H.I.G WhiteHorse, le fonds de dette primaire de H.I.G. Capital, l'un des leaders mondiaux de la gestion alternative d'actifs, propose des financements par l'endettement à des entreprises de taille moyenne en Europe et aux États-Unis. Charles Bourgeois, Principal au sein de l’équipe européenne, fait le bilan de la stratégie et des ambitions du fonds quelques mois après son arrivée.

Décideurs. Vous avez rejoint l'équipe européenne de H.I.G WhiteHorse en mars 2021, comment se structure-t-elle aujourd’hui ?

Charles Bourgeois. À ce jour, l’équipe européenne est composée de 20 professionnels d’investissement. L’équipe est dirigée depuis juillet 2020 par Pascal Meysson, anciennement co-fondateur des activités de direct lending d’Alcentra en Europe. Il s’agit d’une équipe pan-européenne, implantée localement dans toutes les géographies clés, dont le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, le Bénélux, l’Allemagne, l’Italie et prochainement la Scandinavie. Cela nous permet d’offrir une proximité physique optimale à nos clients. Laurent Vaille et moi-même partageons la responsabilité des marchés français, belge et suisse et disposons de trois senior associates français ou francophones pour nous épauler.

Quelle stratégie souhaitez-vous mettre en place grâce à cette nouvelle équipe et quelles sont vos ambitions ?

La nouvelle stratégie est très claire : faire de HIG WhiteHorse l’un des trois leaders du marché européen du direct lending. Il s’agit d’un projet ambitieux, motivant et excitant, raison pour laquelle j’ai choisi de rejoindre l’aventure en début d’année. Cette ambition repose notamment sur l’équipe que nous avons constituée, composée de professionnels expérimentés et reconnus dans chacune des juridictions adressées. Nous disposons par ailleurs d’un mandat flexible qui nous permet de proposer à nos clients des financements sur mesure, seniors ou juniors, aussi bien pour des deals sponsored que pour des opérations sponsorless. Sur les neuf premiers mois de 2021, nous avons réalisé douze transactions en Europe et déployé près de 800 millions d’euros. Ce niveau d’activité confirme la pertinence de notre positionnement.

Pouvez-vous nous parler des dossiers sur lesquels vous avez eu l’occasion d’intervenir au cours de ces derniers mois ?

Quatre deals ont été réalisés en France cette année : les refinancements de Kermel pour Qualium Investissement et d’Altares pour Naxicap et les financements de Kandelium pour Latour Capital et de Groupe Astek en sponsorless. Ces quatre opérations sont de type unitranche avec des engagements compris entre 70 et 170 millions d’euros. Nous nous appliquons systématiquement à concevoir des structures sur mesure et flexibles. Des caractéristiques qui font l’attrait de ces financements alternatifs. Notre positionnement est celui d’un partenaire de long-terme pour les sociétés que nous finançons ainsi que leurs actionnaires. De plus, nous sommes "agnostiques" en termes de secteurs d’activité comme le montrent ces quatre réalisations. Ce que nous recherchons avant tout, ce sont des entreprises aux fondamentaux solides, dirigées par des managers de qualité et accompagnées par des actionnaires pertinents.

"Sur les neuf premiers mois de 2021, nous avons réalisé douze transactions en Europe et déployé près de 800 millions d’euros"

Quels sont aujourd’hui les facteurs d’attractivité des financements alternatifs ?

Aujourd’hui, le marché est quelque peu en surchauffe du fait de la très forte reprise économique après les confinements stricts de l’an dernier. La demande pour nos financements alternatifs est très forte, ce qui est la conséquence de trois principaux facteurs.

Tout d’abord une activité M&A qui bat des records en 2021, portée par la reprise post-confinements ainsi que des marchés internationaux haussiers avec des indices à des niveaux records eux aussi, ce qui pousse les valorisations vers le haut. Par ailleurs, l’évangélisation continue de la dette privée auprès des entreprises et des sponsors en Europe se traduit par une demande de plus en plus forte pour nos produits, et une part de marché en croissance continue. Enfin, les processus M&A sont toujours plus courts et confidentiels et poussent les acquéreurs à privilégier les fonds de dette privée par souci de rapidité et de confidentialité. Si la demande a ainsi beaucoup augmenté, l’offre également. Cela est dû à la conjonction de l’apparition de nouveaux acteurs et de levées de fonds de plus en plus importantes.

Quels sont les défis que va devoir relever l’industrie de la dette privée dans ce contexte de reprise ?

Notre industrie fait face à un certain nombre de défis dont deux me paraissent les plus révélateurs. Le premier est la tentation d’oublier le caractère cyclique de nos économies. Cela fait maintenant une dizaine d’années que le cycle économique que nous traversons est haussier. Même un évènement aussi disruptif que la Covid-19 ne l’a pas ébranlé. Il faut donc rester rigoureux dans nos analyses et continuer à être sélectifs. La modélisation de scénarios conservateurs pour l’entreprise et ses marchés reste absolument clé, afin de s’assurer que les sociétés ne portent pas un montant de dette excessif et que les structures de financement envisagées soient capables d’absorber, le cas échéant, un retournement de cycle.

Le second défi auquel notre industrie fait face est la pression sur les taux. En effet, les programmes de quantitative easing et la baisse des taux directeurs des banques centrales depuis une douzaine d’années ont, directement et indirectement, tiré les rendements de la dette privée vers le bas. Le rendement relatif de nos investissements, comparés à celui de la majorité des autres classes d’actif, reste évidemment attractif. Mais notre industrie est concurrentielle, il appartient à chaque gestionnaire de rester vigilant et de ne pas succomber à la tentation de réduire les niveaux de rentabilité pour privilégier une course aux volumes. Il est essentiel de veiller au maintien d’un couple risque/rendement cohérent pour chaque investissement.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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