En août 2017, le kilo de vanille a atteint la somme record de 550 euros, il n’était que de cinquante-trois euros il y a quatre ans. La précaution nécessaire à la production de cette épice et la fragilité de son industrie ne sont pas compatibles avec la hausse de la demande mondiale.

Bien qu’à des horizons du safran (30 000 € le kilo), l’évolution du prix de la vanille interpelle. Elle s’explique surtout par une offre insuffisante et une trop grande dépendance envers un unique pays producteur. Madagascar détient environ 80 % des parts de marché de l’épice rare avec quatre mille tonnes produites chaque année. Si le décuplement du cours ravi les producteurs locaux pour le moment, la dynamique ne paraît pas viable car elle traduit davantage un engrenage spéculatif qu’un intérêt réel croissant pour cette denrée alimentaire.

De minces alternatives

Du fait de la mainmise de l’île rouge sur le marché mondial, le cours de la vanille est profondément dépendant des changements conjoncturels qui s’opèrent en son territoire. Aussi, le détournement des consommateurs des parfums synthétiques au profit d’un retour aux saveurs naturelles avait déjà précipité les tarifs à des niveaux historiquement hauts en 2015, à environ 150 euros le kilo. En mars dernier, le cyclone Enawo a terni le tableau. En endommageant 30 % des cultures, il a « enflammé un marché déjà très volatile » selon les mots de Joséphine Lochhead, présidente de la Cook flavoring company, une entreprise centenaire de production de vanille à Madagacar. Au vu de la faible participation des autres pays producteurs (Indonésie, Papouasie Nouvelle Guinée et Mexique en particulier), les alternatives sont minces. Un rebond de l’offre est difficile à anticiper : seule une diminution de la consommation peut avoir un impact profitable sur les prix de long terme.

A.R.

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