À un an du coup d’envoi de la compétition, l’ampleur des retombées économiques du championnat d’Europe se précise. UEFA, collectivités locales, État français ou particuliers, tous gagnants ?
Selon l’UEFA, la prochaine édition de l’Euro de football devrait avoir un impact national estimé à 1,3 milliard d’euros. Incluant à la fois les retombées économiques (1,134 milliard d’euros) et les recettes fiscales liées aux entrées de TVA (178 millions d’euros), ce chiffre est plutôt décevant, les rénovations et constructions de l’ensemble des dix stades ayant notamment mobilisé plus d’1,6 milliard d’euros. Pour autant, sur le long terme, la mise devrait se révéler payante (transports, fréquentation des stades, hôtellerie…).

Le pactole pour les entreprises du BTP

Les entreprises du BTP sont les premières bénéficiaires de ces investissements. Le montant total des marchés qu’elles ont remportés en lien avec l’organisation de la compétition est estimé à 400 millions d’euros. Environ 15 000 emplois ont été créés pour mener à bien les travaux dans les stades et 5 000 d’entre eux seront maintenus dans les enceintes sportives en phase de fonctionnement. À terme, la restauration, l’hôtellerie et les transports devraient également pouvoir tirer leur épingle du jeu.

« Les enceintes neuves ou rénovées ont contribué à la hausse de 15 % de la fréquentation des stades français cette année », s’est réjoui sur RTL Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel. Il faut dire que les travaux ont été menés tambour battant. Seul le stade des Lumières à Lyon est encore inachevé, mais son inauguration est prévue en janvier 2016, bien avant le coup d’envoi de l’Euro. Surtout, ces nouvelles infrastructures constituent une plus-value à long terme pour le pays, notamment dans le cadre d’une éventuelle candidature à l’organisation des JO. Michel Platini, président de l’UEFA, le confirme : « L’Euro va se jouer sur trois semaines mais les stades vont rester là pour trente ou quarante ans et aujourd’hui, le monde entier nous envie d’avoir des stades comme ça. »

Deux milliards d’euros de budget global

Programmée du 10 juin au 10 juillet 2016, la prochaine édition de la compétition est riche en nouveautés. Premier changement de taille, ce ne sont pas seize mais bien vingt-quatre équipes qui se disputeront le titre européen. Autre évolution, la gamme de prix des billets a été étendue de trois à quatre catégories, permettant ainsi aux organisateurs de proposer des places à vingt-cinq euros pour quarante-trois des cinquante-et-un matchs prévus. « Une façon de donner à l’Euro un caractère festif et populaire », estime M. Platini.

Selon les dernières estimations, le budget de la compétition s’élève à deux milliards d’euros. La moitié de cette somme provient des droits télévisuels, alors que le marketing (500 millions d’euros), la billetterie (250 millions d’euros) et les loges réservées aux entreprises et à leurs clients (250 millions d’euros) financent le reste. Qu’ils soient privés ou publics, les investissements appellent d’importantes retombées pour ne pas se transformer en pures pertes. À Marseille, par exemple, la ville, les collectivités locales et l’État, qui ont investi 130 millions d’euros pour la rénovation du stade Vélodrome, espèrent que les six matchs disputés génèreront plusieurs millions d’euros de retombées. Difficile d’avancer un chiffre précis puisqu’une grande partie des profits dépendra de la nationalité des équipes qui joueront. La venue de l’Espagne à Bordeaux n’aurait pas le même impact que celle de la Slovaquie.

L’UEFA ne sera pas la dernière servie

En plus de la part des bénéfices générés par la compétition qui lui revient de droit, l’UEFA bénéficie d’une exonération fiscale sur les recettes. Cette faveur n’en est pas réellement une puisqu’elle constituait une condition sine qua non de l’attribution de l’organisation du championnat. D’ailleurs, cette exception fiscale a depuis été étendue à l’ensemble des organisateurs d’événements sportifs internationaux sur le territoire français. L’Euro 2016 SAS, société ad hoc immatriculée en France et dont le capital est détenu à 95 % par l’UEFA et à 5 % par la Fédération française de football (FFF), ne sera donc pas redevable de l’impôt sur les sociétés.

Par ailleurs, l’UEFA a débloqué une enveloppe de vingt millions d’euros au profit du pays organisateur. L’État a réparti cette somme entre les dix villes françaises hôtes du tournoi. Et l’UEFA signera au début de la compétition un chèque de vingt millions d’euros au profit de la FFF. Cette dernière a annoncé consacrer ces fonds au développement du football amateur. Au total, l’organisme contribuera à hauteur de 51,5 millions d’euros à l’organisation de l’Euro. Une broutille pour celle qui espère dégager au bas mot 1,2 milliard d’euros de la compétition.

S. V.

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