Believe, la firme spécialisée dans l’accompagnement des artistes et labels indépendants, qui connaît une insolente réussite, a fait ses premiers pas en Bourse le 10 juin dernier. Denis Ladegaillerie, fondateur et PDG de la licorne française qui a su miser sur le 100 % numérique revient sur les péripéties du début de la cotation et ses ambitions pour l’avenir de sa pépite.

Décideurs. Quel bilan tirez-vous des débuts chahutés de la cotation de Believe ?

Denis Ladegaillerie. L’évolution du cours de Bourse peut s’expliquer par des éléments techniques. À ce stade, la taille du flottant reste encore relativement limitée et le niveau de liquidité encore faible peut expliquer l’observation de variations un peu plus élevées sur le titre. Cela sera bientôt corrigé par une augmentation du nombre d’actions. Ce qu’il s’est passé le premier jour de trading est simple : un hedge fund a placé un gros ordre de vente dès l’ouverture. C'est ce qui a fait chuter le cours alors que Believe entrait en Bourse pour les bonnes raisons : une opportunité de long terme avec un modèle meilleur que celui des acteurs traditionnels. Le groupe sera capable d’afficher des niveaux de croissance élevés et une rentabilité opérationnelle qui progressera avec le temps.

Les fondamentaux de la stratégie d’investissement du label sont très positifs. Le marché de la musique numérique est en pleine croissance et Believe est aujourd’hui idéalement positionné au cœur de cette transformation, avec un modèle unique pour apporter les solutions digitales les plus adaptées aux besoins de chaque artiste et label indépendant, quel que soit leur niveau de développement, dans toutes les géographies et à travers une large variété de genres musicaux.

Nous sommes ravis d’avoir franchi cette nouvelle étape de développement pour le groupe. En plus de s’inscrire dans un temps long, les investisseurs ont répondu présents. Notre vie boursière n’en est qu’à ses débuts, et nous avons à cœur de convaincre de nouveaux investisseurs de nous rejoindre. 

En quoi cette IPO est-elle une étape déterminante de la croissance de Believe ?

Cette opération est une nouvelle étape clé pour le déploiement de Believe car elle va nous permettre de financer notre développement et d’accroître notre flexibilité financière. La démarche du groupe est de constituer la plateforme de référence du développement digital pour les artistes et labels indépendants dans le monde, en continuant à investir pour élargir son empreinte géographique, poursuivre sa stratégie de croissance externe ciblée, enfin améliorer et étendre, en innovant, les capacités existantes de sa plateforme technologique.

Les 300 millions que nous avons levés nous permettrons de financer l’intégralité de notre plan d’investissement et de croissance organique jusqu’en 2025, ainsi que notre croissance externe jusqu’en 2023. Nous pourrons ainsi amplifier l’enrichissement de notre savoir-faire particulier et nos outils, et augmenter nos compétences technologiques, musicales et digitales afin de renforcer notre positionnement unique sur le marché de la musique digitale qui se transforme très vite.

Disposer de la meilleure expertise digitale du secteur, avec des équipes locales au plus près de ces artistes et labels pour établir avec eux une relation de confiance basée sur le respect, la transparence et l’équité sont les éléments fondamentaux au service de notre ambition.

"À l’horizon 2027, près de 80 % des contenus musicaux produits dans le monde seront distribués de façon digitale"

Pourquoi avez-vous choisi Euronext pour la cotation ?

Believe a été fondé à Paris et son siège est ici, en France. Toutes les capacités technologiques du label ainsi que les fonctions opérationnelles y sont également. Il était donc logique que l'introduction en Bourse se fasse sur Euronext Paris.

Depuis 2015, plus de 150 entreprises de la tech sont entrées en Bourse sur Euronext. Cette forte communauté d'émetteurs tech en Europe offre un vaste pool d'analystes et d'investisseurs en plus d’un puissant écosystème financier pour les entreprises comme les nôtres.

À la suite de l’IPO, quelle sera la répartition de l’actionnariat ?

À l’issue de l’introduction en Bourse, le capital social de Believe est réparti entre nos actionnaires historiques, Ventech, XAnge, TCV, GP Bullhound, qui sont tous restés au capital, et de nouveaux actionnaires comme le Fonds Stratégique de Participations, un investisseur de long terme qui accompagne le développement de champions français ou Sycomore Asset Management, un acteur de référence de l’investissement responsable.

Quels sont les grands enjeux de demain pour Believe et le marché de la musique ?

À l’horizon 2027, près de 80 % des contenus musicaux produits dans le monde seront distribués de façon digitale. Nous sommes en train de vivre un bouleversement sans précédent qui place Believe au cœur de ce changement. Peu à peu, chaque genre musical se digitalise, de sorte que nous sommes prêts à nous positionner sur l’ensemble de ces marchés, avec la souplesse particulière qui est la nôtre pour les investir en profondeur.

Ce basculement en cours a des conséquences concrètes. Entre 2010 et 2020, un artiste comme Johnny Halliday a vendu 6 millions d’albums, dont 98 % de ventes physiques essentiellement réalisées via le circuit des supermarchés. Jul, top artiste « Believe » de la nouvelle génération qui enchaîne les succès d’audience, en a vendu 5,5 millions, dont 85 % en vente digitale en s’appuyant sur des canaux comme YouTube, TikTok, Spotify ou Apple Music.

Il y a quinze ans, le top 200 des artistes français représentait 70-80 % des ventes. Aujourd’hui, dans le digital, les mêmes artistes représentent un petit tiers du marché. Et laissent le reste à des artistes établis qui n’atteignent pas leur niveau de ventes.

L’univers de la musique est actuellement structuré différemment de ce qu’il a pu être dans le passé. On y trouve notamment trois catégories aux besoins très différents entre les artistes amateurs, ceux établis et ceux qui font partie du top. Un monde sépare Petit Biscuit, qui crée de la musique chez lui, et un artiste aussi reconnu que Jul. Notre force, c’est justement de respecter cette unicité en nous y adaptant. Et ce, grâce à trois types de compétences que nos équipes cultivent : celle, bien naturelle, de connaître la musique et de savoir échanger avec des artistes et les conseiller ; l’expertise digitale qui nous permet d’orienter notre développement et d’accompagner nos partenaires, et enfin la maîtrise technologique, grâce à laquelle nous pouvons bâtir des solutions évolutives et sur-mesure.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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