Emmanuelle Sarrabay, directrice générale adjointe finance et systèmes d'information d'OL Groupe.
Décideurs. La gestion financière d’un club sportif est-elle similaire à celle d’une entreprise classique ?

Emmanuelle Sarrabay. Oui, il faut abandonner le préjugé selon lequel une société sportive répondrait à d’autres impératifs de gestion que ceux des sociétés commerciales de droit commun. D’ailleurs, l’Olympique lyonnais n’est pas qu’un club de foot même si le cœur du réacteur entrepreneurial est sportif. Toutes les fonctions administratives et financières présentes au sein des sociétés classiques le sont également chez nous, c’est-à-dire que la structuration financière et les fonctions supports d’OL Groupe sont standardisées. Nous devons gérer la trésorerie, le reporting, la communication financière ainsi que le contrôle interne comme le ferait une autre entreprise. La seule particularité réside dans le fait que l’OL est une société qui dispose d’une grande notoriété, ce qui a pour effet de complexifier la communication financière. Aussi, la performance sportive conditionne en partie les résultats à date et les projections budgétaires.

D. L’introduction en Bourse a-t-elle été un bon moyen de financement pour l’Olympique lyonnais ?

E.S. Nous conservons une vision très positive de la cotation boursière même si la réglementation qui en résulte complique évidemment les tâches de la direction financière. En termes stratégiques, l’ouverture du capital au public par les marchés financiers permet de lever des fonds rapidement. Pour financer des actifs diligemment, dont notamment notre projet de « grand stade », la Bourse reste un vecteur efficace. C’est une des meilleures solutions pour attirer des investisseurs avec lesquels nous n’aurions pas travaillé autrement, l’IPO permettant en effet de fonder un business model plus transparent.

D. Avez-vous entendu parler du phénomène américain de cotation en Bourse des sportifs en tant que personnes physiques ?

E.S. Oui et je pense que c’est extrêmement risqué dans la mesure où le risque est adossé à un actif humain direct. C’est complétement différent de la démarche de cotation d’une société sportive, où le risque résulte d’une structure certes composée de sportifs influant sur la valorisation de l’actif global mais pour laquelle les forces vives sont interchangeables et remplaçables. Ce nouveau phénomène résulte plutôt du pari sportif que de l’évaluation assez rationnelle d’un certain nombre d’actifs comme les revenus annuels des abonnements aux stades ou ceux de la redistribution des droits de retransmission à la télévision. L’âge du sportif et sa condition physique, son intérêt pour le sport qu’il pratique, la confiance du staff en ses qualités et d’autres éléments font de cet investissement quelque chose de très risqué et d’instinctif.

D. Le fair-play financier est-il une bonne mesure afin d’éviter les dérives financières du sport ?

E.S. C’est une mesure nécessaire. C’est tant mon opinion personnelle que celle du club que je représente. J’ai d’ailleurs l’immense plaisir de travailler au sein de l'ECA (Association des clubs européens) qui réfléchit à la plus juste application de ce dispositif. Le business model de l’OL s’inscrit totalement dans ce cadre consistant à ne pas dépenser plus que l’on gagne. Il existe des ajustements nécessaires en la matière pour ne pas faire du fair-play financier une entrave aux investissements primaires, notamment à l’égard de la formation des jeunes et de la construction d'infrastructures (stades, centres de formation).

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