Au moment où le sommet Rio+20 se solde par un échec, les ressources naturelles continuent d’attirer les investisseurs.
 Au moment où le sommet Rio+20 se solde par un échec, les ressources naturelles continuent d’attirer les investisseurs. Hausse des cours à la Bourse, mégafusions entre les acteurs du secteur, prix tirés vers le haut par la croissance des pays émergents, il se passe toujours quelque chose dans le monde des matières premières.

La forêt, valeur refuge ?

La forêt française a aujourd’hui un point commun avec l’immobilier : crise financière aidant, elle s’installe dans un statut de valeur refuge. D’où une activité soutenue, surtout sur le segment des grandes forêts de plus de 50 hectares, avec 1,2 milliard d’euros de transactions en 2011. Sur un marché représentant 15 millions d’hectares (27 % du territoire français), aux trois quarts privé, les surfaces vendues ont bondi de 11 %, à 112 700 hectares, selon les estimations de la Fédération nationale des Safer (FNSafer) et de la Société forestière, filiale de la Caisse des dépôts et consignations et principal gestionnaire privé d’investissements forestiers en France. Il existe toutefois une forte hétérogénéité des prix à l’hectare, qui varient de 640 euros à 12 180 euros selon les régions et la qualité du peuplement.

Terres agricoles : le boom des transactions


C’est une première sur le marché des terres agricoles. La majorité des transactions de l’année 2011 a concerné des biens loués, tandis que les terres libres n’ont représenté que 48 % des 341 000 hectares qui ont changé de mains. Ce n’est pas dû à l’atonie du marché, au contraire : il redémarre. Selon la FNSafer, les 79 000 transactions, qui ont animé le marché des terres agricoles ont représenté 4 milliards d’euros, soit 14 % de plus en un an, ce qui s'explique par une augmentation du prix à l’hectare, mais aussi par celles des surfaces vendues (+ 10 %).
Si les Safer détiennent un droit de préemption sur les terres en vente, il en va différemment lorsque la cession concerne des parts de sociétés agricoles. Par conséquent, une part croissante des transactions sur terres agricoles leur échappe. La FNSafer, qui souhaiterait vivement que le législateur se penche sur la question, agite le spectre d’achats massifs de la terre française par des acteurs financiers ou des fonds étrangers, à l’instar de ce qui se produit en Afrique et en Ukraine.

Vers une production nationale de charbon propre ?

Au moment où les politiques s’interrogent sur un arrêt du nucléaire, le charbon pourrait bien faire un retour en force. Car, disponible en grande quantité, il présente un avantage économique certain : en baril équivalent pétrole, le charbon revient à 42 dollars, à peu près au même prix que le gaz (41 dollars), tandis que l’éolien atteint 95 dollars, moins cher tout de même que le pétrole brut, aux alentours de 100 dollars.
Le charbon a peut-être une place en France : avec des infrastructures relativement bon marché, comparées aux gazoducs ou aux centrales nucléaires, et un transport facile, il pourrait connaître une nouvelle vie sous l’appellation « charbon propre ». En effet, la coordination régionale Mines-Énergie CGT a proposé la création d’une centrale test fonctionnant sur le principe de l'oxycombustion, grâce aux cendres de terrils.

Des M&A 2.0

Quand ce ne sont pas les cours du charbon qui atteignent des sommets, ce sont les acteurs qui se lancent dans des mégafusions. Le mariage à 80 milliards de dollars de Glencore et Xstrata marque un changement d'époque dans la vie agitée du secteur. Après l'âge de l'émergence des géants de l'extraction (BHP Billiton, Rio Tinto...) constitués à grand renfort d'acquisitions spectaculaires, s'ouvre l'ère des mastodontes maîtrisant l'ensemble des étapes du cycle des matières premières. Avec Xstrata, Glencore s’inscrit dans une logique d'intégration verticale. À la manière des majors du pétrole, présentes de l'extraction à la pompe, l'ensemble fusionné opérera depuis les mines ou les terres agricoles jusqu'au négoce.

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