Diplômée de l’ESCP Paris en 2014, Marie Delpuech est aujourd’hui directrice financière de Loft Orbital Technologies, une start-up du new space qui cherche à démocratiser l’accès aux infrastructures spatiales et constellations de satellites. Retour sur sa vision des enjeux présents et à venir d’un métier en perpétuelle mutation.

Décideurs. Comment êtes-vous devenue la DAF de Loft Orbital Technologies ?

Marie Delpuech. J’ai commencé ma carrière par un parcours classique après ma formation à l’ESCP puis comme auditrice chez KPMG auprès de clients grands comptes. Cependant, je ne me retrouvais pas dans les valeurs véhiculées par ce métier et je cherchais une expérience plus concrète, en adéquation avec ma personnalité.

C’est pourquoi, j’ai rejoint FluksAqua en 2016, une société qui opérait dans le domaine du traitement de l’eau où j’ai trouvé ce que je cherchais. Mon rôle était de structurer l’entreprise qui, avant mon arrivée, ne disposait d’aucun service administratif, ni de DRH, ni non plus de DAF. J’ai rapidement dû faire mes gammes et devenir un véritable couteau suisse. Notre objectif était de moderniser un secteur dont les outils avaient peu évolué depuis les années quatre-vingt-dix, en intégrant les nouvelles technologies en fonction des besoins des utilisateurs. Presque 5 ans plus tard, nous avons fait l’objet d’une fusion au sein du groupe Veolia. J’ai décidé de partir vers d’autres horizons avec le sentiment du devoir accompli, en ayant structuré une entreprise d’une trentaine de personnes.

Chemin faisant, j’ai rallié le groupe Loft Orbital, créé dans la Silicon Valley, qui avait ouvert son siège européen en France. C’était une belle progression et une suite logique dans ma carrière. Après avoir monté une société from scratch, j’ai rejoint un groupe international en forte croissance, passé en 2 ans de 40 à 200 personnes et qui fait désormais partie du Next40 de la French Tech.

"J’ai rapidement dû faire mes gammes et devenir un véritable couteau suisse"

Pouvez-vous nous préciser le business model de votre entreprise ?

Traditionnellement dans le secteur spatial, pour envoyer une charge utile en orbite, comme une caméra pour une mission d’observation de la terre, il faut un budget de plusieurs millions et une équipe de plus de 150 personnes. C’est un domaine difficilement accessible, réservé à de très grandes sociétés ou agences gouvernementales. Notre ambition est de changer la manière d’accéder à l’espace, afin de sortir de l’ultra- spécialisation du secteur pour standardiser et faciliter son accès à d’autres types d’acteurs industriels. Notre système repose sur trois piliers. Tout d’abord, on ne réinvente pas un secteur où certaines structures font déjà très bien leur métier. Nous avons d’ailleurs un partenariat privilégié avec Airbus afin d’utiliser leurs bus satellites.

Les deux autres piliers sont nos technologies hardware et software, fruits de notre R&D, qui permettent la mise en orbite de n’importe quelle charge utile tout en étant agnostique de nos équipementiers. Aujourd’hui, nous comptons 2 satellites opérationnels avec un objectif de 25 à l’horizon 2025.

Votre secteur est particulièrement sujet aux enjeux environnementaux. Quelle est votre manière de les aborder en tant que DAF ?

Par essence, notre business model n’est pas "vert", mais les équipes sont proactives sur cet enjeu, nous avons d’ailleurs lancé notre premier bilan carbone pour améliorer notre impact environnemental. Par ailleurs, nos satellites actuels se situent sur des orbites basses encore soumises à la gravité. Cela signifie que dans plusieurs années ils finiront par se désintégrer lors de leur rentrée dans l’atmosphère, évitant ainsi de polluer l’espace.

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?

Notre premier lancement chez Loft Orbital a été un moment inoubliable. C’était l’aboutissement d’un travail de longue haleine, fourni par toutes les équipes. Ne venant pas du secteur, c’était impressionnant mais aussi valorisant de participer à un tel événement, comme au centre de contrôle de la Nasa.

 Parcours : 

  • 2013 : devient auditrice senior chez KPMG
  • 2013 : obtient son master en management de l’ESCP Business School
  • 2016 : rejoint FluksAqua en tant que DAF
  • 2017 : intègre l’association Empow’Her qui accompagne les femmes entrepreneures
  • 2020 : devient directrice financière de Loft Orbital Technologies

Propos recueillis par Tom Laufenburger

 

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