Trois questions à Laurence Parisot, présidente du Medef
Comment interprétez-vous la dégradation d’un cran, de Aaa à Aa1, de la note française par Moody’s ?
Laurence Parisot.
Il est évident que cette dégradation, faisant suite à celle prononcée par Standard and Poor's en janvier, fait peser sur nous tous une pression particulière, plus forte encore que celle que nous avions déjà sur nos épaules. C’est une alerte sérieuse qu’il ne faut pas négliger, bien au contraire. Ce n’est malheureusement pas une surprise, ce n'est que la confirmation de la situation très préoccupante dans laquelle se trouve notre économie. Face à cette alerte nous devons engager toutes les réformes qui permettent de rétablir notre compétitivité.

Selon vous, quelles sont ces mesures nécessaires ?
L. P.
Notre objectif est que, très vite, nos entreprises retrouvent une situation de bonne santé économique et qu'ainsi elles soient en mesure de créer des emplois. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de mettre en œuvre le crédit d'impôt du plan de compétitivité dès le 1er janvier 2013. Car même si son ampleur n’est pas à la hauteur de nos préconisations, c’est une bonne chose pour la compétitivité. Le deuxième point est que l’on doit inciter l’investissement. Malheureusement, le gouvernement fait tout le contraire. Le projet de loi sur la fiscalité des cessions est suicidaire. Nous n'allons pas relâcher la pression. Troisièmement, la question de la fiscalité est primordiale. La suppression de la taxe professionnelle décidée par Nicolas Sarkozy a été compensée par la création de nouvelles taxes comme la contribution foncière des entreprises (CFE), levée directement par les communes. Cela donne lieu à des situations improbables. Dans certaines communes, on a recensé des hausses dépassant les 400 % ! Le Medef est scandalisée par de telles pratiques. Nous en avons discuté hier avec le Premier ministre pour qu’il agisse afin d’éviter tout débordement de ce genre.

La négociation sur la sécurisation de l'emploi reprendra le 30 novembre. Quelle est la position du Medef à ce sujet ?
L. P.
Pour améliorer la compétitivité, le marché du travail doit être rendu plus flexible. Nous ne signerons pas d'accord si du côté des organisations syndicales, il n'y a pas une acceptation des principes que nous mettons derrière la notion de flexibilité. Un échec de la négociation sur le marché du travail peut être très mal interprété par les marchés. Cela aurait des conséquences désastreuses…

Propos recueillis lors de la conférence de presse du 20 novembre 2012.

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