Titre de référence de la presse économique depuis près d’un siècle, Les Échos auraient pu dédaigner du haut de leur piédestal les nouveaux usages digitaux des médias. Au contraire, le groupe a choisi de diversifier ses activités pour embrasser cette dynamique d’innovation perpétuelle. Christophe Victor, directeur général, évoque dans cet entretien ses principaux chantiers.

Décideurs. Comme l’illustre l’organisation d’un événement comme Viva Technology, le groupe Les Échos n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était il y a encore cinq ans…

Christophe Victor. Lorsque je suis arrivé dans le groupe il y a quatre ans et demi, nous avons mené plusieurs études pour mieux connaître l’image que nous dégagions. Résultat : la perception de la marque était très positive et la confiance que les lecteurs nous accordaient excellente. Toutefois, le titre souffrait d’un côté institutionnel qui l’éloignait de la prospective. Nous nous sommes alors demandé comment nous pouvions donner à nos lecteurs les bonnes idées pour anticiper les futures tendances. Notre campagne centrée autour du slogan « Place à la décision » incarnait le nouvel élan du média. Le groupe Les Échos est lui-même une entreprise et, comme nos lecteurs, nous devions nous remettre en question pour progresser. La maquette et les contenus ont été refondus pour être plus lisibles et pratiques. Les chantiers se sont multipliés avec notamment le lancement du mobile, les cahiers spécialisés comme Les Échos Week-End, la refonte du site et les nouveaux services en ligne. Chaque année nous misons sur 7 à 8 nouveaux projets pour poursuivre notre réinvention permanente.

 

Décideurs. Quels étaient vos objectifs au moment de lancer Les Échos Start ?

C. V. Dans le projet cohérent qui guide le développement et la diversification de nos activités, nous ne sortons jamais de notre cœur de métier. Lorsque nous avons lancé Viva Technology ou notre initiative Media for Equity, personne ne s’est interrogé sur notre légitimité. Au contraire, pour Les Échos Start, peu d’observateurs croyaient dans le succès de cette opération. Notre identité institutionnelle était selon eux trop éloignée des préoccupations premières de ces jeunes lecteurs qui nous échappaient jusqu’alors. Il est vrai que traditionnellement, les actifs ne lisent Les Échos qu’à partir de leurs 35 ans. C’était trop tard. Pour aborder les jeunes, il fallait adapter un ton différent et étudier les sujets de préoccupation majeur de cette population. L’angoisse de l’entrée dans la vie active est finalement très liée au média qui connaît mieux que personne le monde de l’entreprise. Aujourd’hui, Les Échos Start aident à décrypter l’univers des start-up et de l’entreprenariat qui attire de plus en plus de diplômés et de jeunes actifs. Notre ligne éditoriale se détache du catastrophisme ambiant et attire par les éléments positifs qu’elle traite.  

 

Décideurs. Le groupe Les Échos semble toujours plus proche des acteurs du digital. Pourquoi miser autant sur ce segment ?

C. V. Ce nouveau positionnement répond à notre volonté d’informer tout en agissant de manière concrète. Nous sommes obligés de nous adapter à cette nouvelle donne du digital. Notre business model historique, construit autour des abonnements et de la publicité print, était voué à se transformer. À présent, les abonnements numériques offrant certains services exclusifs portent une part significative de notre croissance. La diversification des activités du groupe répond à cette même volonté. Avec les deux agences de brand content du groupe, mais aussi notre fonds de media for equity, nous prouvons qu’il est possible de faire bénéficier de nos expertises des clients et partenaires variés.

 

Décideurs. Au-delà des activités éditoriales, le groupe surfe sur son image business et propose de plus en plus de services aux entreprises. Quel est votre spectre d’intervention aujourd’hui ?

C. V. Les médias demeurent bien évidemment notre secteur principal d’activité. Grâce à notre capacité à rendre intelligible au grand public des messages complexes, nos offres de brand content sont également très développées et populaires auprès des marques. Viennent ensuite l’événementiel, la réalisation d’études, le fonds Media for Equity mais aussi les plates-formes d’e-business à destination des PME. Cette dernière devrait fortement progresser dans les prochaines années. La confiance que nous inspirons est suffisamment grande pour que nous nous transformions en prescripteurs de services innovants et performants pour nos lecteurs.

 

Décideurs. Le groupe est-il rentable avec ces multiples projets encore jeunes ?

C. V. Il y a quatre ans, le groupe perdait de l’argent. Aujourd’hui, il en gagne. Toutes nos activités sont rentables et nous pallions ainsi la décroissance de l’activité historique qui a plus de difficultés que par le passé. Toutefois, il faut signaler que, parmi les médias print, nous sommes le seul à avoir vu notre diffusion progresser l’année dernière…

 

 

Propos recueillis par Thomas Bastin

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