Le concept d’Optimiam, l’application imaginée en 2014 par deux entrepreneurs désireux d’agir pour le bien commun tout en créant une entreprise rentable, est simple : permettre aux commerçants de vendre à prix cassés les produits proches de la date de péremption et ainsi lutter contre le gaspillage alimentaire. Portrait d’une foodtech à l’impact durable.

Optimiam, ce n’est pas qu’une belle idée. « Nous voulions créer une entreprise profitable et avoir un impact dans la société », explique Alexandre Bellage, l’un de ses fondateurs. Objectif : lutter contre le gaspillage alimentaire en proposant aux commerçants de vendre à prix réduit les produits proches de la date limite de consommation. Des offres promotionnelles pouvant aller jusqu’à - 60 % et dont les 200 000 utilisateurs de l’application sont immédiatement informés via leur smartphone. La start-up, de son côté, récupère un euro sur chaque transaction. « C’est un cercle vertueux, chacun y gagne », note l’entrepreneur, avant de rappeler qu’il existe derrière cette thématique un véritable enjeu de société. Et pour cause : près de neuf millions de tonnes de nourriture sont jetées en France chaque année. Dans le secteur de la boulangerie, par exemple, cela représente une perte annuelle estimée entre 5 % et 10 % du chiffre d’affaires. « Les commerçants sont de plus en plus en plus nombreux à vouloir lutter contre le gaspillage, témoigne-t-il. Pas seulement pour se donner bonne conscience, mais parce qu’ils y trouvent un intérêt économique. »

Palme d’or 

Pourtant, en 2014, lorsqu’Alexandre Bellage et son ancienne associée imaginent un business model, la problématique intéresse peu. « Nous avons lancé l’application malgré les réticences du marché, raconte-t-il. Mais nous avions de l’espoir. » Portés par l’envie de faire bouger les lignes, ils officialisent le projet le 16 octobre de la même année lors de la journée internationale de lutte contre le gaspillage alimentaire. « Nous avons monté un pilote dans le cinquième arrondissement de Paris avec une dizaine de commerçants et des chaînes franchisées », poursuit-il. 

« Les commerçants sont de plus en plus en plus nombreux à vouloir lutter contre le gaspillagePas seulement pour se donner bonne conscience, mais parce qu’ils y trouvent un intérêt économique. »

Plusieurs enseignes  ̶  Subway, Pomme de Pain, Carrefour…  ̶  acceptent de rejoindre l’aventure. Pas question de se précipiter pour autant. Pendant plusieurs mois, les fondateurs étendent leur réseau, participent à des concours d’entrepreneuriat et décrochent la palme d’or du concours national de l’e-commerce organisé par la chambre de commerce de Paris.

Évangélisation 

Convaincus de l’importance du combat qu’ils mènent, ils rencontrent progressivement élus et « grands acteurs » de l’industrie alimentaire. En 2015, lors des débats autour de la loi de lutte contre le gaspillage alimentaire — votée le 11 février 2016 et obligeant la grande distribution à donner les invendus alimentaires qu’elle jetait auparavant —, ils sont partie prenante et participent aux réunions préparatoires.

« Il faut décomplexer le débat et expliquer que ces produits ne sont pas réservés aux personnes dans le besoin, mais accessibles à tout citoyen souhaitant lutter contre le gaspillage »

« Aujourd’hui, nous continuons notre travail d’évangélisation avec les autres acteurs qui luttent contre le gaspillage, explique Alexandre Bellage. Nous essayons de mettre en lumière les retours de nos utilisateurs. » Avec Optimiam, cet homme engagé veut aussi briser certains clichés. « En vendant à prix réduit leurs produits à date courte, les commerçants craignent de dégrader leur image de marque, note-t-il. Nous leur expliquons qu’ils ont au contraire tout intérêt à se montrer écoresponsables. »

Décomplexer le débat

Prochain challenge pour cette start-up vertueuse ? La création d’une plate-forme et de magasins « antigaspi » entièrement dédiés à la consommation à date courte. Des lieux virtuels ou physiques ouverts à tous. « Il faut décomplexer le débat et expliquer que ces produits ne sont pas réservés aux personnes dans le besoin, mais accessibles à tout citoyen souhaitant lutter contre le gaspillage », poursuit Alexandre Bellage. Et si l’entreprise n’est pour l’heure pas encore rentable, il l’assure : « Nous pourrions l’être, mais nous faisons le choix d’investir ». Audacieux.

 

Capucine Coquand

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