DÉCIDEURS. Les fonds activistes font de plus en plus parler d’eux. Comment expliquez-vous cette évolution ?

Elle provient de deux phénomènes. Le premier tient au fait que les fonds engagés en Europe ont doublé pour atteindre 21,6 milliards de dollars en 2017. Ils ont une force de frappe qui leur permet d’être opérationnels sur plusieurs dossiers à la fois. Le second résulte de ce que l’activisme n’est plus seulement le fait de quelques fonds spécialisés. En eff et, de plus en plus d’investisseurs, dont des institutionnels, jouent un rôle plus actif en challengeant davantage le conseil d’administration et le management des sociétés. Certains n’hésitent pas à rendre publiques leurs revendications.
 

Vous intervenez du côté des émetteurs. Quels conseils leur donnez-vous lorsqu’un fonds activiste entre dans leur capital ?

La pire des postures est de faire l’autruche car dans environ 50 % des cas, le thème de la gouvernance est en cause. La priorité est d’identifier les vulnérabilités  sur lesquelles un activiste pourrait les attaquer. Ensuite, il faut rester maître de la communication. Pour cela, nous travaillons en amont pour déterminer les points sur lesquels il faut répondre, de quelle façon et à quel niveau. L’objectif étant au maximum d’éviter d’aller au conflit.


Les fonds anglo-saxons sont-ils plus agressifs que leurs homologues européens ?

C’est très difficile à dire. Il y a bien une différence entre l’activisme en Europe et aux États-Unis mais cela relève plus d’un cadre réglementaire que d’une question d’agressivité. Cela étant, il y a aussi une dimension culturelle : un fonds américain aura moins de scrupules à aller au conflit, bien qu’il existe des exemples de fonds européens qui n’ont pas hésité à se montrer très agressifs.
 

Propos recceuillis par Vincent Paes

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