Leader incontesté du streaming vidéo aux États-Unis, Netflix tente d’exporter son modèle dans le reste du monde. Une stratégie potentiellement risquée, alors que le groupe est cerné par de nombreux rivaux.

D’après une étude publiée par le cabinet de recherche britannique Futuresource Consulting, Netflix compterait à présent 750 000 abonnés en France. C’est bien plus que les 250 000 utilisateurs estimés récemment par le ministère de la Culture. C’est aussi davantage que la dernière évaluation du Français CanalPlay qui annonçait 600 000 abonnés fin 2014. Le groupe affiche une forte croissance à l’international avec près de 2,4 millions de nouveaux abonnés recrutés au deuxième semestre 2015. Néanmoins les États-Unis restent son plus gros marché, regroupant 42,30 millions de clients contre seulement 23,25 millions pour le reste du monde.


Une concurrence forte


Mais ces bons résultats ne doivent pas cacher le fait que les adversaires du leader de la vidéo en ligne fourbissent leurs armes. En France, le géant doit composer avec la présence de CanalPlay et d’OCS, le service concurrent d’Orange. Les deux Français ont d’ailleurs choisi de résister à la vague de contenus Netflix en s’alliant avec son ennemi américain, HBO. Outre-Atlantique, les chaînes payantes traditionnelles et SVoD (streaming par abonnement) se livrent une lutte de légitimité à coups de nouveaux films et séries. HBO et Amazon tentent de contrer le first mover grâce à leurs propres plates-formes de streaming, HBO Now et Amazon Prime. Amazon avouait d’ailleurs au printemps avoir dépensé 1,3 milliard de dollars en contenus sur l’année 2014 alors que Netflix avait déboursé 2,8 milliards de dollars. La firme californienne conserve son avance avec 36 % de parts de marché en SVoD aux États-Unis, loin devant les 13 % d’Amazon.


Opération coup de poing


Face au ralentissement de sa croissance outre-Atlantique, Netflix a lancé en janvier un gigantesque plan de déploiement à l’étranger. L’objectif : passer d’une présence dans cinquante pays à près de 200 pays en dix-huit mois. D’après l’institut d’études anglais IHS, l’entreprise pourrait atteindre 96 millions d’abonnés dans le monde en 2019 dont 46,8 millions à l’international. Et la société ne cesse d’innover pour devancer ses adversaires. Elle a par exemple entièrement basculé ses serveurs sur le cloud depuis début août. Ironie du sort, c’est sur celui d’Amazon Web Services que le groupe stockera la majeure partie de ses données. Futuresource Consulting estimait par ailleurs que Netflix pouvait grandement accroître ses revenus car environ un tiers de ses clients ne profitait que de l’offre basique. En attendant, l’entreprise californienne s’est contentée d’augmenter d’un euro, soit 9,99 euros, l’offre standard des Français en août dernier.


Des investissements qui ne payent pas encore


C’est une stratégie qui coûte cher : si la firme a annoncé 1,6 milliard de dollars de chiffres d’affaires pour le deuxième trimestre 2015, elle inscrit un résultat net de 26,3 millions contre 71 millions un an auparavant. Autre inquiétude, Netflix affiche un flux de trésorerie disponible négatif depuis 2011 ; il était de  28,67 millions de dollars au dernier semestre. Les marchés ne s’alarment pourtant pas de cet état de fait et félicitent les investissements du groupe : la compagnie a un ratio cours sur bénéfices de 277 et le titre s’échangeait à ce jour à 123 dollars. Ce qui fait dire à certains analystes que le groupe pourrait fortement souffrir d’une éventuelle correction du marché. 


Sophia Sanni Soulé 

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