Julien Coulon (Cedexis) : « La valorisation proposée aux États-Unis était le double de celle offerte en France »

Décideurs. Vous venez de récupérer la somme significative de 22,8 M$. Quel est l’objectif de cette deuxième levée de fonds ?

Julien Coulon. Premièrement, il s’agit d’embaucher du personnel pour renforcer nos fonctions marketing, sales et R&D. Aujourd’hui, notre pôle innovation est essentiellement aux États-Unis et nous souhaitions recentrer une partie de ces activités en France. Nous sommes une cinquantaine de collaborateurs et l’objectif immédiat est de monter à 85. Ensuite, nous comptons ouvrir un nouveau bureau à Séoul ou Hongkong, voire Singapour, mais aussi à Taipei.

Décideurs. En dehors de BPIFrance, je ne vois que des investisseurs étrangers à votre capital. Était-ce une volonté de votre part ?

J. C. J’ai créé Cedexis en France en 2009. Un an plus tard, nous levions 1 M€ auprès de business angels du pays. En 2011, j’ai fait le tour des investisseurs domestiques et la valorisation de Cedexis que l’on me proposait aux États-Unis était le double de celle offerte en France. Finalement, nous avons ouvert notre capital à l’étranger. Depuis, l’idée est de rééquilibrer les choses sur le plan géographique. Ginko Ventures notamment, le bras armé de Foxconn (groupe taïwanais), nous permet d’avoir cette dimension internationale.

Décideurs. Vous avez mis au point deux nouvelles solutions en 2015. Que proposez-vous à vos clients concrètement ? Quelle est la place de l’innovation ?

J. C. Deux tiers de nos employés sont des ingénieurs travaillant à la R&D. Par conséquent, l’innovation est primordiale chez Cedexis. Dans notre métier, nous sommes surnommés le « Waze de l’Internet ». Nous collectons des milliards d’informations sur l’état de santé des réseaux, des clouds… Une fois que nous avons cette cartographie à jour (7 milliards de données pour 600 à 700 millions d’utilisateurs quotidiens), nous nous en servons pour faire de l’aiguillage. Chaque utilisateur est redirigé vers le meilleur cloud ou data center afin de lui garantir l’accès le plus rapide au réseau. Dernièrement, nous avons développé un produit permettant de fluidifier le chargement de vidéos en ligne.   

Décideurs. Instinctivement, on pourrait penser que votre marché est dense. Est-ce le cas à l’international ? Et vos concurrents ?

J. C. Il est extrêmement large puisque nous ciblons toutes les entreprises qui ont une stratégie digitale. Certains analystes le chiffrent à 20 MD$. Notre modèle repose sur l’audience, les requêtes DNS. Plus l’audience des sites augmente, plus notre business s’étoffe. Du point de vue de la concurrence, nous jouissons de la prime « leader ». Nous recevons le plus de données, donc la finesse de l’aiguillage est plus poussée. À l’heure actuelle par exemple, nous rendons le routage d’un Cisco plus intelligent. Ce type d’acteur a la faculté de nous racheter mais nous n’en sommes pas encore là. Et nous concernant, le jour où nous voudrons acquérir une boîte, nous ferons une levée parallèle.

Décideurs. L’objectif ultime : l’IPO ?

J. C. Oui, sans doute. Enfin, pour le moment, la dernière collecte va bien nous occuper. 

FS