Tous les voyants sont aujourd’hui au vert pour le Portugal. Le pays est en passe de sortir de la crise économique qui le touche depuis presque dix ans... au prix d’un pari audacieux.

Le Portugal enregistre au premier trimestre 2017 son plus fort taux de croissance depuis le début de la crise en 2008. Si l’on considère que la tendance se poursuit sur toute l’année, le PIB portugais se placera nettement au-dessus de la moyenne de la zone euro (1,6 %) avec environ 2,5 % de croissance, d’après la Banque du Portugal. Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, se place même pour une réévaluation de la notation financière du pays au vu de « la dynamique vigoureuse des exportations et de l’investissement ». On note en effet une hausse de 10 % des exportations – notamment grâce aux secteurs du textile et de l’agroalimentaire – et de 8,8 % de la FBCF (l’étalon de mesure de l’investissement) sur l’année en cours. Le Portugal révèle un excédent budgétaire (solde positif des exportations nettes des importations) de près de 2 % du PIB depuis le début de l’année, contre 0,4 % l’année précédente à la même période. À titre comparatif, l’excédent allemand s’établit à 0,8 % du PIB.

Une confiance retrouvée

L’agence de notation Fitch Ratings semble avoir entendu les propos de l’ancien ministre français. Ce mois-ci, elle a confirmé sa note de « BB+ » accordée aux titres du Trésor portugais, tout en rehaussant ses perspectives de croissance, passant de « stables » à « positives ». La Banque centrale européenne (BCE) a aussi a affiché son enthousiasme en abaissant ses taux d’intérêt sur la dette souveraine portugaise, établissant à 3 % le taux de long terme (à 10 ans), qui dépassait 10 % en 2011-2012 (plus le placement est risqué et plus le taux d’intérêt est élevé). Cet ensemble de circonstances favorables au redressement du Portugal provient du signal positif envoyé par le Conseil européen. Suite aux excellents résultats affichés, il a mis un terme à la procédure de déficit excessif ouverte en 2009 : celui-ci est tombé à 2 % du PIB au premier trimestre de 2017, réduisant de plus de moitié le niveau de 2015 (4,4 %). Le Portugal affiche également des résultats satisfaisants en termes de chômage. Il est passé sous les 10 % cette année contre 16,2 % en 2015, et la Commission européenne le projette à 7 % à l’horizon 2019. Mais ce qui est le plus marquant avec le cas portugais, c’est la capacité du gouvernement à collaborer avec les institutions européennes tout en affirmant sa souveraineté budgétaire.

Un exemple à suivre pour la Grèce ?

Le gouvernement de gauche d’Antonio Costa a entamé sa mue grâce à des politiques de relance : revalorisation des bas salaires, baisse de l’impôt sur le revenu et hausse des prestations sociales. Le ministre des finances Mario Centeno se félicite d’avoir mis en œuvre une alternative efficace à l’austérité prônée par Bruxelles et clame que son modèle est une « recette exportable dans tout le continent ». Une liberté d’action que doit lui envier la Grèce. Après une réévaluation à la hausse de la notation Standards & Poors de ses titres de dette souveraine, le pays de la zone euro à 180 % du PIB d’endettement public présente une conjoncture économique relativement favorable au premier trimestre de 2017. Selon Elstat, le service grec de statistiques, la croissance serait repassée « dans le vert » pour la première fois depuis 2014 au premier trimestre de 2017 avec un taux à 0,4 %. Une situation qui a permis au FMI d’apporter son soutien au plan d’aide de l’Eurogroupe, le 3ème depuis le début de la crise, à hauteur de 85 milliards d’euros d’allégement de dette en trois ans contre la mise en place de certaines mesures économiques. Le manque d’investissement décrié par le gouvernement grec sera peut-être bientôt de l’histoire ancienne, mais avant de regagner une position satisfaisante dans le commerce internationale, la Grèce ferait bien de prendre exemple sur son voisin européen.

 

A.R.

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