L’extrême gauche doit montrer qu’elle est capable de gouverner. Mais pour tenir ses promesses, le parti devra gagner son bras de fer avec la troïka. Un succès qui est loin d’être garanti.
Pour la Grèce, l’équation semble insoluble : réduire le déficit et la dette dans un environnement économique catastrophique. Depuis le début de la crise en 2010, la réponse a été l’austérité. Mais cette politique n’a fait qu’aggraver la situation. Entre 2008 et 2014, le produit intérieur brut (PIB) a diminué de 28 %, passant de 343 milliards à 246 milliards d’euros. Le taux de chômage a quant à lui explosé de 17 points à 26 %. Pire encore, la dette a continué de progresser pour atteindre 177 % du PIB, contre 171 % en 2011. Pourtant, 90 % des aides versées par la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Union européenne) ont servi à rembourser la dette.

Le « new deal » grec


L’élection du parti d’extrême gauche Syriza n’est donc pas une surprise et exprime le ras-le-bol d’une population prise en otage. Depuis le début de la crise, les salaires ont baissé de plus de 30 % et les retraites de 50 %. Avant les élections, le FMI avait même réussi à imposer une nouvelle baisse des pensions. Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre, ne devrait pas respecter cet engagement. Tout comme il a annulé la privatisation du port du Pirée à un consortium chinois. Le salaire minimum a été revu à la hausse de 70 euros brut par mois. Le gouvernement d’extrême gauche a également annoncé un plan de relance de douze milliards d’euros dont deux milliards pour lutter contre la crise humanitaire. Avec cet argent, un programme de travaux publics sur deux ans sera lancé et devrait fournir du travail à 300 000 personnes.

Ironie du sort, les premières mesures du parti d’extrême gauche copient dans les grandes lignes le New Deal mis en place par Franklin D. Roosevelt entre 1933 et 1938 aux États-Unis pour faire face au krach de 1929. En revanche, dans sa gestion de la dette, le parti affiche une vision beaucoup plus à « gauche » puisque, pour financer sa politique, Syriza compte faire annuler la moitié de la dette grecque. Rien qu’en 2015, la Grèce doit rembourser dix milliards d’euros à la troïka et 7,5 milliards d’euros à ses créanciers privés.

La sortie de l’euro comme menace

Une solution simple mais risquée. Au lendemain des élections, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem se montrait clair : « Rester dans la zone euro signifie qu’il faut respecter les règles. » Or, une sortie de la zone euro aurait des conséquences négatives pour l’économie grecque. Pour les faire changer d’avis, Alexis Tsipras compte sur un exemple tiré du passé. En 1953, un pays européen avait vu sa dette réduite de moitié, ce qui lui avait permis de prospérer par la suite. Ce pays, c’était l’Allemagne… Les négociations s’annoncent tendues.

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