L’année 2021 a été pour tout l’écosystème une période aussi dense que surprenante en termes de beaux dossiers. Laurent Cotret et Julien Aucomte, associés au sein de l’équipe corporate du bureau parisien d’August Debouzy en font le bilan et dessinent les contours d’une année 2022 pleine de promesses pour l’activité.

Décideurs. Quel bilan faites-vous de l’activité M&A du cabinet en 2021 ?

Laurent Cotret. Elle est intense, grâce au dynamisme du marché. Elle est bien évidemment portée par le fort développement de la tech et l’appétit d’investissement des fonds, notamment américains, mais également européens, pour les entreprises françaises de ce secteur. Nous voyons aussi des industries plus traditionnelles, comme la pharma ou des industries de niche, très recherchées et avec des valorisations à des niveaux très élevés.

Julien Aucomte. La richesse et la créativité française créent incontestablement, bien au-delà des plans de relance, une dynamique et notre pays a des attraits incomparables dont nous mesurons actuellement les effets.

Quelles tendances et quels sujets les plus significatifs avez-vous relevés dans le cadre des opérations traitées ?

L. C. La confiance est très forte dans le développement des entreprises de la "french tech" – les licornes et au-delà – qui sont encore aujourd’hui, pour beaucoup, dans les premières phases de développement, mais pourront demain devenir des acteurs majeurs de leurs secteurs. Même si le risque est toujours identifié et mesuré, les investisseurs ont fait le pari de la confiance, ce qui nous fait dire qu’il ne s’agit pas de bulles spéculatives.

Comment le marché du M&A a-t-il évolué en cette année de reprise ?

J. A. Il a redémarré sur les chapeaux de roues, dès le début de l’année 2021, et continue de se maintenir alors même que certains annonçaient un essoufflement, voire un ­ralentissement.

Les perspectives 2022 sont d’ores et déjà bonnes, et ce, en dépit d’un contexte d’élections qui n’est jamais très favorable aux affaires. Nous sommes donc confiants quant au niveau de l’activité dans les prochains mois.

"Le temps est venu de rembourser ces financements, en plus de la dette existante"

Quels sont vos projets pour 2022 ?

L.  C. Nous allons évidemment continuer à développer notre équipe, ce que nous faisons notamment en cooptant cinq nouveaux counsels qui ont réalisé une grande partie de leur carrière au sein de notre cabinet.

J. A. Par ailleurs, nous allons poursuivre notre activité dans la dynamique actuelle, sans oublier également le distressed M&A. En effet, si la croissance existe pour un certain nombre de secteurs, d’autres, comme des activités immobilières ou des industries hautement consommatrices d’énergie, souffrent et auront besoin de conseil pour traverser cette période.

En matière de distressed M&A et de restructuring, comment anticipez-vous les prochains mois ?

J. A. De belles opérations se feront dans les mois à venir car certaines entreprises, très endettées, ont aggravé leur endettement pendant la période Covid, notamment avec le PGE. Le temps est venu de rembourser ces financements, en plus de la dette existante.

Si certaines entreprises avaient réussi à repousser le mur de la dette en 2020 du fait des aides, les difficultés vont réapparaître dès 2022 et s’accentuer en 2023. En quelque sorte, les entreprises qui connaissaient déjà des difficultés avant la crise ne les ont pas vues disparaître, elles vont réapparaître avec retard.

L. C. Nous sommes donc là pour les accompagner, pour leur permettre de traverser ces périodes douloureuses et pour les conseiller dans des adossements ou la mise en place de nouveaux financements.

Ce challenge est d’autant plus intéressant que les ordonnances du 15 septembre 2021 permettent désormais des restructurations avec un cadre inédit, celui des classes de créanciers et d’actionnaires.

Cette procédure dite de cram down, applicable aux États-Unis, va probablement être un enjeu des prochaines années en favorisant le rachat des dettes garanties par des fonds qui restructureront les entreprises en difficulté en écrasant une partie de la dette et en proposant parfois des plans alternatifs à ceux du management.

C’est donc avec de nouveaux outils de traitement de la dette que nous allons aborder cette nouvelle étape. Là est le véritable enjeu. 

Propos recueillis par Béatrice Constans

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