En 2002, Gilles Ridel quittait la création de site Web pour se lancer da l'e-commerce. Aujourd'hui, sa société Nexway est devenu le numéro un européen de la distribution digitale sur Internet. Portrait d'un entreprenaute à la conquête du monde.

En 2002, Gilles Ridel quittait la création de site Web pour se lancer dans l'e-commerce. Aujourd'hui, sa société Nexway est devenu le numéro un européen de la distribution digitale sur Internet. Portrait d'un entreprenaute à la conquête du monde.

« Mon ambition est de faire de Nexway le leader européen du téléchargement. » En 2007, Gilles Ridel ne mâchait pas ses mots. L’avenir lui donnera raison. Deux années seulement lui auront suffi pour tenir sa promesse. Aujourd’hui, le fondateur de Nexway est plus mesuré. Les ambitions se disent à demi-mot. « Notre marché est au même niveau que l'était celui de l'automobile en 1907. De grands acteurs sont en train d’émerger. Et ils sont loin d’avoir atteint leur taille définitive », confie-t-il.

Nexway sera-t-il capable de faire partie des futurs leaders mondiaux ? Gilles Ridel l’espère secrètement. Avec plus de vingt ans d’expérience sur Internet, il fait partie des premiers aventuriers de la toile, au même titre que Marc Simoncini, fondateur de Meetic, et Xavier Niel, vice-président d’Iliad. Depuis ces débuts, Gilles Ridel a une idée condutrice bien précise?: la démocratisation du haut débit conduira à la dématérialisation des contenus.


Du Minitel à la toile


Après la création d’une première société télématique sur le Minitel en 1986, Gilles Ridel fonde Avenda, une entreprise spécialisée dans la création de sites Web. En cinq ans, l’agence réalise pas moins de cinq cents sites clients et participe ainsi aux premiers développements des sites d'e-commerce français. En 2000, il revend la société pour 12 millions d'euros à Jet Multimedia. Il continuera de travailler au sein du groupe pendant deux ans en tant que directeur général des activités Internet.

Mais l’envie d’entreprendre est plus forte. En 2002, il quitte le groupe et lance Téléchargement, une start-up spécialisée dans le développement du commerce en ligne. En 2007, l’entreprise devient Nexway et part à la conquête du marché européen.


95% de croissance annuelle

Grâce à ses compétences techniques, marketing et commerciale, la société réussit à proposer en moins de trois ans un service complet à ses utilisateurs. Aujourd’hui, Gilles Ridel privilégie les partenariats avec les éditeurs de portails Web ou les Webmarchands qui veulent s'appuyer sur une plate-forme comme Nexway. Cette solution permet à ses clients de faire face à la concurrence des grands noms de l'informatique, de l'électronique ou des télécoms.



En huit ans, le chiffre d’affaires de la société est passé de 394 000 euros à 42,1 millions d’euros, soit une croissance annuelle moyenne de près de 95 %. Nexway a profité d’un marché du téléchargement légal en pleine expansion. En 2011, le téléchargement en ligne devrait atteindre 36 % des ventes de musique. Et cette croissance pourrait encore s’accroître si les éditeurs étaient prêts à mettre en place un modèle économique en adéquation avec la demande.


Une offre sur le marché qui répond à la demande

Avec le développement d’Internet, le consommateur a des nouvelles attentes. Désormais, il ne veut payer que ce qu’ils consomment. Pourquoi acheter un album entier s’il ne désire qu’une chanson ou une suite complète de logiciels s’il n’est intéressé que par un des programmes ? La dématérialisation des contenus a permis de répondre à ces besoins. L’interactivité avec le produit est plus forte. Le client qui achète en ligne a de nouvelles attitudes de consommation.
Avant l’achat, il souhaite accéder à des versions test afin de se faire une idée plus précise du produit. Par la suite, il veut être capable de l’améliorer en achetant des mises à jour ou des extensions et de suivre l’actualité du produit en s’abonnant à des alertes par courrier électronique. Un excellent moyen de fidélisation. Désormais, l'utilisateur s'intéresse non seulement au prix mais également aux services proposés.
Totalement adaptés au mode de distribution en ligne, les jeux et les logiciels sont des exemples parfaits du try before you buy (essayer avant d’acheter). Pour certains produits, une vente sur deux réalisée sur Nexway est consécutive à un test.


Une croissance à l'étranger

Contrairement à Apple, qui centralise son service au Luxembourg, Gilles Ridel décide d’ouvrir des bureaux à l’étranger afin de répondre aux spécificités de chaque marché. Pour atteindre ses objectifs, l'entreprenaute réalise, en 2006, une deuxième levée de fonds de cinq millions d’euros. Après la France et l'Espagne, la société ouvre ainsi, en 2007, une nouvelle agence à Bruxelles, pour le Benelux, et à Londres, pour le Royaume-Uni.
Nexway conforte alors sa position de second acteur européen dans la distribution numérique derrière l’américain Digital River. Par la suite, Gilles Ridel continue de mener une stratégie agressive afin d’être présent sur l’ensemble des marchés européens. En 2008, il ouvre un bureau à Milan, acquiert Key Technology pour développer ses activités germanophones et investit dans CoGen Media pour s’ouvrir les portes du Japon et de la Chine.


Un catalogue varié

Simultanément à cette politique de croissance externe, Nexway développe également son contenu. En 2007, la société investit dans Extra Live, un spécialiste des jeux pour téléphone mobile. Ce rapprochement lui permet alors de renforcer son offre en couvrant aussi bien les jeux pour ordinateurs que pour téléphones portables. En 2008, l'acquisition de Boonty permet au groupe d’intégrer plus de quatre cents nouveaux éditeurs de jeux vidéo casual dans son catalogue.


Attise toutes les convoitises

Comme le prouve son nouveau slogan « Global e-content solutions », Nexway est devenu un généraliste du téléchargement. Désormais, ce géant européen peut proposer à ses clients des pack multi-produits. Il a été l’un des premiers à proposer un environnement et un système de paiement homogènes pour une grande variété de contenus numériques.
Nexway est capable de proposer à la fois un film, un jeu et une bande originale de film. Ce type d'offre horizontale correspond aux attentes des Internautes et de ses clients qui apprécient de disposer d'un fournisseur unique pour l'ensemble des contenus numériques.
Reste à savoir si son double positionnement ne risque pas de le pénaliser. En devenant créateur de contenu, il ajoute à son rôle d’intermédiaire celui de producteur. Une stratégie qui pourrait le brouiller avec quelques uns de ses clients et le fragiliser dans son développement à l’international. D’autant plus qu’avec l’essor d'e-commerce, de nombreux opérateurs pourraient être intéressés par l'adoption de cette fonction en interne.
Malgré ces difficultés, le potentiel de Nexway est bien là. À tel point qu’il attire les convoitises de certains grands groupes étrangers. Mais que l’on se rassure, Gilles Ridel n’est pas encore prêt à céder son entreprise. Après l’Europe, il veut partir à la conquête du monde.


 

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