La direction juridique doit embrasser toutes les possibilités offertes par la transformation digitale pour jouer un rôle toujours plus central dans les entreprises. Retour avec Pierre Netter, directeur général de Legalcuster, sur cette évolution incontournable de la profession.

Décideurs. Quelles sont les ambitions de Legalcluster, votre produit phare ?

Pierre Netter. Nous sommes partis d’un constat simple. Toutes les grandes fonctions expertes de l’entreprise se digitalisent. La direction commerciale s’appuie sur un logiciel de CRM pour optimiser ses opérations, les ressources humaines ont leur SIRH et la direction financière travaillent plus efficacement que jamais grâce à un ERP. Contrairement à ces métiers, la direction juridique ne dispose pas d’outil équivalent, abordant l’ensemble de ses aires de compétences sous un angle transversal. Pourtant, ses décisions irriguent toute l’entreprise et ses interlocuteurs sont aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la société. Notre ambition principale est donc de créer la première Legal Management Platform (LMP) pour accompagner la transformation des fonctions juridiques dans leur globalité. Legalcluster est une technologie facile d’accès, imaginée pour améliorer la productivité des juristes.

Comment le problème de la transformation digitale des directions juridiques a-t-il été traité jusqu’à présent ?

Certains imaginent se digitaliser en adoptant le dernier logiciel à la mode. Ils font fausse route. Il est nécessaire d’identifier dans un premier temps ses besoins véritables à travers une analyse de ses méthodes de travail et de ses workflows. Ce n’est qu’ensuite qu’intervient le choix de l’outil qui respectera les enseignements mis en lumière. Nous parlons alors de matrices décisionnelles qui permettent d’opter définitivement pour la solution adéquate. Aujourd’hui, lorsque nous discutons avec des directions juridiques, nous commençons toujours par les interroger sur leurs problématiques quotidiennes, les points d’achoppement de leurs process, leurs stratégies de traitement des données ou encore leurs habitudes de travail collaboratif… À cet effet, nous organisons des ateliers autour d’une dizaine ou d’une vingtaine d’opérationnels. En exprimant leurs problèmes, ces derniers définissent notre feuille de route. Contrairement aux idées reçues, il est parfois possible d’amorcer d’ambitieux projets de transformation digitale à périmètre logiciel constant. Nous améliorons par exemple les performances opérationnelles de nos partenaires en optimisant leurs usages de la suite Microsoft Office. Le déploiement d’un outil aussi ambitieux que Legalcluster s’en trouvera d’ailleurs accéléré et son adoption par les utilisateurs facilitée.

”L’impact positif de Legalcluster se mesure d’abord sur le terrain budgétaire”

Comment Legalcluster se distingue-t-il des autres logiciels juridiques déjà disponibles ?

La digitalisation doit être source de simplicité et non l’inverse comme c’est encore trop souvent le cas en entreprise. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons fait le choix d’une expérience utilisateur identique à celle que propose un site internet. Il en ressort une accessibilité optimale, tout le monde ayant aujourd’hui une maîtrise de la navigation sur le web. Au-delà, en tant que plate-forme globale, Legalcluster remplace les extranets de stockage type Dropbox mais facilite aussi les échanges entre toutes les parties prenantes, rendant au passage désuet les e-mails rébarbatifs et la gestion des droits d’accès aux serveurs internes, sans historique précis. Les projets juridiques sont collaboratifs par essence et notre outil remplace le système D actuel par une digital workplace sécurisée et centralisée. Pour chaque thématique juridique majeure – contrats ou contentieux, par exemple – nous imaginons des parcours spécifiques destinés à faciliter le travail de toutes les parties prenantes. Et pour chaque projet, la solution permet de ciseler les droits de manière efficace et précise, que ce soit pour les clients internes (juristes, assistante, etc.) ou externes (notaires, avocats et autres conseils). C’est d’ailleurs pour faciliter cette fonctionnalité que Legalcluster intègre pour chaque client un annuaire des utilisateurs qui composent son écosystème juridique. Enfin, des outils complémentaires de facturation et de signature électronique peuvent être intégrés à notre plate-forme qui laisse la porte ouverte aux solutions de qualité déjà adoptées par les professionnels du droit que nous accompagnons.

Quels gains apporte Legalcluster à ses utilisateurs ?

Pour les directions juridiques, nous améliorons l’environnement de travail des collaborateurs et facilitons la diffusion du droit dans l’entreprise. Mais c’est sur le terrain budgétaire que notre impact sera le plus significatif. Souvent organisées en silos, les entités qui composent les directions juridiques fonctionnent avec leurs outils et parfois même, avec leurs propres PNL [NDLR : profit & loss identifiant les flux attendus de trésorerie]. Il en résulte des pertes financières et opérationnelles significatives. En proposant à l’ensemble de la direction une solution unique, nous facilitons les communication interne et optimisons le recours aux conseils externes qui représentent en moyenne environ 50% du budget des directions juridique. Nous estimons qu’après trois ans d’utilisation, les utilisateurs de Legalcluster réaliseront chaque année entre 15 % et 20 % d’économies sur cette enveloppe.

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L’environnement de gestion des projets juridiques dans Legalcluster

Quels sont alors les avantages pour les avocats ?

Legalcluster s’adresse aux cabinets qui souhaitent faire de la relation client la pierre angulaire de leur partnership. Notre technologie permet une évolution majeure de l’offre juridique. À charge pour les avocats de s’en saisir et d’imaginer le cabinet du futur. Legalcluster est aussi optimisé pour les cabinets évoluant en réseaux, intégrés ou non. Nous estimons par exemple qu’un réseau de cabinets correspondant bénéficierait avec Legalcluster d’un système d’information au moins aussi performant que ceux qui équipent aujourd’hui les plus grands cabinets internationaux. De quoi gagner en compétitivité sur un marché devenu ultra-concurrentiel.

Comment votre solution s’articule-t-elle au niveau technologique ?

Notre parti-pris technologique repose sur la solution la plus rependue en entreprise : la suite Microsoft. Les avantages qui en découlent sont nombreux : un gain financier pour notre client qui ne doit pas changer toute son architecture mais aussi un gain en matière de sécurité, aucune migration des données n’étant nécessaire. Par ailleurs, tous les éditeurs de logiciels ont intérêt à s’interopérer avec les solutions Microsoft. Ce qui permet par ricochet à Legalcluster de s’imposer comme la plateforme de référence ; une sorte de dénominateur commun auquel peut se brancher les solutions tierces. Un peu à la manière d’une multiprise.

Votre solution est-elle réservée aux acteurs du monde juridique ?

Les problématiques de gestion de projet concernent un grand nombre d’organisations. Si notre marketing, encore timide, vise avant tout les acteurs juridiques, notre solution peut faciliter la vie de tout opérateur structurant son activité autour de grands projets. Par exemple, nous avons récemment découvert que Legalcluster présentait un intérêt certain pour les fonds d’investissement.

Quels sont les principaux instigateurs de ce projet ?

Jean-Marie Valentin, ancien avocat et Ghislain d’Aramon, qui a piloté la transformation digitale du groupe HSBC, sont à l’origine de cette entreprise que j’ai le privilège de piloter avec eux. Pierre Charreton, ancien directeur juridique de Thalès, France Télécom et Areva, intervient en tant que senior advisor et Ahmed Abdelghani dispose de formidables savoir-faire pour tirer le meilleur de la suite Microsoft Office. Au total, nous sommes une quinzaine de collaborateurs entre Paris et Cracovie, où nous venons d’ouvrir notre première filiale.

Propos recueillis par Thomas Bastin (@ThBastin)

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