La famille Peugeot, le constructeur chinois Dongfeng et l’État français vont former un étrange ménage à trois au capital de l’industriel français.
La décision est tombée : les négociations amorcées en 2013 par le président du directoire Philippe Varin vont se poursuivre. À la clé, une augmentation de capital de trois milliards d’euros pour le constructeur automobile « au profit » de l’État français et de l’entreprise chinoise Dongfeng. La prise de participation publique relève d’une stratégie protectionniste capitalistique visant à ce que les fleurons de l’industrie française, tel PSA, ne passent pas sous bannière étrangère. Ces négociations sont d’un enjeu tel qu’elles ont été conduites par le gouvernement français conjointement avec son homologue chinois. L’apport en fonds propres devrait permettre au groupe français de sortir la tête de l’eau et notamment de revoir sa stratégie commerciale sur son principal marché, l’Europe, zone d’activité où les résultats sont les moins bons. Ce deal d’envergure n’est pas sans soulever des questions. La première d’entre elles étant de savoir si l’alliance avec un constructeur chinois était le choix le plus judicieux, alors même que le groupe se porte bien sur le marché asiatique et qu’il lui serait corsé d’améliorer des résultats qui dépassent déjà les attentes (avec une croissance de + 26,1 % en 2013). Un administrateur de PSA avait d’ailleurs souhaité que la participation de Dongfeng soit revue à la baisse afin de laisser la porte ouverte à de potentielles alliances européennes stratégiques nécessaires. À présent, il sera plus difficile au groupe français de conclure de tels partenariats avec les présences conjuguées d’une entité publique et surtout d’un important industriel chinois à son capital, compte tenu du caractère oligopolistique fort concurrentiel du marché automobile dans le monde.

Une ouverture de capital à parts égales

Le partenaire commercial chinois Dongfeng et l’État français comptent apporter 1,5 milliard d’euros sous forme d’augmentation de capital réservée, soit 750 millions d’euros chacun pour une participation respective estimée à 14 %. L’ouverture de capital de PSA sera aussi faite au public pour un montant de 1,5 milliard d’euros et plus précisément auprès des salariés du groupe. La famille Peugeot, actionnaire historique de PSA, va apporter environ cent millions d’euros afin de porter sa participation à 14 % au capital de l’entreprise cotée.
La finalisation de l’opération est prévue le 19 février, date de l’annonce des résultats de PSA et de l’intronisation du nouveau président du directoire, Carlos Tavares. Avec de telles échéances, personne chez PSA ne reprochera au mois de février d’être plus court que les autres…

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