % alors qu’il devrait se situer aux alentours de 10 % l’an prochain. Tout cela est conforme à notre plan à 2021. Sur le premier trimestre de cette année, grâce aux acquisitions que nous avons faites l’an dernier, notre croissance est de 8,5 %. La croissance organique, elle, n’est que de 1 %, mais à comparer à un premier trimestre 2017 qui était en croissance de 13 %.

Vous avez été élu quatrième patron le plus performant au monde par la Harvard Business Review… Comment ­interprétez-vous ce titre ?

J’y vois d’abord une belle reconnaissance pour l’ensemble de nos équipes qui ont ­réalisé un travail formidable. Cela salue ­également notre positionnement pertinent sur les trois révolutions du marché automobile – le véhicule électrique, le véhicule autonome et la mobilité digitale – et les bons choix stratégiques en matière de R&D et d’investissement sur ces domaines. À cela s’ajoute le fait que, entre 2009 – date à laquelle nous avons opéré ces choix – et l’an dernier, nous avons multiplié par 2,5 notre chiffre d’affaires et par près de 20 notre ­capitalisation boursière.

« Entre 2009 et 2017, nous avons multiplié notre capitalisation boursière par vingt »

Depuis des années Valeo voit ses résultats progresser malgré des dépenses R&D en hausse. Cela sera-t-il encore le cas cette année ?

Concernant notre politique R&D, pas de changement. Une stratégie de cette nature se déploie sur le long terme et on en voit le résultat : notre chiffre d’affaires était de 16,5 milliards en 2016, de 18,6 milliards en 2017 et nous maintenons nos prévisions de 27 milliards pour 2021. Nos dépenses totales en R&D resteront de l’ordre de 10 % de notre chiffre d’affaires. En revanche, notre joint-venture Valeo-Siemens aura un impact négatif sur les comptes en 2018 et 2019. C’est le prix à payer pour structurer cette grosse start-up qui dégagera 2 milliards de chiffre d’affaires d’ici à 2022. C’est pourquoi nous tablons, cette année, sur une stabilité de notre rentabilité avant la prise en compte de l’impact de Valeo-Siemens.

La Chine reste-t-elle l’un de vos axes de croissance privilégiés ?

Absolument : pour ce qui est de l’industrie automobile, la Chine est le premier pays au monde et notre premier marché. ­Continuer à nous y développer est une nécessité ­absolue, d’autant que les acteurs présents sur ce territoire, qu’ils soient chinois ou étrangers, investissent ­massivement dans le véhicule électrique et commencent à s’intéresser à la ­voiture ­autonome, deux domaines où nous sommes très présents et où la Chine est appelée à peser. Un exemple : sur les dix milliards de prises de commandes ­réalisées par Valeo-Siemens à fin février, cinq viennent de Chine.

Qu’en est-il de l’Inde ?

Je pense que l’Inde sera la prochaine Chine. Le chiffre d’affaires que nous y réalisons aujourd’hui est semblable à celui que nous connaissions en Chine en 2007. La croissance dans ce pays sera sans doute moins linéaire, mais nous y avons une base commerciale et industrielle exceptionnelle. C’est pourquoi j’y vois l’un de nos futurs relais de croissance.

Propos recueillis par Caroline Castets

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