Un marché du M&A à deux vitesses ?
Au mot valorisation, on s’est habitué à voir accolé celui de record. L’année 2021 n’a pas manqué d’en établir un nouveau pour le M&A tricolore, avec plus de 246 milliards de dollars, soit 213 milliards d’euros, signés par des groupes français d’après les données Refinitiv. Entre autres avec des opérations de taille, à l’image de Bouygues, prêt à débourser 7,1 milliards d’euros pour s’assurer de remporter Equans, la filiale des services techniques de l’énergie d’Engie.
Un optimisme général
Après les chaos de 2020 liés aux premiers mois de la pandémie, le marché des fusions-acquisitions avait repris du poil de la bête. Toujours avec le même triptyque : taux bas, facilités de financement et appétit des investisseurs. L’année 2021 s’est poursuivie sur la même lancée. Les groupes stratégiques sont par ailleurs nombreux à opérer des réorganisations de portefeuilles. Les ventes d’activités viennent donc encore huiler la machine M&A. De la cession de Lyxor par la Société Générale pour 825 millions d’euros à la vente de l’activité ferroviaire de Thales pour 1,66 milliard d’euros, les annonces se succèdent.
"Les fonds s’intéressent à nouveau à des entreprises en dehors des secteurs de la santé et la tech"
Le mid-market européen fléchit
Pourtant, tous ne sont pas logés à la même enseigne. L’indice de valorisation des PME européennes affiche, lui, un recul au troisième trimestre avec un multiple médian de 11 fois l’Ebitda par rapport à celui d’avril à juin 2021, de 11,6 fois. En cause ? Le retour à une certaine norme de marché de la part des fonds d’investissement qui avaient pris l’habitude de payer plus cher. Des fonds qui s’intéressent à nouveau à des entreprises en dehors des secteurs de la santé et la tech dont les valorisations sont toujours plus élevées. Mais la vraie surprise tient à la volumétrie, en baisse sur les transactions mid-cap depuis quelques mois.
Un rythme ralenti ?
Entre les périodes de confinement et la hausse des prix des matières premières, trouver la rentabilité normative d’une entreprise relève parfois du défi. Sans compter les surcoûts souvent importants, comme le transport, dont l’inflation devrait se poursuivre en 2022. Autant de facteurs de ralentissement des processus transactionnels. Malgré tout, le flux d’opportunités demeure élevé, avec des sociétés qui ont plutôt bien tenu le choc de la crise de Covid-19. L’optimisme général pourrait alors emporter l’ensemble du marché.
Anne-Gabrielle Mangeret