Fondée il y a plus de vingt ans par des experts du M&A et de la Due diligence, la plateforme Drooms est le leader européen de services de datarooms virtuelles destinées à faciliter, sécuriser et accélérer les transactions commerciales. Sandrine Talbot, General Manager en France et Suisse romande, revient sur le parcours du groupe et son fonctionnement centré sur la digitalisation.

Décideurs. Depuis quatre ans, vous incarnez avec vos équipes, en France, la marque Drooms avec succès. Vous êtes désormais General Manager de Drooms pour la France et la Suisse, quel regard portez-vous sur l’histoire de la plateforme dans l’Hexagone ?

Sandrine Talbot. Le marché́ des datarooms est très concentré, notamment en France. Lorsque j’ai rejoint Drooms pour le développement commercial, il n’y avait qu’une petite dizaine d’acteurs dont deux ou trois seulement trustaient le marché́ français. Il nous a donc d’abord fallu sortir de l’image de startuper qui nous était attachée pour devenir un acteur incontournable des transactions en ligne dans ce pays. Faire de la marque une référence dans l’Hexagone nous a pris deux ans, mais c’est aujourd’hui une grande fierté́ d’y être parvenu.

Quelle victoire la plus belle retenez-vous ?

Au-delà̀ des fonctionnalités sans cesse plus innovantes de notre dataroom qui font notre fierté́ comme la traduction en ligne par exemple je mentionnerais sans hésiter la construction d’une équipe de professionnels aujourd’hui reconnue sur notre marché, quel que soit le lieu où nos collaborateurs sont basés. Le fait qu’on sollicite nos conseils sur certaines transactions est révélateur de la grande confiance qu’on nous accorde. Fait rare dans ce secteur. Cette confiance est une véritable victoire pour nous.

Une victoire d’équipe, construite de façon durable, mais aussi une victoire business. Comment la croissance de Drooms a-t-elle évolué ces dernières années ?

Nous avons réalisé une croissance de près de 40 % sur les trois dernières années, avec une véritable ascension portée par l’équipe et une progression de près de 20 % pour la seule année 2020. Cette évolution traduit notre ADN, celui de s’inscrire dans la durée avec nos clients. Dans le conseil, 95 clients sur cent reviennent chez nous pour de nouvelles opérations.

Quelles sont les forces de Drooms qui favorisent une telle fidélisation ?

C’est avant tout notre dataroom, particulièrement intuitive, mais aussi au-delà, l’aspect humain. Les équipes, qui accompagnent les clients au quotidien, sont disponibles 24/7/365, mais sont également proactives. Elles se tiennent régulièrement informées, et il ne se passe jamais plus de quinze jours sans que le chef de projet Drooms ne recontacte les administrateurs afin de s’assurer qu’ils n’aient pas besoin de soutien. Cela contribue à créer une réelle proximité.

Une autre force majeure est, je pense, propre à la culture Drooms. Ses fondateurs sont toujours à la tête de l’entreprise et ils y insufflent une dynamique entrepreneuriale auprès des équipes. Celles-ci fonctionnent de manière horizontale dans une grande transparence. Chaque département cherche à apporter une réelle valeur ajoutée à chaque projet, et ainsi à faire gagner du temps aux utilisateurs pour que l’exécution soit réalisée rapidement et sans erreur pour autant au sein de la dataroom.

"Avec plus de vingt ans d’expé- rience à son actif, Drooms connaît bien les besoins du marché et de ses utilisateurs."

Ce gain de temps, cette agilité et réactivité peuvent être augmentés par la technologie, comment Drooms s’inscrit-il en rupture technologique avec ce qui se faisait au sein des datarooms ?

Les utilisateurs sont notre priorité. Nous nous demandons quelle est la valeur ajoutée avant de nous lancer dans un projet et n’utilisons jamais la technologie pour le simple plaisir de faire de l’innovation sans but concret. Avec plus de vingt ans d’expérience à son actif, Drooms connaît bien les besoins du marché et de ses utilisateurs. Grâce aux technologies autour de l’intelligence artificielle, nos utilisateurs gagnent en efficacité dans leur travail en simplifiant et accélérant des tâches chronophages ou à faible valeur ajoutée. Nous utilisons notamment l’apprentissage automatique ou machine learning, ainsi que l’apprentissage approfondi, ou deep learning, une des branches du machine learning, mais aussi le Natural Processing Language. L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique vont de pair désormais.

Comment Drooms applique-t-il l’IA pour ses fonctionnalités ?

Pour trois applications majeures. La première réside dans l’allocation automatique. C’est elle qui permet aux utilisateurs de trier automatiquement d’importants volumes de documents entrants en les chargeant au bon endroit. L’algorithme se sert notamment de l’apprentissage automatique pour s’enrichir en permanence afin de générer des suggestions de plus en plus précises au fil du temps. Cette fonctionnalité permet aux clients de garantir des attributions appropriées au sein des index qu’ils ont eux-mêmes définis au préalable et qui permettent de respecter les normes et réglementations de l’entreprise.

La seconde application s’insère dans la suite logique de cette fonctionnalité puisqu’il s’agit du nommage automatique des fichiers, qui permet un gain de temps considérable. Grâce à l’intelligence artificielle, des documents numérisés sont renommés et classés de manière autonome, en fonction de leur contenu réel.

Enfin, et il s’agit de la feature issue de l’IA qui rencontre le plus de succès, nous offrons à nos usagers une traduction automatique en ligne au sein de leur dataroom. Il est aujourd’hui possible de traduire instantanément de l’espagnol, de l’italien, du néerlandais, du français, de l’arabe vers l’anglais et vice versa. Notre solution, contrairement à Google Translate ou Bing Microsoft Translator pour ne citer qu’eux, repose sur le deep learning qui permet d’augmenter de manière significative la qualité de la traduction. Cette fonction rend la collaboration sur les transactions transfrontalières beaucoup plus facile, rentable et sûre, car les différentes parties concernées peuvent traduire les documents sans jamais avoir à quitter l’environnement sécurisé de la dataroom.

"L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique vont de pair désormais"

Vous évoquez la confidentialité, qu’en est-il des débats sur l’éthique de l’intelligence artificielle ?

Nous suivons de près les discussions et les développements en matière d’éthique dans ce domaine et estimons que celle-ci se doit d’être légale, déontologique et stable. D’ailleurs notre PDG, Alexandre Grellier, est le référent chargé des nouvelles technologies auprès de l’Association internationale du Barreau (IBA). Nous tenons donc à la confidentialité de nos données ainsi qu’au respect de la vie privée. À tout moment, l’utilisateur doit pouvoir garder la main, au sens propre, afin de confirmer les suggestions générées par l’IA et garantir la qualité des résultats. Les outils que nous construisons sont là pour aider les professionnels à être plus efficaces et productifs, non pour les remplacer en construisant des systèmes entièrement automatisés.

Quelles sont les ambitions pour les prochaines années en France pour Drooms ?

Aujourd’hui, le défi à relever est bien entendu de renforcer notre position de leader sur ce marché, tout en conservant la culture de Drooms. Celle-ci mêle agilité d’entreprise et savoir-faire car nous développons toutes nos fonctionnalités en interne et de manière totalement indépendante, ce que nous souhaitons maintenir. Nous cherchons également à nous renforcer dans le Real Estate en développant notre présence auprès des investisseurs immobiliers et grands institutionnels du secteur – tels que UBS Real Estate, Tristan Capital partners et Invesco avec lesquels nous travaillons déjà – en matière d’investissements et de gestion de portefeuilles d’actifs.

Propos recueillis par David Glaser

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