L’Insee a souhaité répondre à cette question à travers une note publiée en octobre. Lorsqu’une usine se crée en France, son activité vient stimuler le secteur dans lequel elle évolue, ce qui favorise l’emploi au-delà de son propre site.
Produire en France plutôt qu'à l'étranger, quelles conséquences ?
Depuis son ascension au pouvoir, Emmanuel Macron a fait de la réindustrialisation l’un des fers de lance de sa politique économique. Il faut dire qu’entre 1965 et 2019 le Made in France (défini comme le contenu en valeur ajoutée française de la demande intérieure finale du pays) est passé de 89 % à 78 %. Chiffre plus alarmant encore: dans les produits manufacturiers, les données montrent une chute de 82 % à 38 %.
Dépendance à la Chine et aux États-Unis
Cette baisse est commune aux autres pays européens qui ont, eux aussi, souffert de la montée en puissance d’autres territoires. Une dépendance mise en exergue lors de la crise du Covid, le Vieux Continent peinant à s’approvisionner en certains produits incontournables. L’heure est donc désormais à un retour de souveraineté. Produire en France plutôt qu’à l’étranger, qu’est-ce que cela change ? C’est la question que s’est posée l’Insee qui y a répondu dans une note publiée fin octobre.
De quels pays viennent les produits importés consommés dans l’Hexagone ? Principalement d’Allemagne, des États-Unis et dans une moindre mesure de Chine, d’Italie et d’Espagne. L’Insee ajoute que plusieurs études ont analysé les vulnérabilités de l’économie française afin d’identifier les produits importés les plus sensibles aux perturbations. Ces derniers sont essentiellement concentrés sur la Chine et les États-Unis, dans les secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire et de la métallurgie.
Effets cascade
Dans quelle mesure l’ouverture de nouvelles usines change-t-elle la donne pour l’économie française ? "L’implantation d’une production sur le territoire a des répercussions sur l’ensemble des chaînes de valeur, constate l’Insee. Une hausse de la production d’une branche entraîne le reste de l’économie via les achats de cette branche." Ainsi, une usine fait appel à des fournisseurs qui, eux-mêmes, sollicitent leurs fournisseurs, etc. Par exemple, en 2019, la production française de l’industrie agroalimentaire représentait 164 milliards d’euros, ses consommations intermédiaires (c’est-à-dire les biens et services utilisés au cours du processus de production) 117 milliards. Celles-ci étaient constituées à 97 milliards de production intérieure et à seulement 20 milliards d’importations.
"Produire en France plutôt qu’à l’étranger a un effet potentiellement favorable sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre"
Par ailleurs, l’augmentation de l’activité en France aurait un effet positif sur le solde extérieur français. "La hausse de la production d’une branche de l’économie en France d’un côté serait en partie exportée, et d’un autre côté permettrait de réduire les importations de biens produits à l’étranger." Ainsi, la localisation en France plutôt qu’à l’étranger d’activités manufacturières générant directement un milliard d’euros de valeur ajoutée créerait 24 400 emplois en tout.
Enfin, "dans la mesure où l’intensité en gaz à effet de serre (GES) de la production est aujourd’hui plus faible en France que dans le reste du monde, produire en France plutôt qu’à l’étranger a aussi, à consommations inchangées, un effet potentiellement favorable sur les émissions mondiales de GES, commente l’Insee. Cela ferait certes augmenter les émissions sur le territoire français mais abaisserait l’empreinte carbone du pays." Si le ruissellement de la richesse des citoyens est souvent remis en question, celle de la création d’usines sur l’économie semble davantage faire l’objet d’un consensus. D’où l’énergie que le gouvernement déploie pour favoriser le Made in France.
Olivia Vignaud