Le fabricant américain de semi-conducteurs envisagerait de racheter les anciennes fonderies de son concurrent AMD. En parallèle, le groupe souhaite se développer en Europe et prévoit pour ce faire de mettre 20 milliards de dollars sur la table.

Intel occupe tous les fronts. Après avoir promis des investissements en Europe, l’Américain, premier fabricant de semi-conducteurs, projette un rapprochement avec GlobalFoundries, selon des informations rapportées par le Wall Street Journal. Un rachat à 30 milliards de dollars qui, s’il n’a pas été confirmé par l’intéressé, est révélateur de l’émulation connue actuellement par le secteur.

Cet investissement permettrait à Intel de pousser les feux dans la production de semi-conducteurs pour des tiers. Actuellement détenue par une société d’investissement appartenant au gouvernement d’Abu Dhabi, Mubadala Investment Co, GlobalFoundries compte parmi ses clients son ancien propriétaire, AMD, concurrent d’Intel. GlobalFoundries est également détenteur d’une usine à Dresde en Allemagne. Or, Intel, qui compte investir 20 milliards de dollars dans deux nouvelles usines en Arizona, ne cache pas ses ambitions en Europe.

Un domaine stratégique

Il y a quelques jours, son patron, Pat Gelsinger, est allé à la rencontre de dirigeants du Vieux Continent, dont notamment Emmanuel Macron pour la France et Mario Draghi pour l’Italie, afin de discuter de la pénurie de cartes à puces à l’échelle mondiale. Un marché en tension depuis le début de la crise qui a mis en avant le manque d’investissements dans le domaine par certaines nations. Or, ces produits sont stratégiques. Ils permettent d’assurer le bon fonctionnement de nombreuses industries, dont l’automobile, et pourraient, à défaut, compromettre la reprise économique.

Intel entend investir 20 milliards de dollars dans une nouvelle usine en Europe.

Dans le détail, Intel entend investir 20 milliards de dollars dans une nouvelle usine en Europe.  "Nous sommes convaincus que ce projet profitera à l’Europe dans son ensemble", confie au Financial Times, Greg Slater, vice-président pour les affaires réglementaires du groupe.

L’Europe à l’attaque

Bruxelles y travaille depuis plusieurs mois, cherchant à faire émerger une nouvelle dynamique en la matière. "L’objectif dans les semi-conducteurs est de doubler notre capacité de production et notre part de marché d’ici à 2030, pour passer de 10 % aujourd’hui à 20 % demain", expliquait en mai aux Échos, Thierry Breton, commissaire européen à la politique industrielle et au marché intérieur.

L’UE est d’ailleurs à l’initiative d’une alliance permettant de réunir tous les acteurs de la chaîne de production de semi-conducteurs (recherche privée et publique ainsi qu’industriels). Le but est de rattraper le retard pris par l’Union mais aussi d’en profiter pour favoriser un bond technologique en se tournant vers les marchés d’avenir. "Si l'on se projette à dix ou quinze ans, cela veut dire que nous devrons maîtriser les semi-conducteurs de moins de 5 nanomètres, voire de moins de 2 nm", ajoute Thierry Breton.

L’objectif prioritaire étant de réduire la dépendance du Vieux Continent vis-à-vis des pays asiatiques mais aussi d’autres pourvoyeurs de ces technologies comme les États-Unis. Et visiblement, l’Europe n’est pas la seule à s’armer dans cette guerre concurrentielle.

OV

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