Sous la direction de Sanaz Zaïmi, Présidente de Bank of America Securities Europe SA et Responsable pays pour la France, Bank of America a saisi l’opportunité du Brexit pour se rapprocher de ses clients européens, en développant son activité et son équipe dans l’Hexagone. Stéphane Courbon, Jérôme Morisseau, Pascal Bay et Laura Franco Sarto, respectivement Chairman de l’activité Corporate and Investment en France, Responsable de l’activité Investment Banking en France, Responsable de l’activité Corporate Banking en France, et, Responsable pour l'Europe de l'Ouest de l’activité Global Transaction Services, apportent leur éclairage sur les dernières tendances du marché dans ces domaines et sur les ambitions de Bank of America.

Décideurs. Quelles sont les dernières actualités de Bank of America en France ?

Jérôme Morisseau. Il y a d'abord eu l'installation à Paris de l'un de nos deux hubs européens, l'autre est à Dublin, en 2018, en prévision du Brexit. Si Bank of America est présente en France depuis 1953, Sanaz Zaïmi, qui endossent aujourd’hui trois fonctions au sein de l’entreprise en tant que Responsable mondiale de Fixed Income, Currencies and Commodities Sales, Présidente de Bank of America Securities Europe SA et Responsable pays pour la France, supervise désormais plus de 450 personnes à Paris. Nous offrons à nos clients, entreprises et institutionnels, une gamme complète de services financiers : gestion de trésorerie et de flux, conseil en financement et investissement, origination sur les marchés actions et les marchés obligataires, vente et trading, recherche économique et financière, conseil en fusions et acquisitions, et bien plus encore.

Cette nouvelle configuration nous a permis d'accueillir en France des professionnels ayant à la fois des expertises sectorielles ou de produits et un rayonnement européen. C'est notamment le cas dans les secteurs des télécoms, des infrastructures de télécommunication et de l'immobilier en Europe, entre autres. Notre réorganisation passe également par des promotions internes, comme celle de Stéphane en tant que Chairman de Corporate & Investment Banking en France. Nos ambitions de croissance sont importantes, et les recrutements de beaux profils se poursuivent pour atteindre nos objectifs.

Stéphane Courbon. Cette nouvelle organisation nous permet effectivement de démultiplier les efforts. La façon dont les équipes ont traversé l'année 2020 a d’ores et déjà démontré que le système fonctionnait bien. Nous avons à la fois renforcé les équipes sur des sujets spécifiques et ouvert notre stratégie à de nouveaux sujets et produits. Le but est de devenir la première banque internationale en France.

"Notre stratégie française, européenne comme mondiale est la même : nous aspirons à être dans le top 3 de toutes les zones géographiques du monde et sur tous les produits" Jérôme Morisseau

Comment avez-vous soutenu vos clients pour affronter la crise sanitaire ?

Pascal Bay. En mars 2020, nous sommes entrés dans un monde nouveau. Quand il faut faire face à une crise, l'argent liquide est roi. Où qu'elles soient dans le monde, les entreprises ont cherché dans un premier temps à sécuriser leurs liquidités. Nous les avons accompagnées pour y parvenir. Par ailleurs, un suivi quasi quotidien a été réalisé, notamment des marchés court terme et obligataires, afin de proposer une information en continu sur les possibilités d'accès. Enfin, un travail massif a été accompli pour centraliser l'information et prévenir la fraude qui a été d'autant plus importante comme tout le monde travaillait à distance. Pour finir, nous avons mobilisé notre bilan en augmentant nos prêts aux clients français d'environ 25% au cours des six premiers mois de 2020.

Laura Franco Sarto. La priorité de toutes nos équipes a été de travailler en étroite collaboration avec nos clients afin de les soutenir financièrement durant cette période de crise. Pour cela, de nombreux webinars ont été mis en place sur les sujets sensibles tels que la gestion des liquidités ou la cybersécurité tout en les aidant à assurer leur transformation digitale. Bank of America ayant commencé sa propre transformation numérique il y a dix ans, nous étions bien placés pour les aider. Chaque année, notre entreprise investit 10 milliards de dollars dans la technologie, et dans ce cadre, elle consacre environ 3,5 milliards de dollars aux nouvelles initiatives de développement.

J. M. Nous nous sommes adaptés afin que les équipes puissent continuer à accompagner nos clients sur leurs transactions avec la même efficacité qu'auparavant.

Effectivement, le premier sujet auquel nos clients ont dû faire face a été celui du financement. Au début de la crise sanitaire, l’activité s’est recentrée sur les marchés de capitaux. Nous avons participé à un nombre significatif d’opérations en matière d’émission de dette afin de sécuriser les liquidités des sociétés. Puis, le second semestre a été marqué par une véritable explosion des opérations de fusions-acquisitions et d’equity. Comme Pascal l'a mentionné, nous sommes également restés très actifs en matière de prêts bancaires pour soutenir nos clients durant cette période.

S. C. Contrairement aux crises précédentes, le marché est resté fermé très peu de temps. Les mois d'avril, mai et juin ont d’ailleurs été les plus actifs en termes d'émissions obligataires. L'expérience a montré que nous avons pu gérer autant de volume d'émissions, en travaillant à distance, que nous l'aurions fait physiquement. Forcément, cela amène à faire un pas supplémentaire en matière de dématérialisation des marchés.

