Depuis quelques années, Schneider Electric identifie la ville intelligente comme une nouvelle terre de croissance. Entretien avec Gilles de Colombel, directeur du pôle public. 
Décideurs. La révolution des smart cities est-elle bien entamée?
Gilles de Colombel.
En France, nous sommes aujourd’hui encore dans une phase d’expérimentation des smart cities. Le projet le plus avancé, dans lequel notre groupe intervient aux côtés d’autres grands groupes industriels, est le smart grid lancé à Issy-les-Moulineaux. Mais d’autres communes ont également des projets en cours de développement comme Nice et ses boulevards connectés ou le smart grid Greenlys à Lyon... L’élément constitutif et fondamental de la smart city, ce sont les réseaux électriques. Chez Schneider Electric, nous travaillons à connecter ces différents systèmes entre eux et à les optimiser.

Décideurs. Comme pour IssyGrid ?
G. de C.
Oui, les solutions y sont aujourd’hui éprouvées avec un système de monitoring installé dans les différents bâtiments du quartier. Grâce à des centaines de capteurs, toutes ces données remontent dans une plate-forme commune et nous commençons à travailler sur de nouveaux services à partir de ces données. L’idée étant de mutualiser différents capteurs pour qu’ils servent à plusieurs emplois.

Décideurs. De quels types ?
G. de C.
Prenez l’exemple des véhicules électriques. Nous travaillons à optimiser leur disponibilité, sans mettre à mal le réseau électrique du bâtiment. Nous sommes en train de regarder comment ils se chargent, à partir de quelles recharges et nous confrontons ces données avec des capteurs déjà existants, comme les caméras de vidéosurveillance, qui peuvent lire les plaques d’immatriculation. C’est un exemple de ce à quoi peut servir l’intelligence des données. L’objectif, à Issy-les-Moulineaux, est bien sûr de pouvoir faire remonter un maximum de données sur la plate-forme commune.

Décideurs. Comment faites-vous face à la problématique de la protection des données personnelles ?
G. de C.
C’est en effet un paramètre qu’il nous faut intégrer. À Issy-les-Moulineaux, la Cnil nous a autorisés à travailler sur un panel de dix logements, ce qui permettra d’établir diverses mesures de consommations énergétiques. Les usagers pourront ainsi comparer leurs consommations à ce panel. Mais imaginez un cimentier. En lisant sa facture énergétique, on comprend son business model. Les grands enjeux de la smart city ne sont donc plus techniques, car nous maîtrisons les technologies, ils sont surtout réglementaires.

Décideurs. À quoi ressemblera, selon vous, la smart city en 2050 ?
G. de C.
Ce sera une ville très connectée et très sécurisée pour les individus et leurs données. Elle sera pensée pour et avec les citoyens et apportera de nombreux services, notamment concernant l’information sur la mobilité multimodale mais aussi sur l’énergie. Ces systèmes aideront à comprendre ce que les citoyens consomment, quand et comment, et donc à réduire les factures énergétiques. Les systèmes seront de plus en plus mutualisés : une caméra de surveillance pourra être aussi utilisée pour mesurer la densité de la circulation ou le niveau d’éclairage d’un espace. Dans l’univers du commerce, on entrevoit déjà des applications mobiles proposant une information contextualisée en fonction de l’endroit où le client se trouve. Schneider Electric a d’ailleurs créé une joint-venture avec Lucibel : SLMS (Schneider Lucibel Managed Services). Cette entreprise commune commercialisera une solution innovante dédiée au marketing émotionnel sur les points de vente basée sur la technologie Li-Fi. De nombreuses technologies seront ainsi disponibles, mais non visibles.

Propos recueillis par Sophie Da Costa 

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