Entretien avec Thomas Reynaud, directeur financier et directeur développement, Iliad
Entretien avec Thomas Reynaud, directeur financier et directeur développement, Iliad

Décideurs. Comment, en tant que directeur financier et directeur du développement, gérez-vous la forte croissance que connaît Iliad ?

T. R. Notre groupe a pratiquement doublé son chiffre d’affaires en quatre ans tout en investissant fortement dans des projets majeurs tel que le déploiement d’un réseau de fibres optiques jusqu’à l’abonné ou le lancement du mobile. L’évolution du service financier a naturellement été en adéquation avec cette forte croissance. D’une part, nous avons sécurisé les moyens de nos ambitions en procédant à des levées de fonds. D’autre part, nous avons apporté une attention toute particulière à l’évolution de nos systèmes d’information et au renforcement de nos procédures de contrôle interne.

Et cette tendance devrait perdurer. Avec notre entrée dans la téléphonie mobile, le potentiel de croissance est conséquent : notre marché adressable est passé de 7 milliards à 30 milliards d’euros. Jusqu’en 2011, les sceptiques étaient nombreux. Notre souhait de vouloir entrer dans la téléphonie mobile avait notamment pénalisé le cours de Bourse. Les doutes sur ce choix stratégique majeur sont en train de se dissiper.

Décideurs. Comment la direction financière d’Iliad se différencie de celle de ses concurrents ?

T. R. La première différence est évidente. Nous sommes en transformation permanente compte tenu de la forte croissance du groupe alors que de leur côté nos concurrents ont des modèles plus stabilisés Notre mode de fonctionnement et notre forte croissance font que nous sommes à la fois dans l’urgence du court terme mais aussi dans le souci du long terme, pressés et patients. Ce paradoxe est possible grâce à notre actionnariat familial. Nous n’avons pas de pression court-termiste sur des indicateurs financiers.

Par ailleurs, nous ne prenons aucune position comme acquise. Nous nous remettons en question assez souvent. Nous sommes ainsi passés avec succès du Minitel, à l’Internet bas débit, à l’ADSL puis maintenant à la fibre optique.

Décideurs. En ce qui concerne d’indicateurs financiers, quels sont vos priorités ?
T. R. Pour le moment, le développement du chiffre d’affaires demeure notre priorité. Notre objectif est de doubler de taille. Ainsi, nous avons pour ambition un chiffre d’affaires de quatre milliards d’euros en 2015, contre un peu plus de deux milliards en 2011.

« Pour nous, la sécurisation des sources de financement est extrêmement importante »

Décideurs. Dans un tel contexte, comment faites vous pour financer à moindre coût vos investissements ?
T. R. Nous avons un programme d’investissement d’un milliard d’euros sur la fibre dont une partie a déjà été décaissée et nous allons dépenser un milliard d’euros pour le déploiement de notre réseau mobile. Ces déploiements permettent de maîtriser notre destin. Dans un secteur hautement capitalistique, la sécurisation des sources de financement est extrêmement importante, encore plus en phase de croissance forte. Ainsi, en 2011, nous avons réalisé une émission obligataire de 500 millions d’euros, soit la plus importante pour un émetteur non « raté » en 2011. Nous avons également réussi la conversion des Oceane (Obligations à options de conversion en actions nouvelles et/ou existante) ce qui nous a permis de renforcer les fonds propres du groupe de 200 millions d’euros. Et depuis le début de cette année, nous disposons d’un programme de Billet de Trésorerie de 300 millions d’euros.

Décideurs. Recourir à la croissance externe pour atteindre vos objectifs est-il quelque-chose que vous envisagez ?
T. R. Il ne faut jamais dire jamais mais ce n’est clairement pas notre stratégie aujourd’hui. Free se concentre avant tout sur sa croissance organique.

Décideurs. Avec le succès de la Freebox, certains vous voient comme un média. Êtes-vous d’accord avec eux ?
T. R. Non. Notre rôle n’est pas d’être éditeur de contenu mais distributeur. Nous sommes ainsi un des premiers distributeurs de Canal+ en France et grâce à la Freebox, le leader dans la télévision de rattrapage en France

Décideurs. Comment cela se traduit-il ?
T. R. Nous sommes très loin devant nos concurrents avec quarante chaînes en télévision de rattrapage aujourd’hui. Nous avons également mis en place un partenariat avec Disney pour proposer la Disneytek qui permet d’acheter et de ne pas simplement louer des contenus dématérialisés directement rattachés à votre abonnement Free. Au cours de la dernière décennie, la technologie et notamment la Freebox ont permis de modifier les habitudes de consommations de la télévision.

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