Faire fructifier son épargne sans mettre ses convictions de côté, c’est ce que propose Goodvest, entreprise engagée mettant à disposition de ses clients une analyse ISR pointue du marché. Son fondateur, Joseph Choueifaty, fait le point sur la finance durable d’aujourd’hui.
Joseph Choueifaty (Goodvest) : "Seuls 5 % des fonds passent nos filtres, ce qui en fait la méthodologie la plus exigeante du marché"
Décideurs. Parlez-nous de votre stratégie ISR au sein de Goodvest.
Joseph Choueifaty. Entreprise à mission depuis sa création, l’objectif de Goodvest est de démocratiser l’investissement responsable auprès des particuliers. Nous sommes partis des constats que la majorité de l’épargne est investie au sein des énergies fossiles et de l’importante place du greenwashing en investissement. Typiquement, à ce jour, 80 % des fonds labellisés ISR sont investis dans ce secteur, et seulement 0,2 % des actifs globaux respectent les accords de Paris.
De ce fait, nous avons créé notre propre méthodologie scientifique permettant d’analyser plus d’un millier de fonds d’investissement dits durables, au travers de nos filtres que sont l’exclusion sectorielle, l’analyse de l’empreinte carbone sur les trois scopes de l’émission de CO2 et, enfin, l’analyse de la politique de vote des sociétés de gestion. Seuls 5 % des fonds passent nos filtres, ce qui en fait la méthodologie la plus exigeante du marché.
Quels sont les freins rencontrés lors de cette analyse ?
Nous avons dû signer des NDA avec de nombreuses sociétés de gestion et récupérer leurs inventaires. C’est un travail de traitement de datas colossal. L’équipe d’analystes ISR chez Goodvest est composée de trois personnes s’y consacrant à plein temps.
Comment déceler le vrai du faux entre réelles convictions et greenwashing ?
C’est une vraie difficulté rencontrée par les épargnants et c’est d’ailleurs dans une optique de simplification du panorama global des solutions responsables actuellement proposées sur le marché que nous avons créé Goodvest. Regarder le top 5 des titres peut d’ores et déjà donner une idée du positionnement du portefeuille, mais cela reste un travail d’équipe d’analystes chevronnés.
Que pensez-vous d’un fonds investi sur Total dans une stratégie de "best-in-effort" ?
Je pense qu’il faut regarder la politique de vote de la société et regarder de façon très précise ses résolutions sur son dernier plan climat, par exemple.
La réglementation est-elle en adéquation avec le marché ?
Elle progresse, mais n’est malheureusement pas au niveau, en témoigne la reclassification des fonds selon la mise à jour de la réglementation SFDR. Les lobbys pèsent encore trop dans la balance, ce qui se traduit par une avancée moins rapide que nous pourrions le penser.
De quelle façon mettez-vous en avant la transparence des investissements ?
La transparence est un sujet qui nous tient à cœur chez Goodvest. Tout comme nos clients peuvent suivre la performance de leurs investissements, ils ont également accès à un onglet "impact" pour visualiser l’empreinte carbone de leur portefeuille, les émissions de CO2 évitées et réduites.
Propos recueillis Marine Fleury