Entre 2009 et 2014, le chiffre d’affaires de Dassault Systèmes a doublé pour atteindre 2,3 milliards d’euros. Depuis 2012, l’éditeur de logiciels a notamment investi plus de 1,5 milliard d’euros dans des acquisitions. Valérie Raoul-Desprez revient sur cette offensive stratégique.

Décideurs. Dans quelle mesure la direction financière est-elle impliquée dans la stratégie du groupe ?

Valérie Raoul-Desprez. La croissance rapide que nous avons connue a exigé une évolution de l’organisation et des processus de la fonction finance pour répondre aux enjeux d’intégration des sociétés acquises et d’amélioration continue des performances financières. Tout d’abord, nous sommes passés d’une organisation très décentralisée à un groupe intégré globalement. Nous avons dû développer de nouveaux processus axés autour de l’intégration des acquisitions et de la simplification des structures juridiques. Nous avons mis en place une matrice de support adaptée, comprenant des pôles d’expertise, des centres de service comptables et d’administration des ventes géographiques partagés, et des centres de traitement administratif mondiaux.

 

La direction financière est également très fortement impliquée dans les processus de planification stratégique, de modélisation des scénarios moyen et long terme et dans l’allocation de ressources entre les fonctions et nos douze marques. En ce qui concerne les opérations d’acquisition, la direction financière participe notamment à la modélisation des plans dédiés, la valorisation, l’intégration des sociétés acquises et le suivi de la performance.

 

Décideurs. Le 28 mai dernier, vous avez changé de statut, passant de société anonyme à société européenne. Qu’est-ce que cela changera pour la direction financière ?

V. R.-D. Au niveau de la finance, nous raisonnons comme une organisation internationale structurée par grands pôles géographiques et par marques depuis plusieurs années déjà. La transformation n’a pas de réel impact sur notre politique financière, ni sur nos processus. Ce changement, qui marque une étape importante pour notre groupe, a une valeur plus symbolique. C’est un signe que Dassault Systèmes est depuis le premier jour une entreprise mondiale. Aujourd’hui, nos collaborateurs représentent plus de 117 nationalités et sont au service de clients dans 140 pays. L’Europe représente 43 % de notre chiffre d’affaires, l’Amérique 31 % et l’Asie 26 %. De plus, avec ce statut, les collaborateurs européens (53 % de nos 13 300 salariés) pourront davantage s’impliquer dans la conduite des affaires de Dassault Systèmes par le biais du Comité de la société européenne. Il facilitera la communication sur les projets et la stratégie de l’entreprise au niveau européen.

 

Exergue : « Le crédit d’impôt recherche est un dispositif clé »

 

Décideurs. Dassault Systèmes investit beaucoup en R&D. Comment faites-vous pour financer ces investissements ?

V. R.-D. La R&D est au cœur de notre développement. Contrairement aux sociétés industrielles, tous nos investissements de R&D sont comptabilisés en charge au compte de résultat. Nous finançons nos efforts sur nos fonds propres. Nous dégageons chaque année plus de 500 millions d’euros de flux de trésorerie disponible. Nous bénéficions également du crédit d’impôt recherche, qui est un dispositif clé pour assurer la compétitivité des sociétés technologiques en France.   

 

Décideurs. Les résultats financiers du groupe n’ont jamais été aussi bons. Quelles sont les raisons de ce succès ?

V. R.-D. Entre 2009 et 2014, la marge opérationnelle non-IFRS  a progressé de 25 % à 30 %. Cette amélioration provient de la croissance organique soutenue de nos activités, de l’amélioration continue des processus opérationnels de toutes les fonctions, ce qui nous permet d’absorber la dilution des acquisitions les plus récentes. Ces derniers trimestres, nous avons également bénéficié, après plusieurs années de dépréciation du dollar et du yen, de taux de change plus favorables.

 

Propos recueillis par V. ¨P.

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