Deux questions à Jean-Jacques Essombè, associé en Banque & Finance chez Orrick.

Décideurs. Le private equity a connu une croissance exponentielle ces dernières années en Afrique. Quelles difficultés subsistent pour les fonds?

Jean-Jacques Essombè. L’une des premières raisons de l’essor du private equity en Afrique ces dernières années c’est le taux de croissance continental de 4-6 % en moyenne. L’Afrique est plus stable politiquement et offre de nombreuses opportunités: c’est très attrayant pour les investisseurs et les fonds de private equity.

Mais sur les plans juridique et fiscal, il subsiste des lourdeurs. Certaines ont été traitées, comme les formes sociales et les valeurs mobilières introduites en janvier 2014 par la révision de l’Acte uniforme Ohada sur les sociétés commerciales et GIE. Elles ont permis d’avoir des structures sur-mesure comme les sociétés par actions simplifiées et de mettre en place des droits différents, rendus possibles par les nouvelles catégories de valeurs mobilières.

Des difficultés demeurent et c’est notamment pourquoi l’Île Maurice abrite encore la majeure partie des fonds intervenant en Afrique. C’est aux autorités de changer la donne d’un point de vue juridico-fiscal car si ces points ne sont pas réglés, l’Afrique ne deviendra pas aussi attractive qu’elle devrait l’être.

Décideurs. Donc le cadre juridique doit rassurer les investisseurs…

J.-J.E. L’un des problèmes majeurs jusque très récemment était l’insécurité juridique. Or les investisseurs ne souhaitent pas être confrontés à des comportements hasardeux d’un pays à l’autre, sans pouvoir anticiper et connaître les règles! Quand la règle est connue et appliquée, l’investisseur est mieux protégé. Dans tous les domaines ayant donné lieu à des actes uniformes Ohada, comme en matière de sûretés ou de sociétés commerciales, d’importants progrès ont pu être observés. De façon générale, en zone Ohada le climat des affaires est jugé plus sain aujourd’hui.

Propos recueillis par Elodie Sigaux
 

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