Le cofondateur et ancien directeur marketing de PriceMinister prend les commandes du site e-commerce. Impressions. 
Décideurs. Le rachat de PriceMinister par Rakuten a t-il engendré une nouvelle vision marketing ?

Olivier Mathiot. Lorsque nous avons lancé PriceMinister en 2001, notre stratégie était essentiellement tournée vers le C2C. 60 % de notre chiffre d’affaires était généré par les particuliers. Sous l’impulsion de Rakuten, les vendeurs professionnels représentent désormais 70 % de notre volume de ventes. Le B2B2C constitue le service phare de la place de marché japonaise, qui a souhaité développer cette expertise lors de notre rachat, et qui bondit désormais de 40 % d’une année à l’autre.


Décideurs. Comment l’explosion du m-commerce a-t-il imposé des cadres particuliers à votre stratégie ?

O. M. Il existe déjà une application mobile pour les vendeurs, pour les acheteurs et un site mobile. En France, le mobile représentera un achat sur deux en 2018. Au Japon, c’est déjà le cas. Être dans un groupe japonais nous permet de profiter de cette avance et de nous inspirer des meilleures pratiques en termes de comportement, de développement technique et de marketing associés au mobile. De nombreux moyens sont déployés dans ce sens, comme des équipes qui sont spécialement dédiées au mobile.


Décideurs. Comment voyez-vous évoluer le e-commerce ?

O. M. le taux de croissance du e-commerce est encore élevé mais il baisse année après année. La croissance du dernier trimestre 2013 en glissement annuel était de + 8 %, un chiffre historiquement bas. Le marché a atteint un certain degré de maturité comme cela fut le cas aux États-Unis. Dans cinq ans, les comportements seront très mobiles et de grands progrès auront lieu dans le big data : les interactions avec les clients seront améliorées, plus personnalisées et multi-supports. Enfin, les échanges seront de plus en plus nombreux entre online et offline : beaucoup de marchands présents sur notre place de marché possèdent en parallèle une boutique physique. Nous réfléchissons ainsi à des solutions de paiement mobile afin de faciliter les transactions financières. À titre d’exemple Rakuten a acheté l’application de paiement mobile Smartpay. La tendance est également au click and collect : nous donnerons à terme à nos clients la possibilité de commencer leur achat sur le site de Price Minister et d’aller les chercher directement en magasin.


Décideurs. Quels sont vos projets à moyenne échéance ?

O. M. Nous allons accélérer le développement du mobile afin de faire face au mouvement du marché. De plus, nous avons acheté fin 2012 une société logistique, ADS, afin d’offrir à nos marchands la possibilité d’entreposer leurs produits dans nos hangars. Nous ne gérons pas les stocks nous-mêmes mais grâce à cet achat nous allons pouvoir offrir ce service logistique à nos vendeurs. Enfin, nous devons travailler le cross-border, c’est-à-dire le fait de permettre aux marchands français de vendre dans toute l’Europe, mais également de pouvoir accueillir les vendeurs de ces différents pays afin que leurs catalogues soient rendus disponibles pour les acheteurs français.


Décideurs. En tant que coprésident de France Digitale, quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs français pour réussir leur aventure ?

O. M. Je tiens à corriger l’image faussée que l’on a en France : nous ne manquons pas de jeunes créateurs d’entreprise. Nous en avons même plus que nos voisins allemands et anglais, notamment dans les domaines du Web et du digital. Le problème provient du faible niveau d’ambition de nos entrepreneurs et de l’insuffisance du financement en France. Nous avons pour objectif avec France Digitale de casser ce plafond de verre et de pousser les créateurs à penser et agir global. Il y a une dizaine d’années, les investisseurs conseillaient de se concentrer d’abord sur la France et ensuite sur l’international. Aujourd’hui, je soutiens le contraire. Il faut même y penser très tôt afin de prendre en compte les contraintes liées à la langue, au contexte juridique ou au démarchage commercial. Tout doit être pensé de manière à construire de grandes marques internationales, qui sont depuis quinze ans du ressort des américains, et qui seront celles des chinois dans quelques années si nous ne réagissons pas.

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