Les enfants de 2050 comprendront-ils encore la magie nécessaire à l’ouverture de la grotte des quarante voleurs ? Leur maison obéira au doigt et à l’œil. Elle sera devenue un écosystème où l’intelligence artificielle se confondra parfaitement avec son environnement.
« Bonsoir, nous sommes le 22 mai 2050, il fait exactement 20?°C dans votre maison. Vos enfants sont rentrés de l’école il y a une heure, et le four vient d’être mis en route pour le dîner.?» Ce message prononcé au retour du travail n’étonne plus Monsieur Gabriel. Son domicile est intelligent. Ce dernier connaît la température de chaque pièce, les habitudes de chaque membre de la famille, la consommation d’électricité et d’eau. Une connaissance qui lui permet d’adapter ses services à l’humeur qu’il distingue chez ses occupants. S’il perçoit un rhume, il augmente légèrement la température, et s’assure que médicaments et mouchoirs sont bien disponibles dans les placards. Si non, il enverra un message à Monsieur Gabriel sur son smartphone et commandera sa livraison.

Une technologie invisible

Cette intelligence est complètement diffuse. Plus d’ordinateur, d’interface physique, tout est commandé par la parole et le geste. Incorporées dans les matériaux, les puces électroniques sont invisibles. Et tout communique sans fil grâce à l’Internet des objets et au Li-Fi qui utilise la lumière pour transmettre des informations. «?C’est du morse optique à des fréquences élevées?», explique Cédric Mayer, cofondateur d’Oledcomm Lize, une start-up spécialisée dans cette technologie.

Le hardware s’est fondu dans les matériaux et le mobilier. Toutes les surfaces de la maison peuvent ainsi servir d’écran TV, Internet ou photos. D’un simple geste de la main, il fait passer de sa cuisine au mur du salon ce qu’il visionne.

Énergie positive

Au cœur de cette intelligence «?ambiante?», se trouve la révolution de l’énergie. «?Elle a été l’un des principaux obstacles au développement de la maison connectée?», raconte Pierre Coulombeau, CEO et fondateur d’Enerbee. Comme l’information, elle est désormais diffuse. Les micropuces qui équipent les objets connectés n’ont plus besoin de piles ou de raccord, elles sont alimentées par les mouvements des habitants. Baisser la poignée de la fenêtre pour l’ouvrir suffit à créer le courant électrique nécessaire à l’envoi de l’information au chauffage.

Le marché de la smart home devrait passer de 4,4?milliards à 21?milliards de dollars entre 2014 et 2020.

Au-delà des objets, tout est fait pour mieux utiliser l’énergie. Aucune ressource potentielle n’est oubliée et le mot d’ordre est mutualisation. Le chauffage provient des vitres, des murs et du toit qui récupèrent la lumière du soleil ou transforme la force du vent. Au total, la maison produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Elle est ainsi capable d’en stocker ou d’en revendre aux édifices plus anciens du quartier qui n’ont pas été construits avec ces technologies. Elle la partage aussi quand ses occupants sont absents ou en vacances.

La capacité de produire en autonomie des ressources comme l’eau, l’électricité ou le chauffage change les usages. L’économie du partage qui concernait initialement les biens, s’étend en 2050 à l’énergie, à la lumière et au courant. Une réponse locale et économique aux défis écologiques du XXIe siècle.

J.-H. F.

Le point de vue de Benjamin Ulrich, fondateu d'Intent Technologies.

Cet article fait partie du dossier "Comment vivra-t-on en 2050". Poursuivre avec l'article "Dans votre assiette".

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