Fondé en 1994, EQT Partners s’est imposé comme l’un des leaders mondiaux du non-coté. Avec 700 employés dans 17 pays à travers le monde et 50 milliards d’actifs sous gestion, le fonds suédois s’est implanté cet été en France et affiche des objectifs ambitieux présentés par Thomas Rajzbaum Managing Director, responsable de la France pour le fonds Infrastructure d’EQT.

Décideurs. Présentez-nous EQT Partners en quelques mots ?

Thomas Rajzbaum. Il s’agit d’une société suédoise fondée il y a plus de 25 ans sous l’impulsion de la famille Wallenberg, une grande famille industrielle suédoise, toujours actionnaire de la société cotée. EQT est particulièrement marqué par cet héritage nordique qui se perpétue aujourd’hui à travers sa raison d’être : accompagner les sociétés dans leur croissance en privilégiant un développement pérenne. Les sociétés que nous accompagnons doivent sortir de chez nous plus durables et mieux préparées à affronter l’avenir. Cela se ressent jusque dans notre nom "EQT" qui signifie équité.

Notre approche est thématique avec deux secteurs d’activité : Private Capital - Private Equity, Ventures, Public Value, Growth – et Real Assets – Infrastructure et Real Estate. Nous ne sommes pas un fonds de retournement et nous investissons toujours dans de belles sociétés en croissance en nous focalisant sur les grands thèmes d’investissement portés par les tendances sociétales.

Au-delà de votre héritage culturel, comment se matérialise votre engagement ESG ?

Nous nous engageons à ce que notre influence dépasse le simple apport de fonds et s’étende aux aspects sociaux. EQT était précurseur en la matière mais je constate aujourd’hui une réelle volonté des LPs et du marché d’évoluer vers un monde plus durable et de ne plus se focaliser sur une approche purement financière.

Nous avons par exemple lancé une facilité de crédit liée à des critères ESG pour financer nos acquisitions. Cela nous impose notamment des quotas de diversité au sein des conseils d’administration, et nous mettons en place de nombreux processus qui vont au-delà des recommandations. Dès mon arrivée en 2019, j’ai été agréablement surpris pas la sincérité d’EQT dans cette démarche ESG, et la volonté du management d’avoir un impact positif sur notre société.

"Né en Suède il y a une dizaine d’années, le fonds d’infrastructure d’EQT est aujourd’hui le troisième mondial"

Vous êtes en charge d’EQT Infrastructure en France, et vous êtes en train de lever un cinquième fonds avec un hard cap annoncé à 15 milliards d’euros, quels sont les objectifs de ce fonds ?

Né en Suède il y a une dizaine d’années, le fonds d’infrastructure d’EQT est aujourd’hui le troisième mondial. Malheureusement je ne peux pas commenter sur la levée de fonds en cours, mais notre précédent fonds, EQT Infrastructure IV, avait atteint 9 milliards d’euros. Notre vélocité d’investissement et notre croissance sont supérieures au reste de l’industrie, et l’on s’attend à ce que cette tendance continue.

Il ne s’agit pas d’un fonds d’infrastructure classique car nous avons développé une approche hybride, entre l’infrastructure et le private equity. Nous appliquons la boîte à outils du private equity à des sociétés plus résilientes et moins sensibles aux cycles économiques. Cette façon d’appréhender l’infrastructure est suffisamment ouverte pour faire évoluer ce qu’elle recouvre au fil du temps.

À titre d’exemple, EQT Infrastructure est aujourd’hui le plus gros détenteur de fibre optique au monde. Quand nous avons commencé à investir dans ce secteur, celui-ci n’était pas considéré comme un produit d’infrastructure alors qu’il est désormais devenu un actif standard. Ces dernières années, nous nous sommes employés à stabiliser ces actifs, les diversifier, les mondialiser et les développer pour en faire des actifs d’infrastructure. Idéalement, nous les revendons ensuite à des fonds dédiés qui ont un coût du capital plus faible que le nôtre.

Nous sommes un actionnaire engagé. À ce titre, il est important pour nous d’aider la société dans son développement tout en lui laissant les rênes de sa gestion. Ainsi lors de la mise en place du conseil d’administration, nous veillons notamment à ce qu’il ne soit pas seulement composé de financiers mais aussi d’anciens opérationnels qui connaissent bien le secteur.

Quelles sont les ambitions d’EQT en France ?

EQT s’est développé dans les pays nordiques, aux États-Unis et en Asie avant d’entrer en France. Cela témoigne d’une certaine prudence avant d’entrer sur un marché difficile d’accès pour des fonds étrangers.

À l’ouverture du bureau, nous étions une dizaine de professionnels, nous sommes déjà une quinzaine avec des objectifs forts de développement dans chacune de nos divisions et une activité déjà très soutenue. Côté infrastructure, nous avons investi dans Colisée, le leader Européen du secteur des Ehpad et de la dépendance, deuxième transaction en France après l’acquisition de la société de gestion de l’eau Saur en 2018. Le fonds de venture emmené par Rania Belkahia a par ailleurs annoncé fin décembre sa participation dans Luko, une très belle start-up française, dans le cadre d’un processus très compétitif. Ce n’est je l’espère que le début, car l’ambition d’EQT en France est extrêmement élevée.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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