"Avant la crise, l'augmentation de capital et l'utilisation d'instruments dilutifs étaient moins courantes, alors qu'aujourd'hui la solidité du bilan compte davantage" Pascal Bay

Quels sont les conseils les plus pertinents que vous avez eu l’occasion de prodiguer à vos clients ?

P. B. Le premier conseil a été de renforcer leurs liquidités. Les entreprises qui s'en sont le mieux sorties sont celles qui avaient anticipé en sécurisant leur trésorerie, avant même la mise en place des mesures gouvernementales. Une fois ce travail effectué, nous les avons encouragées à réfléchir au plus long terme en analysant la structure de leur capital et les instruments mis à leur disposition afin d’optimiser leur financement.

L. F. S. Nos conseils sur l'optimisation des financements ont d’ailleurs été largement suivis. Depuis le début de l'année, nous recevons de nombreuses demandes de propositions de la part de nos clients français de réaliser une réorganisation centralisée de leur gestion de trésorerie. L'avantage d'une banque globale comme la nôtre est d’avoir une vision intégrée sur tous les produits, sur tous les marchés et dans tous les grands pays.

"L'avantage d'une banque globale comme la nôtre est d’avoir une vision intégrée sur tous les produits, sur tous les marchés et dans tous les grands pays" Laura Franco Sarto

La crise sanitaire a-t-elle entraîné un recours accru à certains produits financiers ?

P. B. Sans aucun doute. Le marché des obligations convertibles a été particulièrement sollicité. Il a permis aux entreprises de secteurs en difficulté, comme l'hôtellerie, d’atteindre des conditions de coupon et de prime importantes pouvant aller jusqu'à 60-65 %. Il a aussi séduit les entreprises des secteurs résistants en leur permettant d’optimiser leurs coûts de financement et de profiter d’un marché particulièrement actif.

Par ailleurs, les sociétés ont accru leur recours au capital pour soutenir leur croissance. Certaines acquisitions importantes ont ainsi été financées par des augmentations de capital. Ces entreprises ont pu profiter d'un extraordinaire rallye boursier. Avant la crise, l'augmentation de capital et l'utilisation d'instruments dilutifs étaient moins courantes, alors qu'aujourd'hui la solidité du bilan compte davantage.

Enfin, les entreprises ont cherché à optimiser leurs coûts et à diversifier leur palette de financement. Cela s'est notamment traduit par l'augmentation de premières demandes de notation. Il s'agit d'un élément de protection supplémentaire qui octroie un accès plus large aux marchés.

L. F. S. Nous avons également constaté un intérêt accru pour les produits de financement de la chaîne d'approvisionnement au cours de cette période. Nos clients étaient particulièrement désireux d'obtenir des conseils sur leurs relations avec leurs fournisseurs afin d'assurer la continuité de leurs activités, notamment en raison du travail à distance.

S. C. Chaque année, de nouveaux thèmes émergent, ce qui est l'aspect le plus passionnant de notre activité. Actuellement, les SPACs sont la grande tendance. Toutefois, le recours à ce véhicule n'est pas qu’un simple effet de mode, mais une orientation qui pourrait s’inscrire dans la durée car il s’agit d’une opportunité supplémentaire de réaliser des transactions. Comme tout nouveau marché, il faut du temps pour l’établir et le véritable défi sera de le développer en Europe. Nous militons activement pour que la place de Paris devienne attractive dans ce domaine.

J. M. Nous assistons également à une explosion des introductions en Bourse. Elles concernent aussi bien les licornes que les grands groupes qui souhaitent coter des filiales afin d'optimiser les financements et le coût du capital. Le phénomène est également accentué par la tendance des SPAC.

"La crise a été un véritable accélérateur en matière d’initiatives ESG" Stéphane Courbon

Quelles sont vos ambitions ?

S. C. La crise a été un véritable accélérateur en matière d’initiatives ESG. Nos équipes dédiées n’ont jamais été plus débordées que depuis le début de la pandémie. Nous aurions pu penser que dans l’œil du cyclone, l’ESG ne soit plus la priorité de nos clients mais, au contraire, ils ont été plus que jamais attentifs à leur scoring.

Notre rôle a été de les accompagner dans cette réflexion. Nous sommes ainsi intervenus sur la plus grosse émission d’obligations convertibles vertes jamais enregistrée. En outre, d'ici à 2030, l’enjeu pour notre entreprise est de déployer 1 000 milliards de dollars dans le cadre de notre "Environmental Business Initiative". Cet engagement s'inscrit dans le cadre d'un objectif plus large de financement durable de 1 500 milliards de dollars, à des fins de transition environnementale et de développement social inclusif, couvrant des activités commerciales dans le monde entier. Ce sont des éléments essentiels de la stratégie de croissance responsable de Bank of America.

J. M. Notre stratégie française, européenne comme mondiale est la même : nous aspirons à être dans le top 3 de toutes les zones géographiques du monde et sur tous les produits. Nous comptons y parvenir en renforçant nos équipes pour débloquer certains marchés. Nous voulons aussi diversifier notre clientèle, travailler avec les licornes d'aujourd'hui et de demain, sur des transactions plus petites mais avec plus de volume. Une stratégie qui sera déployée progressivement sur plusieurs années.

Bank of America a beaucoup investi pour faire de la France l'un de ses deux hubs pour l’Union européenne et pour que nos clients aient accès à une gamme de services extrêmement large. L’équipe parisienne élargie de 450 personnes est habituée à travailler ensemble et avec nos collègues du monde entier pour répondre aux besoins de la clientèle. Pour nous, c'est la combinaison gagnante.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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