À 65 ans, Vladimir Poutine, au pouvoir depuis déjà dix-huit ans, vient d’être réélu, dès le premier tour, jusqu’en 2024. Pour ce nouveau mandat, il devra donner la priorité aux réformes économiques. Trop dépendant des matières premières, la Russie est au bord de l’implosion.

C’est avec 76,7 % des voix que Vladimir Poutine a été réélu ce dimanche : c’est son meilleur score et il est six fois supérieur à celui du communiste Pavel Groudinine, son principal opposant. Avec onze millions de voix de plus qu’en 2012, les Russes lui offrent pour la quatrième fois la gouvernance du pays. Après avoir consacré des années à la politique étrangère, couronnées de succès, il doit dorénavant « se concentrer sur l'économie, un thème où il a beaucoup à perdre » constate Dmitrï Oreshkine, politologue indépendant, dans Les Échos. Au dernier trimestre 2017, la croissance a ralenti de 1 % et le pouvoir d’achat a reculé pour la deuxième année consécutive. En l’absence de programme, difficile de connaître la stratégie du président sur ces sujets urgents. Après son élection, Poutine préfère saluer « la confiance et l'espoir » des Russes et célébrer l’annexion de la Crimée plutôt que d’aborder les faiblesses économiques grandissantes.

Et maintenant ?

Beaucoup reste à faire : rénover les infrastructures, améliorer la productivité du travail, assainir le secteur bancaire ou encore baisser les taux d’intérêt. Autre priorité, lutter contre la corruption qui gangrène le pays. Pour l’heure, Vladimir Poutine admet seulement la nécessité de réformer le système onéreux de retraite visant notamment à faire passer l'âge de départ de 60 à 65 ans. L’économiste Nathalia Zoubarevitch, citée par Les Échos, est certaine qu’il n’y aura « pas de grandes réformes institutionnelles et judiciaires, ni de plan de décentralisation », condition sine qua non pour réduire le rôle de l'État dans l'économie. Seul point positif, le président pourra compter sur la reprise du prix des matières premières. En 2018, la croissance de l’économie russe devrait, selon la banque ING, s’élever à 2 %. Cela ne sera néanmoins pas suffisant pour sortir l’économie de sa torpeur.

Morgane Al Mardini 

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