Banquière, écrivaine, énarque, Marguerite Bérard est tout cela à la fois. En 2019, elle prend les rênes de la banque de détail de BNP Paribas en France où, en pleine crise sanitaire, elle s’attache à poursuivre la transformation des métiers et à leur insuffler une nouvelle dynamique. Portrait d’une insatiable success woman.

Il paraît presque impensable qu’à seulement 43 ans Marguerite Bérard ait connu une vie professionnelle aussi dense qu’exemplaire. C’est à sa mère, banquière et conseillère de Jacques Chirac, que sa propre carrière semble rendre un hommage. Son héritage familial demeure profondément ancré chez cette personnalité hors du commun et lui inspirera même un livre Le Siècle d’Assia dédié à l’histoire de son grand-père, Emmanuel Genstein, juif né en Russie, et dont elle a très certainement hérité un trait de caractère : la persévérance.

Enarque intrépide

Derrière ses yeux bleus hypnotiques se cache une femme de pouvoir réaliste et pragmatique pour laquelle la discrimination positive n’est pas la véritable solution pour augmenter le nombre de femmes dirigeantes. Celle-ci se cache en amont, en incitant les femmes à candidater, à se mettre en avant et à soigneusement choisir leur entourage pour réussir. 

Cette combattante sait aussi choisir ses batailles et n’attendra pas sa sortie de l’ENA, au sein de la célèbre promotion Senghor où elle côtoie Emmanuel Macron pour faire parler d’elle. Non contente de se classer major, elle profite de "l’amphi garnison" pour remettre au directeur de l’école un brûlot d’une vingtaine de pages, signé par les membres de sa promotion, soulignant l’urgence de procéder à une réforme de l’institution. Durant toute sa carrière, elle entretiendra cette volonté d’être toujours en tête, en visant toujours plus haut et en brisant au passage le plafond de verre. On la dit à la fois ambitieuse et solaire, spirituelle et rigoureuse mais surtout remarquable et remarquée.

Le progrès en ligne de mire

Remarquée, elle l’a été dans le public, où elle a fait ses classes, comme dans le privé, où elle s’est épanouie. En 2012, à seulement 35 ans, elle retrouve à la direction du groupe BPCE François Pérol. C’est dans les arcanes du pouvoir, au sein même de la présidence de la République, qu’ils se sont connus et qu’ils ont vécu de près la déflagration de la bombe des subprimes. Une première occasion pour cette femme de caractère de prouver la finesse de ses analyses sur des dossiers sensibles dont le président du groupement bancaire saura se rappeler. Devenue sa numéro deux, elle applique la même ténacité et diplomatie pour faire évoluer la stratégie de l’institution bancaire jusqu’à faire passer sa triple notation en perspective positive. Avec une vision axée sur le collectif, elle encourage notamment la mise en place d’objectifs de parité dans le plan stratégique de la banque.

En 2012, à seulement 35 ans, elle retrouve à la direction du groupe BPCE François Pérol

À tout juste 40 ans, elle crée la surprise, alors que BPCE craignait de la perdre au profit de la direction générale de la CDC, c’est finalement BNP Paribas qui saura promettre à cette fonceuse le tremplin rêvé. En prenant la tête de la banque de détail en France et de ses 30 000 collaborateurs, celle qui est également administratrice de Scor et de Havas, se voit offrir la mission d’en conduire la transformation en insufflant une nouvelle dynamique. À peine un an après sa prise de fonction, son premier challenge de taille sera celui de la crise sanitaire, presque une opportunité pour cette adepte de la digitalisation. La banquière, qui salue l’accélération des tendances dans le comportement de ses clients, applique la même dynamique au sein de BNP Paribas. Renforcement des fonctionnalités de l’application mobile, déploiement de cartes biométriques, l’accélération de l’innovation est dans la ligne de mire de Marguerite Bérard.  

Béatrice Constans

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