La quatorzième édition du Sommet des Leaders de la Finance au pavillon d’Armenonville vient de s’achever. L’évènement, qui a rassemblé plus de 600 participants, a suscité l’intérêt de tous. Entre invités de qualité, déjeuner et dîner d’affaires et conférences pertinentes, tous les ingrédients étaient réunis pour servir un cocktail coloré aux arômes délicats. Retour sur LE rendez-vous annuel de la finance d’entreprise.
Sommet des Leaders de la Finance : le rendez-vous qu’il ne fallait pas manquer !
Ce n’est un secret pour personne, la gestion d’une entreprise, sinon périlleuse à tout le moins complexe, s’explique notamment par la difficulté à se financer et l’inflation. À cela s’ajoute la place de plus en plus importante de l’IA et de l’extra-financier. Autant d’enjeux qui amènent le DAF de demain à jouer un rôle essentiel dans son entreprise.
L’intelligence artificielle ouvre le bal
Le constat est simple, l’IA a progressivement laissé la place à une nouvelle technologie dite « de rupture. » Lors de la plénière d’ouverture, un rapport récent de McKinsey a été abordé par Marie Best, CFO de Mirakl : "l’IA générative et les autres technologies ont le potentiel d’automatiser les tâches auxquelles les travailleurs consacrent actuellement 60 à 70 % de leur temps de travail. La moitié des activités professionnelles existantes pourraient être automatisées entre 2030 et 2060." Une avancée considérable qui demande toutefois de l’attention. "L’IA recherche une information vraisemblable plutôt que vraie", précise Morand Studer, Managing partner chez Eleven Strategy. L’humain sera toujours indispensable, ne serait-ce que pour vérifier les informations générées par l’IA. En témoigne l’utilisation de Chat GPT qui peut générer de fausses informations. Une autre tâche assombrit le tableau : face à l’IA, toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Une réelle discrimination voit déjà le jour. Les PME et ETI ne peuvent pas faire de l’IA leur priorité car celle-ci suppose un coût, donc un investissement financier à la hauteur, et demande certaines compétences spécifiques en plus d’un temps considérable pour s’adapter aux changements. A contrario, les grands groupes, de plus en plus innovants, proposent une offre compétitive et opérationnelle. L’IA suppose également un changement d’organisation ou de gouvernance avec l’instauration de nouveaux postes pour les spécialistes de l’IA ou de la Data. C’est le cas, par exemple, de la création d’un comité sur l’IA chez Mirakl. La transformation technologique de la fonction finance est devenue aujourd’hui un enjeu majeur pour les DAF.
Anticiper les coups durs
Comment tenir le cap de la croissance lorsqu’une entreprise traverse des turbulences de financement ? Une seule antienne : l’anticipation. "Si on attend d’avoir besoin de financement, c’est qu’il est bien souvent trop tard", assure Maxime Cordonnier, CFO d'Afyren. Le sujet de la confiance était au cœur des débats : lorsqu’on traverse un environnement tendu, il faut instaurer un climat de confiance avec les investisseurs et partenaires bancaires. Tout au long de la journée, transparence, anticipation et confiance ont été les maîtres mots.
L’extra-financier : contrainte ou opportunité ?
CSRD, critères ESG, les entreprises naviguent dans un contexte qui inscrit l’extra-financier parmi les critères d’évaluation. Force est de constater qu’elles réussissent à s’adapter à ces nouvelles réglementations. Quand certains y voient une contrainte, d’autres affirment qu’il s’agit avant tout d’une opportunité : "C’est le moment pour la direction financière de regarder la performance de l’entreprise sous un angle plus global avec des indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance. Ce qui ne peut qu’enrichir la fonction finance", explique Agnès Butterlin, directrice finance, achats et développement durable de Teréga, opérateur d'infrastructures gazières engagé dans la transition énergétique. Une entreprise qui prend en considération les critères RSE a plus de chance de trouver du financement. Les investisseurs, banques et fonds d’investissement leur accordent de plus en plus d’importance, non sans contraintes et non des moindres, au vu de la somme de travail à fournir. Le devoir de reporting de la CSRD oblige les entreprises à s’adapter à des concepts parfois abstraits et nouveaux, tels que le prévisionnel ou encore la notion de double matérialité européenne.
Sreedhar N. CFO de Saint Gobain comme invité d’honneur
Pour terminer cette journée d’échanges et de débats, nous avons eu l’honneur d’accueillir Sreedhar N. directeur financier et membre du comex de Saint-Gobain, leader mondial de la construction durable. Tout aussi inspirant que touchant, il est revenu sur l’initiative "Beyond Finance because it's also about you", une approche qui accorde au DAF un rôle crucial dans le quotidien de l’entreprise bien au-delà de la "simple fonction finance". À ses yeux, au nombre des qualités indispensables d’un CFO : "l’honnêteté, l’envie d’apprendre et l’amour de son métier". Enfin, il a illustré les prochaines étapes de transformation du groupe sous la direction de Benoît Bazin, un leader qui "comprend comment mobiliser les équipes et qui choisit les meilleures décisions stratégiques pour le groupe". Saint-Gobain saura répondre aux enjeux climatiques en minimisant son empreinte carbone dans le monde de la construction tout en continuant sa stratégie de build-up.
Laura Guetta Dray