Multi-family office créé en 2017, Inkipit Finance place son atout sur son savoir-faire en matière d’investissement, notamment côté diversification de portefeuille. Au coeur d’un environnement complexe et imprévisible, les fondateurs reviennent sur l’importance d’une allocation bien structurée.
Arnaud Perrier et Jérôme Samuel (Inkipit Finance) : "Il est plus facile d’avoir de l’impact en tant qu’actionnaire d’une société non cotée"
Décideurs. Pouvez-vous faire un point sur l’état du marché coté ?
Arnaud Perrier. 2022 a été une année compliquée pour la gestion de portefeuille d’actifs cotés. Nous avons vécu une baisse importante et concomitante des marchés actions et obligataires. La théorie explique qu’en temps normal la poche obligataire joue le rôle d’un coussin lorsque les actions souffrent. Cependant, en 2022, l’obligataire a plus souffert que les autres marchés en réalisant ses pires performances depuis des décennies. De notre côté, nous étions très peu exposés à cette classe d’actifs car nous considérions que cette classe d’actifs offrait très peu de valeur ; nous avons donc été impactés mais de façon mesurée et contrôlée.
"Nous avons été peu impactés par la remontée des taux obligataires"
Nous avons donc mieux performé que le marché. En 2023, nous avons augmenté notre exposition obligataire compte tenu des rendements embarqués désormais plus intéressants. Sur le premier trimestre 2023, les marchés font l’expérience d’un retour de l’appétit au risque et d’une hausse des actifs cotés.
Et le non-coté ?
Jérôme Samuel. Il y a eu une volatilité plus faible, ce qui représente la nature de cette classe d’actifs, donc nous n’avons pas constaté d’à-coups très forts. Un certain nombre de secteurs se sont montrés plus résilients, parfois même avec de belles performances, que ce soit en private equity ou en dettes privées. En relatif, nous avons continué à dégager des performances correctes en 2022 malgré le contexte macroéconomique. Nous sommes particulièrement prudents sur l’immobilier, nous ne cherchons pas à nous surexposer.
Le non-coté n’est-il pas réservé à une clientèle avertie ?
A.P. Par nature de l’investissement oui. D’un point de vue réglementaire, nous parlons de fonds souvent professionnels, autorisés pour les investisseurs avertis avec un investissement minimum de 100 000 euros. Cela étant, ce n’est pas parce que vous pouvez investir cette somme que vous êtes un spécialiste. C’est là que notre rôle de pédagogue entre en jeu pour que le client comprenne les risques de cette classe d’actifs.
Pouvez-vous revenir sur un temps fort de votre année 2022 ?
J.S. Nous avons beaucoup développé le co-investissement ces derniers temps. Les gérants avec lesquels nous travaillons nous présentent des opportunités de deals pour investir directement et à leurs côtés sur ces opérations. Cela intéresse beaucoup nos clients les plus avertis car c’est original !
Quel est selon vous le meilleur schéma d’allocation ?
A. P. Lorsque nous construisons un portefeuille en private asset, nous fonctionnons avec une approche "coeur satellite", la poche d’investissement étant majoritairement exposée à la partie la plus résiliente du private equity. Ensuite, en fonction des investisseurs, nous allons ajouter plus ou moins d’actifs plus risqués, voire plus complexes à comprendre, c’est la partie satellite du portefeuille. Nous ne pouvons pas nous exonérer d’effectuer un travail sur mesure au vu de la complexité du private equity.
Quelle est l’importance d’également diversifier en termes de zone géographique ?
J.S. Nous avons un coeur de portefeuille européen, ce qui n’est pas illogique car la devise principale de nos investisseurs est essentiellement l’euro. Il est clé cependant de pouvoir s’exposer à l’international pour diversifier un portefeuille. Les États-Unis font ainsi partie intégrante de notre univers d’investissement,. De façon marginale, nous avons une exposition à l’Asie.
Et en termes de secteur ?
J. S. Nous privilégions des secteurs résilients comme la santé, les services aux entreprises, les logiciels et l’éducation et plus généralement les secteurs portés par des dynamiques de croissance à long terme.
La finance durable fait-elle partie d’une stratégie de diversification efficiente ?
A. P. C’est plus qu’une stratégie de diversification, c’est incontournable. L’intégration par les gérants d’actifs de l’analyse des critères ESG (Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance) et la capacité des gérants à identifier les tendances ESG long terme sont des moteurs de performance. Cependant, mesurer l’impact d’un investissement de façon réelle reste compliqué. Nous le faisons plutôt par le biais du private equity.
Est-il plus facile de mesurer l’impact d’un investissement coté ou non coté ?
A. P. Il est plus facile d’avoir de l’impact en tant qu’actionnaire d’une société non cotée.
"Lorsque nous construisons un portefeuille en private assets, nous fonctionnons avec une approche coeur satellite"
J. S. Les gérants ont plus d’influence sur la gouvernance des entreprises et leur capacité à motiver les managements, ce qui explique en partie la surperformance des actifs non cotés, ajoutée à la maîtrise du timing des cessions. C’est un sujet très important dans les sujets d’impact.
Comment percevez-vous le rôle d’Inkipit dans la diversification des portefeuilles de vos clients ?
J. S. L’un des rôles des family offices est d’amener les clients sur des terrains où ils n’iraient pas naturellement. Par exemple, quelqu’un qui a fait plusieurs LBO avec un fonds en private equity sera toujours tenté de réaliser les mêmes opérations. Notre valeur ajoutée vient au moment où nous bousculons leurs habitudes d’investissement pour apporter de la diversification à leurs portefeuilles.
Quels sont vos critères dans la sélection de vos partenaires ?
A. P. Pouvoir offrir aux investisseurs privés une gestion se situant aux standards les plus élevés est ce que nous recherchons chez nos partenaires sociétés de gestion. Cela signifie que nous regardons en priorité la qualité des équipes, leur stabilité, leurs track records et l’ensemble des ressources mises à disposition pour leur métier. Au coeur d’un environnement complexe, nous sélectionnons les meilleurs gérants de leur catégorie et avec lesquels nous pouvons avoir un dialogue direct et régulier. La volonté de ces sociétés de gestion d’avoir des investisseurs privés dans leur clientèle finale est évidemment importante.
Propos recueillis par Marine Fleury